Nous entrons dans l'action par le biais d'une période narrative comme dans un conte (vers1 à 9). La présentation des personnages est d'abord extérieure. On y voit d'abord que la belette et le lapin qui sont qualifiés par des termes « enfantins » tels que « Jeannot Lapin » ou « La dame au nez pointu ». Le ton est léger, le vocabulaire piquant et amusant. Ainsi, le chat inspire au poète des tournures à la fois solennelles et drôles : les vers 32 à 35 le définissent tour à tour comme « un dévot ermite » mais « faisant la chattemite » ; « Un saint homme de chat » : La Fontaine fait de « saint homme » une locution adjectivale figée qui produit un effet comique en mettant sur le même plan « homme » et « chat » (...)
[...] Aussitôt qu'à portée il vit les contestants, Grippeminaud, le bon apôtre, Jetant des deux côtés la griffe en même temps, Mit les plaideurs d'accord en croquant l'un et l'autre Ceci ressemble fort aux débats qu'ont parfois Les petits souverains se rapportant aux rois Du palais d'un jeune lapin Dame belette, un beau matin, S'empara: c'est une rusée. Le maître étant absent, ce lui fut chose aisée. Elle porta chez lui ses pénates, un jour Qu'il était allé faire à l'aurore sa cour, Parmi le thym et la rosée. Après qu'il eut brouté, trotté, fait tous ses tours, Jeannot Lapin retourne aux souterrains séjours. La belette avait mis le nez à la fenêtre. Ô Dieux hospitaliers ! que vois-je ici paraître? [...]
[...] C'était un beau sujet de guerre Qu'un logis où lui-même il n'entrait qu'en rampant! Et quand ce serait un royaume, Je voudrais bien savoir, dit-elle, quelle loi En a pour toujours fait l'octroi A Jean, fils ou neveu de Pierre ou de Guillaume, Plutôt qu'à Paul, plutôt qu'à moi. Jean Lapin allégua la coutume et l'usage. Ce sont, dit-il, leurs lois qui m'ont de ce logis Rendu maître et seigneur, et qui, de père en fils, L'ont de Pierre à Simon, puis à moi Jean, transmis. [...]
[...] Il caractérise la fable dès son début, avec le rejet externe du vers trois : s'empara (rapidité de l'action). Sémantiquement, ce verbe indique une action rapide, et elle est mise au premier plan par un effet d'attente sur trois vers, qui invite à une diction rapide (cela est renforcé par l'absence de ponctuation aux vers un et deux). L'agitation est le propre du Petit Lapin qui était allé faire à l'Aurore sa Cour ( ) après qu'il eut brouté, trotté, fait tous ses tours L'absence de conjonction de coordination dans ce vers, suggère la rapidité et la répétition des gestes du lapin. [...]
[...] Cependant, il est ébranlé par le discours carré de la belette, et se met à argumenter. Une parodie de justice Deux fables en une La belette trouble le lapin en détaillant la succession héréditaire, mais elle n'a qu'un seul argument : la remise en question de la loi de l'hérédité. Elle s'exprime par parallélismes : A Jean fils / ou neveu de Pierre / ou de Guillaume Plutôt qu'à Paul / plutôt qu'à moi Le Lapin repartit par la même construction : la coutume / et l'usage Rendu maître / et seigneur et qui de père / en fils L'ont de Pierre / à Simon puis à moi transmis Il invite même la belette à approfondir son argumentation mais le dialogue est coupe court avec l'intervention du chat. [...]
[...] La Fontaine se moque des faux dévots et des magistrats en mettant le Chat en scène. Dans les Fables, le Chat est hypocrite, c'est dans sa nature, c'est pourquoi il incarne les faux dévots (il en est de même dans d'autres fables comme Le Rat qui s'est retiré du monde) Jean Lapin allégua la coutume et l'usage. Ce sont, dit-il, leurs lois qui m'ont de ce logis Rendu maître et seigneur, et qui, de père en fils, L'ont de Pierre à Simon, puis à moi Jean, transmis. [...]
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