La condition politique pour Marcel Gauchet définit la condition humaine. Elle ne dépend d'aucune condition historique, même si les révolutions cherchent à la modifier. " Le " politique est invariable : " la " politique évolue et est modifiée au cours de notre histoire. L'auteur va alors s'appuyer sur l'évolution de la notion d'Etat, des sociétés dites primitives à notre époque post-moderne en passant par la création de l'Etat, le XVIème siècle et le libéralisme, afin de démontrer le caractère inchangé du politique, autrement dit de la condition politique.
Les sociétés primitives : l'auteur, fortement inspiré par les théories de Pierre Clastres, défend la thèse suivante : la non-existence étatique dans les sociétés primitives est une volonté des peuples qui remplace l'autorité d'un Etat par la religion : c'est le refoulement du politique au nom de la dette du sens (ce que les hommes pensent devoir aux instances invisibles et supérieures de la nature). En effet pour Marcel Gauchet, la religion n'est pas un refuge expliquant les énigmes de la nature que l'archaïsme technique de ces civilisations ne permet pas d'éclairer, mais une institution. Il y a une " extériorisation " de l'autorité qui permet d'éviter la domination de l'homme par l'homme. Une forme de cohésion et de justice sociale s'instaure alors.
La création de l'Etat : il s'agit du tournant majeur de l'histoire humaine vers 3000 ans av J.C. L'Etat acquiert les conditions institutionnelles de structure de domination. C'est le commencement d'un long processus de sécularisation dont l'évolution, malgré le choix de l'auteur de sectionner l'histoire selon de grands tournants, connaît une certaine continuité. L'Etat prend le relais de la religion en devenant sacré, et exerce la jonction entre l'au-delà et les hommes. La première étape est " l'unification divine " avec l'apparition des religions monothéistes (...)
[...] La première étape est " l'unification divine " avec l'apparition des religions monothéistes. Le second tournant majeur de notre histoire est la création de l'Etat moderne, tel que nous le connaissons aujourd'hui. Ce dernier se suffit à lui-même, et existe comme un concept à part entière, hors du religieux : le processus de sécularisation est abouti. C'est cette définition du politique qui permet d'envisager les révolutions qui ponctureront l'histoire moderne (post - XVIème siècle). Cela entraîne cependant une division sociale, puisque l'Etat va être dirigé par une petite élite humaine : des hommes vont donc soumettre les autres à une autorité sacrée. [...]
[...] MARCEL GAUCHET - LA CONDITION POLITIQUE La condition politique pour Marcel Gauchet définit la condition humaine. Elle ne dépend d'aucune condition historique, même si les révolutions cherchent à la modifier. " Le " politique est invariable : " la " politique évolue et est modifiée au cours de notre histoire. L'auteur va alors s'appuyer sur l'évolution de la notion d'Etat, des sociétés dites primitives à notre époque post-moderne en passant par la création de l'Etat, le XVIème siècle et le libéralisme, afin de démontrer le caractère inchangé du politique, autrement dit de la condition politique. [...]
[...] Que reste-t-il alors aujourd'hui du politique ? On pourrait penser que, dominer par la société qui s'est entièrement émancipée et par " la" politique, réduit à l'expression des intérêts des individus et à la protection de leurs droits, ce dernier a disparu. Pourtant il n'en est rien ! Il demeure en arrière-plan et garde son éternelle fonction constituante. Ainsi la politique explicite mobilise une structuration implicite du domaine collectif assuré par le politique. Mais ce modèle est en crise, comme l'a prouvé les dérives totalitaires. [...]
[...] Opposition et questionnement : Marcel Gauchet, ancien sympathisant, connaît parfaitement le marxisme. Son œuvre consiste à s'opposer à ce dernier : le moteur de l'histoire n'est pas l'économie, l'infrastructure de la société n'est pas le rapport de l'homme à sa condition matérielle comme le prétend Karl Marx mais la représentation que les sociétés ont d'elles-mêmes, au sein d'un grand processus de sécularisation. Se passer du politique est une illusion, l'homme participe à l'histoire née avant lui et qui se poursuivra au-delà de lui. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture