Pierre Corneille (1606-1684) est un dramaturge français. Ses pièces font surtout écho aux tournures du Grand Siècle et il y reflète les valeurs comme l'honneur et les grandes interrogations d'alors, sur le pouvoir, la guerre civile ou la lutte pour le trône.
Jusqu'à la période baroque, le théâtre est cantonné à la comédie et à la farce du Moyen-âge. Reprenant certains personnages de la commedia dell'arte, Corneille tente un renouvellement du théâtre par la tragi-comédie, genre théâtral baroque par excellence. Ainsi, il s'est illustré dans de nombreuses comédies, comme sa première oeuvre <em>Mélite (1629), La Place royale (1634) ou Le Menteur (1643)</em>, pièce qui inspirera les comédies de moeurs de Molière.
<em>L'Illusion comique</em> est une comédie en cinq actes et en vers, publiée pour la première fois en 1639 mais jouée en 1635-1636. Interprétée avec succès à sa création, la pièce tombe dans l'oubli au XVIIIe siècle ; le XIXe la redécouvre ; après une nouvelle éclipse, elle ne quitte pratiquement plus l'affiche depuis 1965. Elle s'écarte profondément des comédies que l'auteur a écrites jusque-là et représente un défi théâtral important, se situant à la rencontre de plusieurs genres théâtraux comme Corneille l'annonce lui-même dans l'Examen : « Le premier acte ne semble qu'un prologue, les trois suivants forment une pièce que je ne sais comment nommer... Le cinquième est une tragédie assez courte... Tout cela cousu ensemble fait une comédie. ». Présentée à l'époque comme une tragi-comédie, l'auteur, jouant pour la première fois d'une série de mise en abyme (créateur de ce procédé), fait en réalité l'éloge du pouvoir du théâtre, délivre un véritable plaidoyer pour les comédiens et plonge le lecteur-spectateur dans une intense réflexion sur la puissance et les niveaux de l'art dramatique (...)
[...] Certes Pridamant se lamente de voir son fils réduit à exercer cette profession, mais la pièce s'achève par une apologie du théâtre et des comédiens, défendus par Alcandre. Converti, Pridamant s'en va rejoindre son fils à Paris. II- Les personnages - Pridamant Il incarne un type de personnage traditionnel dans la comédie : celui du père autoritaire et du bourgeois méfiant à l'égard de la vie d'artiste, qu'il juge précaire et presque infamante. Père de Clindor, il est cependant réellement inquiet et désireux de retrouver son fils. [...]
[...] Cela permet à Corneille de s'amuser avec les genres pour mieux explorer les diverses options offertes par l'art dramatique. Ainsi, on évolue avec lui de la pastorale (les personnages dans la grotte) à la comédie, puis à la tragi-comédie et à la tragédie. De plus, à travers un personnage comme Matamore, le dramaturge souligne l'influence et à la fois l'impuissance de la parole et du langage. Les personnages jouent de l'illusion ; parfois ils sont crus par ceux qu'ils cherchent à tromper (Clindor et Isabelle), à d'autres moments ils ne dupent personne (Matamore). [...]
[...] Il revoit alors Isabelle et Clindor, qui se sont mariés en Angleterre, complètement métamorphosés : dans le jardin d'un palais, Isabelle est habillée en princesse et confie à sa servante les tourments de son couple. Clindor a rendez-vous avec la princesse Rosine. Lorsqu'il s'y rend, il prend Isabelle pour Rosine et lui déclare son amour par mégarde. Furieuse, son épouse lui reproche son infidélité. Mais il lui réaffirme son amour, avouant ne pouvoir résister à la princesse Rosine, et fait l'éloge de l'infidélité. Isabelle craint la réaction et la colère du prince Florilame, époux de la princesse Rosine. [...]
[...] Le personnage connaît une véritable évolution intérieure qui finira par le convertir à l'amour pour Isabelle. Ce goût de la métamorphose, professionnelle et privée (il joue au soupirant cynique auprès de Lise), le conduit tout naturellement au métier de comédien : le théâtre sauve Clindor de lui-même en lui permettant de concilier son goût du changement et les nécessités de la vie sociale, de se réconcilier avec les autres, pour son plus grand bonheur et celui de la société tout entière, qui l'applaudit. [...]
[...] La contestation de la règle des trois unités Voici un étrange monstre écrit Corneille dans sa Dédicace. L'Illusion s'apparente à cet animal fabuleux de la mythologie, en ce sens qu'elle mêle et entremêle plusieurs genres dont elle constitue une revue. Cependant, on a beaucoup reproché à Corneille de ne pas respecter dans cette pièce la règle des trois unités (de temps, de lieu et d'action) déterminée par le théâtre classique. La multiplication des intrigues rend la lecture difficile d'un point de vue des règles établies et les dédoublements sont nombreux, se défiant des règles au profit de la liberté dramatique. [...]
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