- Pridamant
Il incarne un type de personnage traditionnel dans la comédie : celui du père autoritaire et du bourgeois méfiant à l'égard de la vie d'artiste, qu'il juge précaire et presque infamante. Père de Clindor, il est cependant réellement inquiet et désireux de retrouver son fils. Il accepte de pénétrer dans la grotte du magicien et, mis dans la position d'un spectateur, se laisse aisément bercer d'illusions. Au fil des émotions (crainte, désespoir et émotion), il évolue jusqu'à se défaire de ses préjugés et approuver la vocation de son fils.
- Alcandre
Magicien qui, comme ses confrères mages, devins ou druides, a percé les secrets de la nature : il sait tout et peut tout. Son pouvoir ne cesse de grandir dans la pièce : il peut non seulement animer des « spectres parlants », mais parvient également à manipuler et illusionner Pridamant et les spectateurs. Ayant deviné les préjugés de Pridamant à l'égard du théâtre et du métier de comédien, il le soumet à une expérience « théâtrale » pour lui faire ressentir et reconnaître les bienfaits du théâtre. Sous le masque d'Alcandre, Corneille se livre à une défense et une illustration de son propre métier.
Enfin, c'est un personnage qui relève de la tradition précieuse et baroque : grâce à son caractère magique, il représente l'instabilité, thème cher à l'esthétique de ce mouvement. Il vient de la tradition littéraire du druide Adamas (roman pastoral L'Astrée, Honoré d'Urfé), qui aidait et éclairait Céladon, désespéré d'avoir perdu sa belle Astrée.
- Clindor
Fils de bonne famille, Clindor est d'un naturel trop indépendant pour supporter les monotonies d'une vie rangée. S'enfuyant très tôt de chez lui, il exerce divers métiers, parfois aux frontières de la marginalité. C'est le type même du héros picaresque, instable, versatile et amoral. Il est le suivant du Capitan et l'amant d'Isabelle. Le personnage connaît une véritable évolution intérieure qui finira par le convertir à l'amour pour Isabelle. Ce goût de la métamorphose, professionnelle et privée (il joue au soupirant cynique auprès de Lise), le conduit tout naturellement au métier de comédien : le théâtre sauve Clindor de lui-même en lui permettant de concilier son goût du changement et les nécessités de la vie sociale, de se réconcilier avec les autres, pour son plus grand bonheur et celui de la société tout entière, qui l'applaudit (...)
[...] Les plaisirs sont plus grands à se voir moins souvent ; La femme les achète, et l'amante les vend ; 35 Un amour par devoir bien aisément s'altère ; Les nœuds en sont plus forts quand il est volontaire ; Il hait toute contrainte, et son plus doux appas Se goûte quand on aime et qu'on peut n'aimer pas. Seconde avec douceur celui que je te porte. LISE 40 Vous me connaissez trop pour m'aimer de la sorte, Et vous en parlez moins de votre sentiment Qu'à dessein de railler par divertissement. Je prends tout en riant comme vous me le dites. [...]
[...] Isabelle et Lise se retrouvent alors seules. Le geôlier survient et annonce que tout est prêt pour faire évader Clindor. Dans sa cellule, ce dernier se désole quand le geôlier vient l'aider à s'enfuir en le confiant à ses bourreaux, Isabelle et Lise. Alcandre interrompt le récit à ce moment : il va évoquer des fantômes nouveaux Pridamant est soulagé. Deux ans plus tard, lorsque l'illusion reprend, Clindor et Isabelle ont atteint un haut degré d'honneur Acte V Alcandre insiste pour que Pridamant ne quitte pas la grotte. [...]
[...] Son langage précieux (sages, vers 11 ; esprit, vers 15) et la prétérition (figure de rhétorique par laquelle on feint d'omettre des circonstances sur lesquelles en réalité on insiste) sans sujet (vers 13) vont alors servir le badinage avec : - un éloge de la beauté de Lise. Conventionnel, il fait intervenir le champ lexical de la séduction, avec surtout une accumulation d'expressions laudatives : L'esprit beau, prompt, accort, l'humeur un peu railleuse, / L'embonpoint ravissant, la taille avantageuse, / Les yeux doux, le teint vif et les traits délicats (vers 15 à 17). [...]
[...] L'Illusion s'apparente à cet animal fabuleux de la mythologie, en ce sens qu'elle mêle et entremêle plusieurs genres dont elle constitue une revue. Cependant, on a beaucoup reproché à Corneille de ne pas respecter dans cette pièce la règle des trois unités (de temps, de lieu et d'action) déterminées par le théâtre classique. La multiplication des intrigues rend la lecture difficile d'un point de vue des règles établies et les dédoublements sont nombreux, se défiant des règles au profit de la liberté dramatique. [...]
[...] Corneille, L'Illusion comique, Acte V scène 5 ÉTUDE ANALYTIQUE Introduction La scène 5 de l'acte V est singulière à plus d'un titre. D'abord, au niveau de l'écriture : en 1633, lors de la première écriture de la pièce, elle constituait la scène finale (Éraste tuait notamment Clindor dès le début et Isabelle mourrait à la fin). Mais aussi dans sa représentation scénique, puisqu'elle a été représentée dans ces deux versions. Enfin, scène charnière, elle permet le retour de la pièce dans le genre de la comédie. [...]
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