Lors de la publication, en 2000, de L'événement, c'est en ces termes qu'Annie Ernaux explique son projet : « Il s'agissait de replonger dans ce temps-là, dans cet être que j'ai été, dans cet événement. Je n'étais jamais descendu jusqu'au fond de ce qu'il avait été pour moi. Si j'écris, c'est pour sauver ce qui a eu lieu, le faire exister par l'écriture, essayer de comprendre, explorer ce que j'ai vécu sans le connaître . » Dès lors, l'oeuvre s'engouffre dans une triple exploration : celle de l'époque qui structure l'événement (le début des années 1960), celle de la personnalité de la narratrice et, enfin, l'événement lui-même, en tant qu'« expérience humaine totale, de la vie et de la mort, du temps, de la morale et de l'interdit, de la loi, une expérience vécue d'un bout à l'autre au travers du corps . » (...)
[...] Je n'étais jamais descendu jusqu'au fond de ce qu'il avait été pour moi. Si j'écris, c'est pour sauver ce qui a eu lieu, le faire exister par l'écriture, essayer de comprendre, explorer ce que j'ai vécu sans le connaître[1]. Dès lors, l'œuvre s'engouffre dans une triple exploration : celle de l'époque qui structure l'événement (le début des années 1960), celle de la personnalité de la narratrice et, enfin, l'événement lui-même, en tant qu'« expérience humaine totale, de la vie et de la mort, du temps, de la morale et de l'interdit, de la loi, une expérience vécue d'un bout à l'autre au travers du corps[2]. [...]
[...] 40-41. Ibid., p Ibid., p. 45-46. Annie Ernaux, L'Evénement, Gallimard p. 169-170. Ibid., p. 81-82. Ibid., p Ibid., p Ibid., p. [...]
[...] Elles sont liées les unes aux autres par ce que l'auteure nomme une chaîne invisible[14]. Un des maillons important de cette chaîne est donc le Je textuel qu'Annie Ernaux qualifie de transpersonnel et que nous stigmatiserons nous de générationnel sorte de prisme pluriréférentiel qui laisse s'exprimer les voix des autres à travers la sienne. L'entrelacement du corps et du texte, du corporel et du scriptural mis en relief par la dimension multiple de l'expérience vécue (pour soi/pour les autres, avec soi/avec les autres) fait de l'avortement le point d'ancrage d'une réalité passée et collective. [...]
[...] Depuis 1975 et la loi Veil, on tend à faire de l'avortement un acte strictement médical. On se moque de ce que pense la femme, de ce qu'elle ressent [ ] Alors que c'est par milliards et dans le monde entier que des avortements eurent lieu. Pendant des siècles des femmes ont dû passer par ce genre d'épreuve sans que personne ne soit ému, ne l'écrive, ne le peigne[3]. L'expérience de l'avortement, chez Ernaux, est d'ailleurs directement rattachée à l'époque dans laquelle elle se déroule, époque à l'origine même de la décision de l'écriture : Depuis des années, je tourne autour de cet événement de ma vie. [...]
[...] Ancienne militante de Choisir et du Mouvement de libération de l'avortement et la contraception (le MLAC), Annie Ernaux rappelle d'ailleurs, dès les premières pages de l'œuvre, le texte juridique qui punissait les pratiques abortives (emprisonnement, amende, déshonneur), replaçant dans un contexte précis l'événement ici exploré. La présence de l'autre est par ailleurs soulignée, tout au long du texte, par la mise en place de citations qui montrent toute l'extériorité de l'expérience vécue. Textes de lois ouvrant l'œuvre, remarques désobligeante d'un chirurgien J'ai supplié le jeune chirurgien de me dire ce qu'il allait me faire. [...]
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