Paul Krugman, "L'Amérique que nous voulons"

Résumé du document

KRUGMAN est né en 1953. Il dénonce les injustices de l'Amérique. L'Amérique d'après-guerre était d'abord une société de classe moyenne. Et, cela grâce à la grande ascension des salaires inaugurée par la Seconde Guerre mondiale. Les riches, eux, avaient régressé. Les pauvres étaient plus nombreux que les riches (fort peu de riches) mais, ils constituaient malgré tout une minorité assez réduite. La plupart des Américains vivaient dans des conditions matérielles assez homogènes et tout à fait décentes.

Les républicains n'essayaient plus de démanteler les acquis du New Deal. Un certain nombre ont même soutenu Medicare (système universel d'assurance maladie pour les personnes âgées créé par l'administration Johnson en 1966). Avant la guerre, il y avait de grandes inégalités aux Etats-Unis. Cependant, dans les années 1980, les économistes se sont mis à enregistrer une forte hausse de l'inégalité.

De plus en plus, « démocrates » et « républicains » devenaient respectivement synonymes de « libéral » et « conservateur ». L'histoire américaine moderne a donc parcouru deux grands axes (...)

Extraits

[...] Ce qu'on fait les années 1960 Les années 1960 ont été celles des hippies et des étudiants révolutionnaires, de la guerre et des manifestations. Ce qui a pesé le plus lourd à long terme, c'est la rupture de la coalition du New Deal sur la question raciale. Le Sud était au parti républicain, d'après Johnson, après le vote du Civil Rights Act. Cette fracture a ouvert la porte à une politique de type nouveau. Le basculement de la politique raciale a permis à une force conservatrice rénovée, dont l'objectif ultime était de renverser les acquis du New Deal, de gagner des élections nationales. [...]

[...] La France a un système d'assurance de base qui couvre tout le monde : il est comparable à Medicare. Les assurés sont aussi encouragés à souscrire des complémentaires santé, pour se faire rembourser une proportion plus élevée que leurs frais médicaux : elles sont comparables aux assurances complémentaires que beaucoup de personnes âgées aux Etats-Unis ajoutent à Medicare. Enfin, les démunis reçoivent des versements qui les aident à payer la complémentaire, de la même façon que Medicaid vient en aide à des millions d'Américains âgés. [...]

[...] A la différence des autres pays avancés, les Etats-Unis n'ont pas d'administration centralisée qui négocie avec les compagnies pharmaceutiques le prix des médicaments. Donc, alors qu'ils consomment en fait moins de médicaments par personne que le pays étranger moyen, ils les paient beaucoup plus cher. Le système d'assurance maladie privé n'a pas intérêt à financer la médecine préventive car il n'en reçoit pas de bénéfice (dans le futur, des personnes peuvent changer de compagnies d'assurance ou être protégées par le public (Medicare, Medicaid)) alors que le système d'assurance maladie public a intérêt à financer la médecine préventive pour limiter les dépenses dans le futur. [...]

[...] D'où un taux de chômage élevé chez les Noirs urbains alors que l'économie était en pleine expansion. Et ce manque d'emplois dans les centres-villes, comme l'a soutenu William Julius Wilson a probablement contribué à nourrir une culture de la destruction. Les policiers étaient violents envers les Noirs. Mais, pourquoi entre 1964 et 1968, cette violence a-t-elle provoqué des révoltes gigantesques ? Celles-ci se sont majoritairement produites en-dehors du Sud. Leur absence dans le Sud s'expliquait probablement par la rigueur du contrôle social. [...]

[...] En tant que nation, nous sommes devenus beaucoup plus racistes. En tant que force politique puissante, le conservatisme de mouvement n'existe qu'aux Etats-Unis. La raison principale qui a permis à ses adeptes de prospérer en Amérique tandis qu'ils sont marginalisés au Canada et en Europe, c'est la tension interraciale que nous a léguée l'esclavage. Si on relâche un peu cette tension, l'Amérique ressemble davantage aux autres démocrates occidentales, où le soutien à l'Etat-Providence et aux politiques limitant l'inégalité est beaucoup plus fort. [...]