Introduction :
Philippe Lejeune définit l'autobiographie comme un genre dont l'auteur, le narrateur et le personnage sont une seule et même personne. Il ajoute que l'autobiographie comporte un souci de vérité qui la distingue de la fiction romanesque.
Problématique : Enfance s'inscrit-il dans les canons du genre ou acquiert-il une dimension personnelle ?
Plan : possédant à la fois des traits communs avec l'autobiographie et des traits particuliers, cet ouvrage peut se rapprocher d'autres genres.
[...] Plan : possédant à la fois des traits communs avec l'autobiographie et des traits particuliers, cet ouvrage peut se rapprocher d'autres genres. Une autobiographie classique Respect du pacte autobiographie Nathalie Sarraute donne la parole à une narratrice qui retrace à la première personne les souvenirs du personnage de Natacha, l'enfant que fut l'auteur. Un souci de vérité apparaît à différentes reprises. La narratrice s'efforce de reconstituer le point de vue de l'enfant, elle relate seulement les événements qu'un enfant peut percevoir. La chronologie n'obéit pas à une logique narrative. Elle avoue parfois ne pas se souvenir. [...]
[...] Selon elle il faut reconstituer ce flou de la conscience enfantine, hors de la temporalité adulte. L'auteur refuse la forme traditionnelle du récit. Enfance n'est donc pas totalement une autobiographie. Différentes techniques sont utilisées pour rompre la temporalité : la fragmentation du texte en courts passages, l'absence de liens de cause à effet. Un monologue à deux voies Un aspect original du livre est cette forme dialoguée, la voix narrative se double d'une vois critique qui émet des réserves sur le projet d'écriture, affirme qu'une vigilance est nécessaire. [...]
[...] Ce contrôle se transforme parfois en soutien : allons, fait un effort c'est bien, continue Refus du récit de vocation Enfance aurait pu décrire la trajectoire de Nathalie Sarraute, la découverte de son amour pour les lettres, au lieu de cela, le texte se refuse d'attribuer à l'enfant un quelconque don en littérature, de chercher la trace d'une vocation. Quand l'enfant s'essaie à l'écriture, ces essais sont ramenés à leur juste valeur : avant de se mettre à écrire un roman, il faut apprendre l'orthographe. À l'inverse du don, l'écriture s'inscrit dans une forme de normalité : l'apprentissage précède la pratique. Le travail d'écriture se ramène à autre chose que la création. L'écrivain refuse de considérer l'enfant comme une miniature de ce que sera l'adulte. Nathalie Sarraute récuse ainsi toute idée de vocation. [...]
[...] La forme dialoguée se rapproche de l'écriture théâtrale. Une écriture poétique Certains passages du texte ne semblent pas reliés au contexte du récit : le blanc typographique qui les entoure les sépare de toute insertion narrative. Or, cette clôture sur soi, cette autonomie sont des critères permettant de définir le poème, et ici le poème en prose. Par exemple : la scène d'extase au jardin du Luxembourg ou le souvenir des vacances près de l'Isère sont coupés de tout contexte, relatés dans des textes autonomes. [...]
[...] Par exemple, elle avoue avoir oublié la présence de sa mère dans sa maison natale. Le double ironise. p.43 Un portrait sincère Il n'y a pas de volonté d'idéaliser l'enfant ni de dramatiser l'enfance. En effet, certaines scènes paraissent banales : la peur du tableau, les scènes de manèges, les souvenirs de poupées ce sont des événements que chacun a vécus. Les souvenirs ne présentent pas toujours l'enfant sous un jour favorable. L'enfant apparaît tantôt comme capricieuse et difficile : à l'hôtel avec son père, elle refuse de manger, elle lacère un fauteuil avec des ciseaux, vole des bonbons dans un magasin et tantôt comme une enfant comme les autres : la banalité des anecdotes la présente comme une enfant normale, cela garantit la véracité du récit. [...]
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