Paru en 2006, le roman de Yasmina Khadra, Les sirènes de Bagdad, demeure d'une tragique actualité, à l'exemple de certaines oeuvres de ce même auteur, notamment L'attentat et Les hirondelles de Kaboul, autres pièces de ce puzzle qu'est le divorce entre l'Orient et l'Occident, que l'on a pu aussi nommer le choc des civilisations.
Yasmina Khadra n'est pas un spécialiste de la géopolitique. Il est écrivain, un homme qui écoute ses contemporains, leurs blessures, leurs doutes et leurs espoirs. Cet auteur algérien, qui a toujours écrit en français, sait aussi naviguer entre les cultures, les comprendre, en expliquer certains traits pour les rendre plus intelligibles, pour défendre malgré tout un respect de la différence à défaut d'une compréhension mutuelle (...)
[...] D'autres personnes sont capables de dépasser ses limites, de voir l'universel au-delà des différences, de voir la vie dans le sourire d'un enfant, le bonheur dans la promesse d'une nouvelle vie Ce sont des poètes souvent, à l'exemple de Kadam, le joueur de luth. Ce sont aussi des gens ordinaires, enfin capables quand cela est nécessaire, d'ouvrir les yeux, à l'exemple du personnage principal en fin du roman. Mais l'intellectuel est un hérault, une voix capable de défendre une idée et plus fondamentalement une existence. Il est la parole qui donne du sens, celle qui mobilise, qui donne le courage d'agir. Il revêt donc une importance capable pour l'ensemble des camps. [...]
[...] Les dernières œuvres En 2008, Yasmina Khadra renoue avec l'Algérie. Les aventures du commissaire Llob sont rassemblées sous un même titre : le quatuor algérien La même année, avec ce que le jour doit à la nuit il raconte son pays pendant la période coloniale autour d'un amour impossible. C'est un nouveau regard sur son pays, une mise en perspective qui éclaire sans doute ses premières œuvres, avec toujours cette lucidité et ce même amour pour cette terre qui l'a vu naître. [...]
[...] Yasmina Khadra dresse un portrait effrayant de cette ville fantomatique, de ses ombres qui s'entretuent. La description met d'autant plus mal à l'aise que le parallèle est dressé, même si les protagonistes refusent de le faire, avec la ville avant : une perle de l'Orient, riche de l'ancienneté de sa culture, de la beauté de ses chants et traditions. Une civilisation très ancienne s'est développée sur les rives du Tigre et de l'Euphrate. Longtemps, ce qui est l'Irak aujourd'hui a été un Empire puissant. [...]
[...] L'horreur de la guerre Dans les sirènes de Bagdad la guerre entre en scène progressivement, en raison probablement de l'éloignement du village. Il y a déjà le simple du village qui se fait tuer à un barrage, une bavure due à une peur réciproque et à l'incompréhension face à son comportement. La bombe qui tombe sur la noce, à quelques kilomètres du village, constitue une nouvelle erreur, avec peut-être un niveau supplémentaire dans l'horreur. Les victimes sont nombreuses et ce sont essentiellement des femmes et des enfants. [...]
[...] Chacun a sa place, y compris l'idiot du village, qui est sans doute son porte-bonheur. Yasmina Khadra dresse une série de portraits à la fois ordinaires et surprenants, mais toujours très vrais, à l'exemple de ce joueur de luth qui passe l'essentiel de son temps à rêver, à écouter de la musique et à en composer. Lorsque l'idiot du village se blesse et est abattu par des Américains à un barrage alors que ses proches le conduisaient à l'hôpital, tout commence à dérailler. Les esprits s'échauffent et des jeunes partent se battre contre l'envahisseur. [...]
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