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L'art apparaît aussitôt qu'il y a société humaine. C'est une caractéristique universelle de l'humanité. Dire cela implique que l'art n'est pas superflu ou gratuit mais est un fondement social. Il y a une demande de la société qui réclame des individus créatifs pour certains besoins notamment économique. L'art ne pourrait prendre ce rôle si la société ne le désire pas. Or la société a précédé l'école. Pour Philippe Pujas et Jean Ungaro il y aurait une véritable volonté politique éducative à reprendre ce principe social. D'ailleurs, les entreprises et la sphère économique et marchande empruntent la langue de l'esthétique et ses valeurs. Dans ce nouvel esprit du capitalisme de Boltanski, une septième Cité apparaît, celle par projet. Ce que Kerlan appelle aussi la Cité inspirée (ou artiste) qui est une Cité de créativité et authenticité. L'art a donc aussi des liens matériels fondamentaux dans la société. Il est à la fois un loisir mais il est aussi et surtout engagé dans notre état d'être social, de créature politique.
En quoi l'art est-il donc aujourd'hui un besoin assez puissant pour qu'il prenne la forme d'une exigence éducative et sociale ?
Selon Alain Kerlan, le passage de la science aux arts et à la culture à l'école répond à une exigence et une crise. Ca devient une injonction. Il y a une place grandissante des arts et des pratiques culturelles dans le champ de l'école, des politiques, des pratiques culturelles en matière d'éducation, de formation, de prévention. Preuve avec le relevé des discours et des dispositifs qui ont augmenté. Il constate en premier lieu les évolutions, les changements dans ce domaine rendant compte d'un nouveau modèle, celui de l'esthétique. Ce constat appuierait une thèse philosophique et pédagogique : l'art et l'esthétique seraient les bases d'une nouvelle fondation, d'une refondation ou d'un idéal éducatif pour l'éducation. C'est un projet spéculatif, c'est-à-dire que ce n'est qu'au stade de l'hypothèse. La reprise éducative des savoirs tente de s'accomplir aujourd'hui dans le modèle esthétique (...)
[...] Il faut aujourd'hui leur redonner une signification grâce aux valeurs esthétique. La culture permettrait donc l'unification et l'intégration des individus grâce à des significations communes. Ces significations peuvent être multiples tant qu'il y a des significations et qu'elles sont assumées et partagées. Pour les tenants de cette théorie, ce modèle est en train de se mettre en place et laisse apparaître un paradoxe à résoudre : il y a une espérance éducative dans les activités artistiques (à travers son ampleur et sa diversité) qui relance l'idéal éducatif. [...]
[...] Il faut un équilibre entre les deux. L'art et l'esthétique doivent permettre cela : réconcilier l'esprit et le sens, pour l'unité humaine, en enrichissant les deux parts. Kant avait déjà émis ce propos : le beau concilie les intérêts de la sensibilité et les lois de la raison La liberté s'inscrit donc au sein de la vie sensible. Ici la science n'est qu'une partie de l'être, l'art doit amener l'humain à se concilier pour une liberté réelle. Seulement la modernité est loin de cela, au contraire elle aggrave la situation. [...]
[...] C'est un projet spéculatif, c'est-à-dire que ce n'est qu'au stade de l'hypothèse. La reprise éducative des savoirs tente de s'accomplir aujourd'hui dans le modèle esthétique. Refonder signifierait redonner du sens à l'école (selon Michel Develay). Le sens était réduit à l'utile jusqu'à présent. Aujourd'hui l'art l'élargirait à la réappropriation des savoirs enseignés de manière certes utiles mais surtout subjective, personnelle et culturelle. Comte affirmait déjà cette réappropriation subjective mais la science a échoué à le faire. En pratique la part accordée à l'art est bien en deçà des discours affichés. [...]
[...] L'utopie c'est l'abandon de toutes limites, l'idée d'un monde entièrement réconcilié, les contradictions seraient résolues, on serait sur le chemin de la perfection. L'art nourrirait cette utopie. L'art serait l'absolu, répondrait à la question de l'être et de la vérité, il donnerait le sens dans un monde désenchanté et ainsi permettrait l'unité. Comment cela se manifeste dans l'école ? On éduque au jugement, jugement selon l'émotion, le plaisir, (entre contemplation et sémiotique selon Joly). On aiguise le regard et la curiosité. On contemple, on apprend à lire l'œuvre d'art, à dire pourquoi on l'aime. [...]
[...] Le régime esthétique de l'éducation en serait une. Pourrait-elle être la dominante ? Les positivistes sont d'accord avec l'idée qu'il y a une faille dans le modèle scientifique et qu'il y aurait une nécessité croissante à recourir aux sentiments, aux images, aux formes symboliques, au nom des sciences. C'est ce qu'ils appellent l'écologie de l'éducation. Est-ce à dire que le positivisme de Comte renie le paradigme de la science ? Non, au contraire, la science reste première et avec leur théorie, les positivistes cherchent à la réparer grâce au développement de l'éducation artistique et des pratiques culturelles. [...]
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