"-Est-ce que tu sais pourquoi Moïche il a ipouse une goy (une étrangère) ?" Telle est la première question qu'Isaac Goldman, avec son accent juif polonais, posa à Patrick Levy. C'est à Belleville qu'ils se rencontrèrent, dans la librairie Tiffilim, aujourd'hui fermée. Patrick Levy lui demanda de lui enseigner le judaïsme, mais celui-ci ne s'enseignant pas, Rabbi Isaac lui proposa de l'étudier ensemble. Il devint ainsi son "maître juif" d'adoption l'introduisant à la Kabbale afin d'avoir une nouvelle vision du monde. L'étude de la Kabbale n'est possible que lorsque l'on manifeste le désir d'être acteur, en participant et se mettant en danger, c'est pour cela que cette étude se fait par l'intermédiaire de questions semblant parfois anodines, mais qui mènent toutes à des questions existentielles fondamentales. Patrick Levy appelait Isaac Goldman, Rabbi, bien que ce ne fût pas un rabbin au sens strict : il n'était pas prêtre dans la religion juive. Il n'avait pas suivi d'étude au séminaire, mais avait étudié dans une yéshiva, un centre d'étude, à Varsovie. De nature modeste, Rabbi Isaac considérait toute rencontre, toute situation propice à l'évocation d'une michnah, un enseignement spécifique issu de recueil formant la Loi orale. Pour Rabbi Isaac tout était sujet à interprétation et par conséquent au doute. Afin de satisfaire son doute systématique, il étudiait sans fin la Torah, prônant la liberté au-delà de la pratique juive traditionnelle. Il distingue deux Dieux : le Dieu-des-croyants, tout puissant, et le Dieux-sans-nom-et-sans-qualité se révélant comme étant infini, indéterminé, qui est au cœur de son étude.Rabbi Isaac remplace le nom de ce Dieu, YHVH, par Hachem, qui signifie "le Nom" et "Infini" peut aussi remplacer YHVH.
[...] Le mot Kabbale signifie tradition, mais Kabbale (Qobel) signifie aussi bélier en hébreux. Ainsi, selon la métaphore de Rabbi Isaac, la Kabbale enfonce les portes fermées du "palais de la sagesse", elle invite donc à découvrir l'enseignement secret :"l'âme de la Torah". La légende dit que Moïse reçut la Kabbale avec la Torah sur le mont Sinaï. La Torah fût écrite mais la Kabbale fût transmise à l'oral, de bouche à bouche (phé el phé), comme un baiser. Pour ne pas se perdre dans l'interprétation de la Torah, il faut s'appuyer sur le chemin déjà entreprit par d'autres et poursuivre la route ou tracer de nouveau passage, afin de découvrir de nouvelles perspectives. [...]
[...] La souffrance a-t-elle un sens ? Dieu est-il à la fois juste et omnipotent ? Telles sont les questions que posent Job et la shoa. La grande différence qui existe entre Job et la shoa réside dans le fait que les déportés qui ne sont pas revenus n'ont pas vu leur vie prolongée, ils sont morts et le nom de certains a même été oublié. Les personnes mortes de la shoa sont les fils de Job dont on ne parle jamais. [...]
[...] Il est dit dans le Zohar . Lorsque l'on décompose le mot Elohim en deux syllabes, on obtient éléh, Cela, qui désigne la création, et ym, qui écrit à l'envers donne mi, qui. Elohim est l'association de Cela, un objet est de Qui, enfouit dans le nom Elohim. Qui amène à la question Qui suis-je ? Il s'agit du sujet du questionnement, et Quoi (Cela) est l'objet de ce questionnement. L'homme ne sait pas qui il est, et Dieu non plus, c'est pourquoi il vaut mieux répondre à la question par "je serai", en utilisant l'inaccompli. [...]
[...] se demande Patrick Levy. Par un processus de questionnement, on comprend que si l'on mange, c'est parce que l'on désir manger, mais on se rend compte que l'on aspire à de nombreux autres désirs comme celui de l'amour qui amène à la conclusion que derrière tous nos désirs, se cache le désir de vivre, ce désir d'être existe avant la naissance et il est la cause de celle-ci. Selon Patrick Levy, celui qui étudie la Kabbale se risque à devenir un athée, mais un athée instruit, ce qui est différent de l'athée ignorant qu'il était lui-même avant cette étude puisqu'il ne savait pas en quel Dieu il ne croyait pas. [...]
[...] C'est donc en nommant et parlant que la création se fit. Cette théorie sur les lettres qui ont créé l'univers provient de la poésie kabbaliste. Que le monde ait été créé ou non avec des lettres, celles-ci expliquent clairement la création. Ainsi, cette métaphysique de l'être, bien que n'étant pas scientifique semble cohérente. Les kabbalistes ont observé au-delà de la ligne qui unie la terre et le ciel, et derrière cet Un, ils ont découvert que l'Infini, jailli du néant s'est interrogé sur sa propre limite. [...]
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