Le livre que nous allons présenter témoigne bien de la liberté d'esprit du personnage. En effet avant de rentrer dans l'analyse précise de La faute aux élites publié en 1997 chez Gallimard, on peut être surpris de sa dureté avec la gauche tout au long des pages. D'un autre côté on peut trouver salutaire qu'un véritable homme "de gauche" soit capable de pointer du doigt les carences et les erreurs du parti socialiste depuis les vingt dernières années (...)
[...] C'est la naissance de l'Ecole Nationale. Je tiens ici à défendre l'ENA car elle fut et reste un instrument de démocratisation de la haute administration depuis la libération. Cette élite politico administrative fut triomphante dans les années 60. Malheureusement, à partir des années 80-90 tout a changé, comme si le poisson avait pourri par la tête : l'argent, symbolisé par le pantouflage des énarques, a pris le pas sur le service de l'intérêt général. La gangrène des élites avait commencé. [...]
[...] Il semblait inéluctable que le peuple se retourne contre ces élites dégénérées. - Pourquoi affirmez-vous qu'en même temps d'une coupure élite/peuple s'opère une fracture peuple progrès ? Pour atteindre le progrès il faut être progressiste or le peuple ne veut plus l'être. Aujourd'hui le progrès ne s'accompagne plus d'un mieux social pour lui : il devient conservateur acharné des quelques acquis issus des trente glorieuses. Mais vous savez, on devient conservateur par inquiétude Le peuple craint l'immigration et l'insécurité grandissante. [...]
[...] - Vers quoi se dirige t on alors ? Selon moi on va assister à la fin de la lutte des classes progressivement remplacée par la lutte des cultures : chaque culture se recroqueville sur ces traditions puisque l'intérêt général n'a plus de valeur de progrès social. De plus on va assister à la monté en puissance de la tyrannie de l'opinion ou doxocratie également appelée démocratie d'opinion. Cette nouvelle forme de démocratie vient supplanter la démocratie représentative : les manifestations contre la loi Savary ou contre l'assouplissement de la loi Falloux ont bien montré qu'un vote solennel de la représentation nationale n'a guère plus de valeur face à l'opinion de la rue. [...]
[...] Julliard fait le constat du divorce élites/peuple. Dans la deuxième et troisième partie il explique comment on est parvenu à un élitisme des élites et un populisme du peuple. Dans la quatrième partie il indique comment les intellectuels ont dû se positionner par rapport à cette fracture : il parle de populisme des intellectuels. Dans une longue cinquième et sixième partie il décrit les sous-bassement de la traditionnelle alliance élites/peuple par l'intermédiaire de l'histoire du progrès, ciment de cette alliance, qui sont en réalité plusieurs alliances successives. [...]
[...] LABORIE Janvier 2010 Pierre-jean Jacques Julliard : La faute aux élites I. Jacques Julliard Jacques Julliard est un homme de gauche singulier. A gauche c'est certain mais toujours prompt à critiquer son propre camp. Ce n'est assurément pas un homme d'appareil même si en 1974 il adhère au parti socialiste. C'est un intellectuel libre, un catholique de tradition bercé par les idées de Proudhon dans sa jeunesse khâgneuse. L'homme chasse plusieurs lapins : il aime le journalisme (dans l'Esprit, au Nouvel Observateur) mais côtoie le monde universitaire également (cours à Sciences Po Bordeaux et Sciences Po Paris, à l'Université de Chartres, à la Sorbonne ) enfin, durant des années, il s'est plongé dans l'action syndicale d'abord très jeune à l'UNEF puis à la CFDT. [...]
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