Julien Benda a écrit La trahison des clercs pendant l'entre-deux guerres. Publié en 1927 le livre a connu un grand succès et fit sa renommée. Benda reproche aux intellectuels d'avoir quitté le monde de la pensée désintéressée et des valeurs abstraites et intemporelles pour se compromettre dans le combat politique. Il s'agit d'un plaidoyer contre l'adoption par les "clercs" des "passions politiques" (...)
[...] Il reproche le comportement des clercs vis- à-vis des passions des laïcs. Au lieu de défendre les valeurs universelles, intemporelles, le clerc moderne a adopté les passions réalistes attisant ainsi les passions des laïcs, les convainquant de leur triomphe, renforçant leurs convictions, leurs passions politiques. Les clercs font entrer ces passions politiques dans leurs activités de clercs Les clercs mettent leur plume au service des passions de la cité. Il s'agit des poètes, des romanciers, des dramaturges, des artistes mais aussi des historiens. [...]
[...] Les clercs. La trahison des clercs Benda constate que les clercs ont, depuis la fin du XIXe siècle, trahit leur devoir en se mettant à faire jeu des passions politiques Ces passions politiques provoquent alors un bouleversement dans le fonctionnement moral c l'humanité et ce, au détriment des valeurs cléricales à savoir la justice, la raison et la vérité, valeurs désintéressées, statiques et rationnelles. Les clercs adoptent des passions politiques En effet, partout en Europe, les clercs adoptent les passions politiques, et notamment les passion nationales et de races. [...]
[...] Le monde actuel rend donc impossible de mener une existence de clercs pour ceux-ci. selon Benda. Mais d'autres causes sont à prendre en compte, par exemple, l'intérêt de carrière. L'auteur remarque d'une part, que la gloire n'est venue à certains clercs que lorsqu'ils ont commencé à prendre une attitude politique et d'autre part que les clercs se sont embourgeoisés. Il constate donc que les passions politiques ont atteint un degré de conscience et d'organisation jamais connu auparavant, degré rendu en grande partie possible par l'adoption de ces passions par les hommes qui autrefois s'y opposaient et qui aujourd'hui les ont adopté et en proclament la grandeur et la moralité. [...]
[...] Le débat autour de la fonction du clerc est aujourd'hui renouvelé par la question du rôle des intellectuels. Si Benda était un partisan de l'intellectuel universel et Barrés défenseur du particulier, Sartre opère une synthèse dans la figure de l'intellectuel engagé : celui-ci est chargé de défendre l'universel tout en étant en situation dans son époque. Dans les années 70, Michel Foucault définit l'intellectuel spécifique, titulaire de compétences techniques ou scientifiques particulières, lui conférant la légitimité pour se prononcer dans des secteurs particuliers. Cela correspond à la figure de l'expert. [...]
[...] La glorification du particularisme national l'est singulièrement chez ce que Benda nomme les clercs d'excellence : les hommes d'Eglise. Ceux qui pendant des siècles ont exhorté les hommes à amortir en eux le sentiment de différences (pour se saisir de la divine essence qui les rassemble tous les enjoignent ensuite à être fidèles à leur nation. Pourtant, Saint Augustin prêchait l'évanouissement de tous les patriotismes dans l'embrassement de la cité permanente De même, Bossuet rappelait que Jésus s'indignait de constater que parce que nous sommes séparés par quelques fleuves ou quelques montagnes, nous semblons avoir oublié que nous avons une même nature Cette action exercée sur le laïc est encore plus forte lorsqu'elle est faite par une certaine catégorie de clercs : les historiens. [...]
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