Alexandre Issaïevitch Soljenitsyne, Ivan Denissovitch, Littérature russe, Description sensorielle, Russie, Goulag, récit, Régime soviétique, Seconde guerre mondiale, Armée rouge, Vladimir Grigorievitch Choukhov, Vladimir Choukhov, Choukhov, Kouziomine
Ce texte est un extrait du premier roman de l'écrivain russe Alexandre Issaïevitch Soljenitsyne : Une journée d'Ivan Denissovitch, publié en 1962 dans la revue littéraire Novy Mir. Soljenitsyne est célèbre pour avoir été un dissident du régime soviétique au cours des années 1970 et 1980.
Après avoir combattu dans l'armée soviétique pendant la Seconde Guerre mondiale, il est arrêté en 1945 pour « activité contre-révolutionnaire », parce qu'il avait critiqué Staline dans ses correspondances personnelles. Il passe alors huit années enfermé dans un camp de travail. Le roman Une journée d'Ivan Denissovitch a été nourri de cette expérience : il s'agit du premier ouvrage qui témoigne de l'existence de camps en URSS, et il eut un grand retentissement pour cette raison.
Ce roman décrit les conditions difficiles dans un camp du Goulag au début des années 1950, en racontant une journée dans la vie d'un détenu, Ivan Denissovitch Choukhov. Cet extrait constitue l'incipit du récit, qui débute par son réveil, le réveil de Choukhov à cinq heures du matin lors d'une froide matinée d'hiver.
[...] C'est par cela que Soljenitsyne dénonce les camps d'enfermement du Goulag, à une époque où la population n'en avait pas conscience. L'auteur se nourrit de sa propre expérience des camps pour écrire des livres qui ont une valeur de témoignage : après Une journée d'Ivan Denissovitch en 1962, il publia en 1973, L'Archipel du Goulag, un ouvrage qui va encore plus loin en détaillant le système de répression politique en URSS, à partir des témoignages de rescapés de ces camps. [...]
[...] On comprend donc, dès l'incipit du récit, que la faim est une des problématiques principales de la vie dans un camp de travail. Toutes les actions sont orientées par la faim et la nécessité de faire son possible pour trouver un peu plus à manger. Leçons de survie et rôles déterminants : l'influence de Kouziomine sur Choukhov Dans la dernière partie de cet extrait, un deuxième personnage est nommé, l'individualisant ainsi par rapport à la masse de détenus désignés par le pronom indéfini « on ». [...]
[...] L'oralité de ce passage correspond également au conteste de ce qui nous est raconté : « cela se passait près d'un feu, dans une clairière ». Ce contexte crée un environnement propice à des confidences et à des récits, reprenant le topos du récit oral autour d'un feu. C'est d'ailleurs à ce moment que l'on trouve les premières paroles rapportées au discours direct de ce récit. On constate aussi que le narrateur passe du présent à l'imparfait et au passé simple dans cette partie du texte ; or, il s'agit des temps du récit, permettant de rapporter un événement passé et plus ponctuel par rapport au présent de répétition qui domine cet incipit. [...]
[...] Dans cette analyse, nous nous demanderons comment cet incipit parvient à nous plonger, avec une grande économie de moyens, dans la vie d'un détenu dans un camps du Goulag, qui introduisent le personnage principal et son environnement en plongeant le lecteur directement à ses côtés dans son quotidien. Nous nous intéresserons ensuite à la manière dont les principales difficultés et les enjeux de la vie des camps sont introduits dans cet incipit. Immersion directe et routine implacable : les premiers instants avec Choukhov Tout d'abord, on constate que l'auteur a choisi d'ouvrir son récit par un incipit dynamique, qui a pour effet de projeter le lecteur in media res. [...]
[...] On observe aussi que le rythme des phrases de ce paragraphe cherche à reproduire ces coups de marteau entendus par Choukhov. Le narrateur adopte, en effet, un rythme binaire et une structure saccadée avec des phrases très courtes : « Comme tous les jours, sonne le réveil », « Cinq heures du matin ». On constate cependant que malgré la description de cet univers particulièrement hostile, le narrateur ne recherche pas le pathos et se contente de nous livrer des phrases lacunaires et informatives, apparemment sans émotion : « le gardien n'a aucune envie de sonner longtemps », « Ils ne viennent toujours pas ouvrir la baraque ». [...]
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