"Je suis un homme comme les autres, je suis un homme comme vous. Allons, puisque je vous dis que je suis comme vous." (p. 30)
Comment peut-on être nazi ? Jonathan Littell pose une question gênante, la blessure ouverte par le nazisme, l'horreur "inhumaine" n'est toujours pas cicatrisée. Plus d'un demi-siècle plus tard on s'interroge encore : comment a-t-on pu en arriver là, et surtout, un tel drame pourrait-il se reproduire ? Si la question embarrasse autant c'est peut-être que chacun en son for intérieur se doute que non, le danger n'est pas définitivement écarté. Car la question est aussi celle de la différence et du rapport à l'autre.
Il appartiendrait à la nature de l'homme d'être animé de pulsions destructrices. Une violence que l'Etat aurait pour mission de canaliser. Mais que se passe-t-il quand il se mue lui-même en machine à détruire ? Dans cet ouvrage, Jonathan Littell nous propose de nous mettre dans la peau de Max Aue, un nazi, de nous immiscer dans sa vie et dans sa tête et de nous promener à travers la Seconde Guerre mondiale, de Stalingrad à Lublin, de rencontrer des théoriciens du nazisme, des bourreaux, et des pères de famille, tous impliqués à un moment ou un autre dans cette "horreur" qui loin d'être inhumaine, apparaît plutôt dans l'ouvrage comme justement 'trop humaine'. Et c'est là justement le problème.
Les questions de la responsabilité, de la justice, de la prédestination et du hasard sont posées. Le livre interroge mais ne fournit pas de réponses, pas de réponses claires en tout cas : c'est peut-être là l'intérêt majeur.
Peut-on comprendre le nazisme ? Oui semble répondre l'auteur.
Peut-on l'excuser ?... non !
"Pour les Grecs, peu importe si Héraclès abat ses enfants dans un accès de folie, ou si Oedipe tue son père par accident : cela ne change rien, c'est un crime, ils sont coupables, on peut les plaindre mais on ne peut pas les absoudre". (p. 546).
L'accueil réservé à l'ouvrage
Jonathan Littell, fils d'un écrivain américain célèbre l'a d'abord présenté sous un pseudonyme et se montre d'une discrétion qui contraste avec la manière dont son narrateur s'expose.
À peine le roman paru, les ventes s'envolent. Cette première oeuvre littéraire a d'abord été récompensée par le prix du roman de l'académie française puis par le Goncourt, récompenses qui ont suscité polémique et controverses.
Fallait-il faire tant de publicité à l'ouvrage compte tenu du thème abordé ?
Certains critiquent le style, accusant l'auteur de faire du "copier-coller" tout en surfant sur un thème à sensation. Doit-on l'accuser de se complaire dans la perversité et le voyeurisme macabre ? Y a-t-il un risque ? Le livre pourrait-il servir de source d'inspiration ? (...)
[...] Ces descriptions paraissent irréelles tant elles sont abjectes, mais l'auteur décrit aussi la nature et son calme, une manière peut-être de nous rappeler que ce monde c'est le nôtre et pas un univers sorti tout droit de son imagination. II) Le fond, la forme A. Le genre romanesque On pourrait rapprocher ce roman Si c'est un homme, c'est aussi un témoignage sur l'holocauste, depuis un point de vue opposé. À ceci près que Primo Lévi a réellement été témoin des évènements qu'il décrit et que dans ce cas le narrateur et l'auteur se confondent. Jonathan Littell fait lui un travail d'invention, documenté mais qui reste une fiction. [...]
[...] Il peut donc prendre des libertés plus grandes. Le message est différent. Il perd peut-être en authenticité mais d'un autre côté cela lui permet un recul différent, distance encore favorisée par le fait qu'il n'a pas vécu la période évoquée et peut donc porter un regard dépassionné sur ce sombre moment de l'histoire. Jonathan Littell nous propose un roman de construction classique, inspiré de courants littéraires divers Un roman réaliste Si le roman réaliste se caractérise par des intrigues vraisemblables inspirées de faits réels et par la richesse des descriptions et de la psychologie des personnages Les Bienveillantes s'inscrit dans la ligne de la Comédie humaine. [...]
[...] Il arracha le nouveau-né des mains de Greve et lui fracassa le crâne contre le coin du poêle (p. 149). Certains frisent le pathétique quand par exemple les juifs creusent sur les lieux d'une fosse bolchevique ou sur un aquifère ce qui doit devenir leur tombe provoquant la colère des responsables de l'opération donnant à la scène un tour à la fois grotesque et macabre, grinçant. Les Ukrainiens censés donner le coup de grâce doivent s'y reprendre à plusieurs fois. [...]
[...] Pour les Grecs, peu importe si Héraclès abat ses enfants dans un accès de folie, ou si Œdipe tue son père par accident : cela ne change rien, c'est un crime, ils sont coupables, on peut les plaindre mais on ne peut pas les absoudre (p. 546). L'accueil réservé à l'ouvrage Jonathan Littell, fils d'un écrivain américain célèbre l'a d'abord présenté sous un pseudonyme et se montre d'une discrétion qui contraste avec la manière dont son narrateur s'expose. À peine le roman paru, les ventes s'envolent. Cette première œuvre littéraire a d'abord été récompensée par le prix du roman de l'académie française puis par le Goncourt, récompenses qui ont suscité polémique et controverses. [...]
[...] L'intérêt de toutes ces réflexions est qu'elles posent des problématiques réelles et montrent le souci de l'auteur d'explorer en profondeur différentes thèse. Il présente ainsi un panorama qui se veut large. III) Le message Il est difficile, voire impossible, de répondre à la question : qu'est-ce que l'auteur a voulu dire, aussi ce qui suit doit davantage être lu comme une suggestion de lecture, basée sur des citations. Je suis un homme comme les autres, je suis un homme comme vous. [...]
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