Comédie en trois actes et en prose de Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux (1688-1763), créée à Paris par les comédiens-italiens le 23 janvier 1730, et publiée à Paris chez Briasson la même année. Après un parcours sans faute de 1720 à 1725 (d'Arlequin poli par l'amour à l' Île des esclaves), Marivaux éprouve quelques déboires: le Dénouement imprévu (un acte, 1724) et l' Île de la raison (trois actes, 1727) ne s'imposent pas à la Comédie-Française, pas plus que la Nouvelle Colonie ou la Ligue des femmes (trois actes perdus, 1729) chez les Italiens; l'Héritier de village (un acte, 1725) et le Triomphe de Plutus (un acte, 1728) réussissent assez bien sur la scène italienne, mais sa seule vraie grande pièce, durant ces années, reste la Seconde Surprise de l'amour (trois actes, 1727), présentée aux Français et qui reçut un accueil réservé. Même s'il est vrai que Marivaux s'était beaucoup donné au roman (la Vie de Marianne) et aux Journaux, le moment était sans doute venu pour lui d'une grande pièce et d'un beau succès chez ses chers Italiens. On se doute que le Jeu a mobilisé la laborieuse confrérie des sourciers; on trouvera la synthèse de leurs filatures dans l'édition du Théâtre complet par F. Deloffre. On devrait, selon lui, conclure de ce vaste voyage commencé à Athènes, chez Aristophane, que «la véritable source» est à chercher, «quoi qu'on en ait dit», dans les Amants déguisés, comédie d'Aunillon, jouée en... février 1729 à la Comédie-Française. Voilà en effet qui, à défaut de vraiment éclairer la pièce, vérifie l'esthétique d'un partisan déclaré des Modernes.
[...] Dimanche, de son père et de la statue. Ici, les règles du classicisme ne sont pas respectées. On peut ainsi poursuivre le parallèle avec Alexandre et ses conquêtes, qu'elles soient amoureuses ou politiques. En effet, l'unité de la pièce est garanti par Dom Juan (et son valet) lui même, dans 6 décors différents (et une unité temporelle indéfinie) trahissant son perpétuel besoin de conquête qu'aucune fidélité ne vient unifier en empire mon Dieu! s'exclame Sganarelle, je sais mon Dom Juan sur le bout du doigt, et connais votre cœur pour le plus grand coureur du monde: il se plaît à se promener de liens en liens, et n'aime guère à demeurer en place» (Acte scène 2). [...]
[...] Marivaux est ruiné; il hésite à abandonner la littérature Marivaux obtient sa licence en droit; il est reçu avocat au Parlement de Paris Le Spectateur français obtient un «privilège général» Mort du Régent; règne personnel de Louis XV. Mort de Mme de Marivaux Marivaux commence à fréquenter le salon littéraire et mondain de Mme de Lambert. Après la mort de celle-ci (1733), on le verra chez Mme de Tencin, puis chez Mme du Deffand; enfin, dans les années 1750, il deviendra un habitué de Mme Geoffrin. 1741-1748 Guerre de Succession d'Autriche Marivaux est élu à l'Académie française. [...]
[...] La pièce ne sera découverte que deux siècles plus tard (1965; création Com.-Fr. 1967) La Dispute, comédie (Comédie Française) 1746 Le Préjugé vaincu, comédie (Comédie Française.) Lecture à l'Académie des Réflexions en forme de lettre sur l'esprit humain. 1749-1750 Lecture à l'Académie des Réflexions sur l'esprit humain à l'occasion de Corneille et de Racine Lecture à l'Académie des Réflexions sur les Hommes, et des Réflexions sur les Romains et sur les anciens Perses L'Éducation d'un prince, dialogue publié dans le Mercure La Femme fidèle, comédie jouée au château de Berny Les Acteurs de bonne foi, comédie publiée par le Conservateur; Félicie, comédie publiée par le Mercure La Provinciale, comédie, publiée dans le Mercure; attribuée à Marivaux. [...]
[...] IV et V L'Iliade travestie, parodie burlesque, signée «Carlet de Marivaux». «Lettres sur les habitants de Paris», dans le Nouveau Mercure «Pensées sur différents sujets» (le Nouveau Mercure). «Lettres contenant une aventure» (le Nouveau Mercure) L'Amour et la Vérité, comédie jouée à la Comédie-Italienne. Arlequin poli par l'amour, comédie (Comédie Italienne). Annibal, tragédie jouée à la Comédie-Française Début de la publication du Spectateur français, sur le modèle du Spectator anglais. Le journal paraîtra jusqu'en La Surprise de l'amour, comédie (Comédie Italienne.) Le Prince travesti, comédie (Comédie Italienne.). [...]
[...] Mais la formalisation des figures dramaturgiques (parallélisme des déguisements, échange des rôles, inversion des évolutions) appelle des décalages. La symétrie inversée des couples s'infléchit, par exemple, au moment décisif de l'aveu: réciproque et joyeux chez les valets, à valeur purement comique, il devient, chez les maîtres, défi sentimental de la jeune fille à son prétendant et tremplin d'une relance dramatique aussi inattendue que capitale. Un autre écart semble témoigner de beaucoup de tact dans le traitement du thème central, puisque Marivaux s'abstient soigneusement de tout face-à-face entre Dorante et Lisette ou entre Silvia et Arlequin. [...]
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