Publié en 2009, Un dieu un animal est le quatrième roman de Jérôme Ferrari. Il surprend par son titre qui semble le condensé d'une phrase, à la mesure du style, dense et poignant. Il happe le lecteur puis le laisse exsangue après 110 pages sur une ultime question, un instant d'extrême lucidité aussi, peut-être une réponse.
C'est un livre brutal, par le style, où parfois "l'émotion se répand comme un gaz toxique", comme par le contenu où chacun mène sa guerre, en Irak ou dans le travail où seule la performance importe.
Résumé
Un dieu un animal est un récit à deux voix : un homme, une femme, deux vies, deux consciences qui se cherchent, s'effleurent sans jamais réellement se trouver.
Lui est revenu dans le village qu'il avait tant voulu quitté. Il a perdu son ami d'enfance, mort à la suite d'un attentat sur le check-point qu'ils devaient contrôler. Il se consume peu à peu alors que ses souvenirs l'assaillent, ceux de la bombe humaine, de son ami, de son enfance et de ses premiers amours. Un visage fait surface : celui de Magali.
Magali est désormais manager dans une grande entreprise. Sa vie, c'est son travail, ses résultats, les sorties avec ses collègues, quelques aventures. La lettre du personnage principal est comme le réveil d'une conscience, un grain de sable dans une mécanique bien huilée, "le poison de l'espoir" peut-être, même si l'espoir reste indéfini.
Lorsque ces deux êtres se retrouvent, ce pourrait être une histoire d'amour qui renaît. Mais Magali ne peut que constater que quelque chose de plus fort envahit peu à peu son compagnon, qu'elle est impuissante et, quand elle se décide à le rejoindre après quelques mois de séparation, il est déjà trop tard. Il a choisi de rejoindre ses cauchemars, l'infini de la Mort, de Dieu peut-être (...)
[...] Magali est désormais manager dans une grande entreprise. Sa vie, c'est son travail, ses résultats, les sorties avec ses collègues, quelques aventures. La lettre du personnage principal est comme le réveil d'une conscience, un grain de sable dans une mécanique bien huilée, le poison de l'espoir peut-être, même si l'espoir reste indéfini. Lorsque ces deux êtres se retrouvent, ce pourrait être une histoire d'amour qui renaît. Mais Magali ne peut que constater que quelque chose de plus fort envahit peu à peu son compagnon, qu'elle est impuissante et, quand elle se décide à le rejoindre après quelques mois de séparation, il est déjà trop tard. [...]
[...] Cette référence est essentielle. Elle est le souvenir d'une mort cruelle, le supplicié se faisant trancher tour à tour les mains, les pieds, puis enfin la tête. Elle est aussi le rappel d'une mystique, voire d'une philosophie, qui privilégie une vie ascétique et un voyage intérieur pour rechercher la voie de Dieu, ou plus précisément son amour, une union de l'âme et du divin. La mort est comme une ultime étreinte, une extase, un abandon. C'est à cette conclusion que le héros arrive peu à peu, ce qui motive la mort de son chien et son suicide. [...]
[...] Un dieu un animal nous envoie le reflet de deux vies, qui pourraient être les nôtres. Le temps passe, rien ne se produit exactement comme prévu mais rien n'est vraiment problématique jusqu'à ce qu'une lettre, un évènement ou un incident mineur creuse une faille, si ténue soit-elle, où le doute s'insinue peu à peu, où la conscience rend d'autant plus nécessaire la quête de sens. Ce sens prend des visages différents selon nos convictions, nos valeurs, peut-être aussi la violence de la révélation. [...]
[...] Peut-être a-t-elle aussi vaguement conscience que cet ami d'enfance est confronté à quelque chose d'encore plus grand, qui le consume plus rapidement, plus totalement encore. Un Dieu carnassier Car pour le personnage central, le sacrifice ne concerne pas seulement son individualité, mais son existence même. Petit à petit, l'auteur nous y prépare. Il évoque la violence (l'enfant dont le père brise les jambes), la guerre et les attentats qui l'accompagnent, la disparition des proches, de Jean Do et du sergent surtout. [...]
[...] Dans une atmosphère alcoolisée, car il est de mise de décompresser ils sont ensemble pour honorer certains des leurs mais surtout l'entité supérieure qui justifie toute cette mise en scène : l'entreprise. Ces cadres lui offrent leur temps, parfois leur vie de famille, leur énergie, voire leur santé. Ils sont bien les organes et la chair périssable du même être supérieur. Ils collaborent ensemble à la perpétuation de son mystère. Les résultats ne lui suffisent pas. Il lui faut encore la substance de leur vie et c'est ce qu'ils lui consacrent en offrande La description est faite par Magali, à partir de son expérience. [...]
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