28 Mai 1944 : Tous les habitants d'un petit village français sont réunis sur la place de la mairie. Une famille a été dénoncée ; la veille, elle avait accueilli un groupe de maquisards et avait soigné l'un d'entre eux, Martin, dix-huit ans, blessé par une balle dans la cuisse droite. Cette famille est celle du narrateur, Rémy, dix-sept ans. Les nazis ordonnent au narrateur et à ses parents de rester avec eux, de même pour l'instituteur et le maire qui ont vraisemblablement aidé les « terroristes ». Rémy et sa mère seront incarcérés, le père et les deux villageois, fusillés (...)
[...] Le récit et les sentiments de Rémy sont ceux de tant d'autres V La symbolique du titre Les Sabots fait incontestablement référence à l'élan de solidarité, une nuit de janvier 1945, alors que les détenus font bloc face au Kapo pour éviter qu'un de leurs camarades qui a égaré ses sabots ne soit obligé de sortir pour l'appel. Il peut également faire référence au geste du narrateur qui, le lendemain, rendra à son propriétaire la paire de sabots qu'il a retrouvée. C'est le symbole de la solidarité qui a permis aux détenus de survivre. [...]
[...] L'histoire narrée est fictive, mais ressemble à celle de tant de gens déportés pour les mêmes raisons, à la même époque, dans différents villages de France. A travers l'histoire de Rémy, l'auteur retrace l'histoire de milliers d'autres. C'est certainement pour cela qu'aucun lieu précis n'est évoqué. Cela permet au lecteur d'appliquer cette histoire à tant d'autres rescapés anonymes, d'imaginer la scène dans le Jura, le Lot-et-Garonne ou le Centre de la France. Le retour de Rémy n'a rien à envier à ceux qui l'ont vécu. [...]
[...] Le saut dans le temps à la fin du roman est également très intéressant, puisqu'il permet au lecteur curieux de savoir ce que sont devenus les anciens du camp : Martin, Robert, Titi, l'homme aux sabots La structure spatiale du récit est très vague : nous ne savons pas précisément où se déroule l'action. Le narrateur habite un petit village dont nous ignorons le nom et la région. Le camp où le protagoniste est déporté est également anonyme. Nous savons seulement qu'il se situe en Allemagne, et qu'il a été libéré par les Américains à la fin Avril 1945, ce qui laisse supposer qu'il s'agit peut-être d'un des camps suivants : Dachau, Flossenbürg, Buchenwald ou Dora, des camps libérés par l'armée américaine en avril 1945. [...]
[...] Il mourra dans la dignité, la tête tournée vers ses bourreaux (p. 104). Les compagnons d'infortune : Martin est un idéaliste. C'est un membre de la Résistance, tout comme ses parents arrêtés par la police française (cf. p. 21) et son frère, qui sera fusillé en même temps que le père du narrateur. Quasiment du même âge que Rémy, il est pourtant bien plus engagé que lui et conscient de ce que sera la France si des hommes comme son frère ne s'opposent pas à l'armée nazie. [...]
[...] Pourquoi suis-je rentré ? La question m'effraie. La question m'obsède. (10 septembre 1945, p. 103) Rémy, comme certains autres, est conscient qu'il est difficile de raconter ce qu'ils ont vécu dans le camp. Rémy souhaite en parler, mais on sent dans ses propos que peu de gens sont prêts à écouter cette réalité. C'est la raison pour laquelle les survivants restent le plus souvent entre eux : Ils avaient instinctivement compris l'impossibilité de communiquer l'absolu de leur expérience (p. 103). [...]
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