Carrère, L'adversaire, Jean-Claude Romand, Héros tragique, Anti-héros, Stratégies narratives, Complexité psychologique
L'existence complexe de Jean-Claude Romand, homme humble et inaccessible, mais également le meurtrier de sa propre famille, était destinée à être mise sur papier. C'est après avoir menti à son entourage sur son poste prestigieux à l'Organisation mondiale de la Santé pendant environ dix-huit ans que Jean-Claude Romand tue sa femme, ses enfants et ses parents. Puis, tente de se suicider en avalant des comprimés et en mettant le feu à sa maison. C'est avec brio qu'Emmanuel Carrère a exécuté cette tâche difficile après avoir longuement échangé par correspondance avec Romand. Carrère, à l'aide de différentes stratégies narratives, dépeint son sujet à la fois comme un personnage et un héros. Carrère, faisant lui-même partie du récit, penche plutôt vers le héros et cela influence le jugement qu'il porte sur Jean-Claude Romand.
[...] Il se voit donc à la fois coupable et innocent. Carrère utilise également le discours immédiat et le discours indirect libre. Le discours immédiat lui permet d'exposer les faits de manière plus objective et de conserver l'intégrité du message. On retrouve principalement ce discours dans les lettres qu'il échange avec Jean-Claude Romand. Ce qui lui permet également de rappeler au lecteur qu'il s'agit bel et bien d'un fait vécu qui concerne de vraies personnes, et ainsi d'être plus crédible face à son lectorat. [...]
[...] De longues démarches ont été nécessaires à la création de ce roman comme des échanges avec Romand et son avocat, mais également avec les enquêteurs chargés du dossier. Carrère a mis énormément d'efforts dans son œuvre et ça en aura valu la peine puisque L'Adversaire nous garde en haleine tout au long de la lecture. Bibliographie CARRÈRE, Emmanuel. L'Adversaire Paris : P.O.L LAVOIE, André. Savoir dompter l'ennemi intérieur/ L'adversaire. Ciné-Bulles. Volume 21 numéro TOUZIN, Mario. L'art de la bifurcation : Dichotomie, mythomanie et uchcronie dans l'œuvre d'Emmanuel Carrère. Montréal : Université de Montréal, 2007. [...]
[...] C'est donc pour cette raison que sa perception de Jean-Claude Romand comme un héros tragique influence le jugement qu'il porte sur l'homme qui a tué sa famille. Pour conclure, Carrère adopte plusieurs méthodes dont les différents narrateurs, les différentes focalisations, le discours immédiat et le discours indirect libre pour illustrer les différentes facettes de Romand. L'homme est donc présenté à la fois comme un personnage et comme un héros tragique puisque son portait psychologique change selon le point de vue employé par Carrère. [...]
[...] Carrère le perçoit également comme un être surdimensionné étant donné qu'il est extrêmement intelligent et qu'il ment à si grande échelle. Il doit être très difficile de bâtir un mensonge cohérent et de le préserver pendant autant d'années. Carrère se sert également de la focalisation d'autres personnages pour illustrer la complexité de Jean-Claude Romand. Il emploie cette stratégie étant donné que son profil psychologique change avec chaque personnage. Cela permet de bien illustrer les différentes facettes de son sujet. Pour Luc Lammiral, grand ami de Romand, il a « d'abord [ . ] refusé tout net de le croire. [...]
[...] C'est donc pour cette raison qu'« en sortant du coma, il a commencé par tout nier », mais étant donné la lettre de culpabilité écrite de sa main découverte par les enquêteurs, il est difficile pour lui de continuer à croire à son propre mensonge. Une fois la vérité exposée au grand jour, Romand se construit un nouveau masque. Cette fois-ci, il ne se voit plus comme un mari et un père de famille aimant, mais comme une victime ou un héros tragique. Il affirme « que sa mère se faisait du souci à tout propos, et qu'il a tôt appris à [ . ] ne jamais laisser paraître ses émotions [ . [...]
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