Nous verrons dans un premier point l'analyse que fait Jauss des théories littéraires déjà existantes et dont il s'inspire (Marxisme et Formalisme), ainsi que les lacunes qu'il relève dans ces théories. Puis dans un second temps, nous tacherons d'expliquer l'esthétique de la réception à travers les sept thèses énoncées par l'auteur, le développement des trois principales et l'illustration qu'il donne de sa méthode. Pour introduire sa théorie sur l'esthétique de la réception, Jauss commence par définir deux grands courants de critique littéraire opposés, le Marxisme et le Formalisme, pour mieux en révéler les lacunes respectives. A ses yeux, ces deux écoles s'opposent ensemble au Positivisme (qui se conforme au modèle des sciences exactes) et tentent de résoudre la même problématique : 'comment réinsérer dans le contexte historique de la littérature le fait littéraire isolé, l'œuvre littéraire apparemment autonome?'
[...] L'attention a en effet de tout temps été focalisée sur le couple auteur/œuvre et l'histoire de la littérature n'a pas échappé, loin de là, à ce principe. Jauss entend donc restaurer le troisième pôle de la littérature : le destinataire (auditeur, lecteur, en un mot le public). Il commence tout d'abord par évoquer le rapport dialogique, de réflexivité qui s'établit entre l'œuvre et l'auteur d'une part, et leur public d'autre part. Il s'agit bien pour lui d'un "rapport d'échange et d'évolution", rapport que l'on peut mettre à nu par le biais de l'herméneutique de la question et de la réponse, dont nous reparlerons plus tard. [...]
[...] Nous avons pu constater l'étendue de ses références doctrinales ainsi que la place qu'il fait aux critiques tels que Barthes et Auerbach dans la mise en application de sa méthodologie. Il n'en reste pas moins que selon ses propres théories, le critique est d'abord un lecteur qui ne peut faire abstraction de son "être dans l'Histoire" et non une "conscience pure et objective" Jauss est tout à fait conscient des limites de sa théorie et affirme avec ses détracteurs que sa méthode reste partielle. [...]
[...] Donc, selon Jauss, la question que pose l'Iphigénie de Racine est "celle de l'obéissance à un mauvais père". Et toujours selon Jauss, qui se réfère au polémique Sur Racine de Barthes, la réponse est qu'Iphigénie peut, en consentant au sacrifice, prendre sur elle la faute de son père (sa décision), le rendant coupable et compromettant ainsi l'autorité légitime, divine Cependant chez Racine, le tragique de la réponse est masqué par le dénouement de la pièce, qui introduit un bouc- émissaire, Eriphile, rivale d'Iphigénie. [...]
[...] Ainsi, plus qu'une histoire propre, c'est sa fonction sociale que le Marxisme dénie à l'art, aux yeux de Jauss, en le cantonnant dans un rôle subalterne de reproduction. C'est ignorer le caractère révolutionnaire de l'art, sa capacité à élargir le champ de vision de l'homme et à lui proposer des alternatives. Le Marxisme a donc, jusqu'à il y a peu, totalement ignoré la participation active de la littérature à l'Histoire ainsi que l'historicité de la littérature. Formalisme Les Formalistes quant à eux, représentés par l'Ecole de Prague (Chklovski définissent la littérature de façon purement et exclusivement formelle comme somme de tous les procédés artistiques qui y sont employés selon une formule de Chklovski. [...]
[...] Marxisme Ce que Jauss reproche particulièrement à la théorie marxiste de la littérature, c'est de refuser à l'art une histoire qui lui serait propre. Le principal grief de Jauss à l'égard des Marxistes concerne la Théorie du Reflet, élaborée et représentée par Lukàcs, qui postule que l'art n'est que le reflet, délibéré ou involontaire, d'une réalité économique et sociale. Jauss reproche tout d'abord à ce postulat de rattacher une multitude d'œuvres, de genres et de formes au même nombre réduit de concepts tels que la féodalité, la régression de la noblesse ou le développement du capitalisme. [...]
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