Tokyo, novembre 1970. Cette après-midi-là ne sera jamais une après-midi comme une autre. Yukio Mishima, à peine âgé de quarante-cinq ans, se donne la mort selon le rituel samouraï au quartier général des forces japonaises. Suicide annoncé, suicide programmé, suicide écrit dans son œuvre, suicide dont la répétition mille fois pensée par l'auteur a été filmée quelques mois avant. « La vie humaine est courte, écrivait Mishima, et je veux vivre éternellement. » Ce suicide qui secoue Tokyo, le Japon, le monde entier, ce suicide est l'acte fondateur de Yukio Mishima, l'acte qu'il rêve d'accomplir depuis des années, celui qui lui ouvrira la porte des héros nippons. Par ce geste Mishima se forge enfin une identité, après avoir passé des années à construire son œuvre, à se fabriquer un corps d'athlète alors qu'il était né chétif. Le suicide de Mishima bouleverse les Japonais. Il surprend le monde entier. Il projette une aura tragique sur l'existence résolument « anachronique » de l'écrivain célèbre. Trois années plus tôt, Mishima avait donné l'une des clefs essentielles à la compréhension de ses choix de vie.
[...] L'auteur y médite sur la " Voie du samouraï Le Hagakuré était devenu un livre maudit dans le Japon de l'après-guerre. Mais il est pour Mishima l'œuvre qui a donné un véritable sens à sa vie. Son auteur, Jôchô Yamamoto, est pour Mishima comme un frère d'armes spirituel. À plus de deux siècles de distance, ces deux esprits sont réunis dans une même pensée. Le Hagakuré c'est d'abord une philosophie de la vie. L'existence y est présentée comme le déploiement de l'énergie intime de l'individu. [...]
[...] Mishima critique dans son essai la jeunesse entichée du style Cardin Le clinquant, l'ostentatoire seraient les préoccupations de la jeunesse japonaise des années 1960. La mode : le seul et unique sujet de ses conversations. Aujourd'hui, écrit-il, rendez-vous dans un bar où l'on joue du jazz et mêlez-vous à la conversation des jeunes d'une vingtaine d'années ou moins qui s'y trouvent et vous constaterez qu'ils ne parlent de rigoureusement rien d'autre que de style vestimentaire et de la façon de se donner l'air chic. [...]
[...] Un homme qui meurt n'est guère plus aujourd'hui qu'un individu s'éteignant sur un dur lit d'hôpital, un objet à évacuer le plus tôt possible. 2013. [...]
[...] Le Japon moderne et l'éthique du samouraï de Yukio Mishima Tokyo, novembre 1970. Cette après-midi-là ne sera jamais une après-midi comme une autre. Yukio Mishima, à peine âgé de quarante-cinq ans, se donne la mort selon le rituel samouraï au quartier général des forces japonaises. Suicide annoncé, suicide programmé, suicide écrit dans son œuvre, suicide dont la répétition mille fois pensée par l'auteur a été filmée quelques mois avant. La vie humaine est courte, écrivait Mishima, et je veux vivre éternellement. [...]
[...] Que le Japon soit devenu à l'heure où il écrit ces lignes la seconde puissance économique mondiale, peu lui chaut. Les avancées en terme de niveau de vie et de confort ne sont pas pour lui un progrès, mais une déviance de l'esprit nippon pur et dur. En clair, Mishima déteste le nouvel ordre local qui règne sur le Japon. Mishima est notamment très critique sur l'éducation à l'américaine : laisser l'enfant s'exprimer, donner son avis, voir évaluer sa propre éducation est pour lui inimaginable. [...]
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