La première édition des lettres de madame de Sévigné a été publiée en 1725. Ce sont des lettres authentiques qui n'ont été publiées qu'à titre posthume. La majorité des correspondances sont entretenues avec madame de Grignan, sa fille partie habiter en province. Les lettres qu'adresse madame de Sévigné à sa fille lui témoignent, pour la plupart d'entre elles, d'un amour filial très fort ainsi que d'une absence mal vécue. Dans la quatrième lettres des Lettres portugaises de Guilleragues, écrit en 1669, Marianne affirme à son amant « J'écris plus pour moi que pour vous, je ne cherche qu'à me soulager ». Cette affirmation remet en cause l'idée courante qu'une lettre est tout d'abord un message adressé à l'autre, destiné soit à établir un contact avec lui, soit à l'informer d'un événement, l'émouvoir, ou encore lui plaire. Par cette affirmation, Guilleragues nous invite à réfléchir sur le réel destinataire d'une lettre. Pour qui écrit-on ? A qui profite l'écriture épistolaire ? Quelle est la place de l'émetteur dans le genre épistolaire ? Dans les lettres de madame de Sévigné, l'épistolière écrit majoritairement à sa fille madame de Grignan. La lettre a donc un destinataire précis. Néanmoins, de par le fait qu'écrire est un acte solitaire, la lettre est en réalité un monologue. Elle profite donc d'avantage à l'épistolier qu'à son destinataire.
[...] L'écriture, en allant jusqu'à l'excès, peut totalement désocialiser car il fait rentrer l'épistolier(e) dans un cercle vicieux. Il ne vit alors que pour écrire et lire les lettres de ses correspondants. C'est le cas de madame de Sévigné qui jouie particulièrement du moment où elle se retrouve face à sa feuille, cette dernière qui remplace en quelque sorte sa fille. En cela, nous pouvons considérer l'écriture comme un acte solitaire étayant alors la thèse selon laquelle la lettre est un monologue déguisé. De plus, nous pouvons considérer la lettre comme un faux dialogue. [...]
[...] De plus, l'épistolière étant issue d'un milieu mondain, elle ne manque pas de raconter dans ses lettres tout ce qui se passe dans sa vie mais aussi celle des autres. Elle conte à sa fille ses dîners en lavardinage ou encore le mariage de Mademoiselle. En narrant sa vie dans ses lettres, l'épistolière la transforme ainsi en discours, elle la romance. Les lettres de madame de Sévigné sont en plus d'être un journal intime, un journal de bord. En effet, la première des raisons est que l'épistolière écrit tous les jours. [...]
[...] La lettre possède d'autres fonctions que la fonction phatique, citée ci- dessus. En effet elle est gouvernée par une intention majeure à l'égard du destinataire. Ce dernier peut tout d'abord avoir une intention informative et narrative. Dans un brillant badinage, le signataire se plaît à jouer avec son destinataire, stimulant sa curiosité par autant d'effets dilatoires et de surprises qui donnent à la lettre toutes les ressources de l'interactivité. Nous pouvons citer pour exemple la lettre datée du 15 décembre 1670, qui commence par une accumulation de superlatifs Je m'en vais vous mander la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe, la plus singulière, la plus extraordinaire, la plus incroyable ( ) ou encore la lettre 67 dans laquelle madame de Sévigné informe sa fille de la mort de Turenne. [...]
[...] J'écris plus pour moi que pour vous, je ne cherche qu'à me soulager écrit Marianne à son amant dans la quatrième des Lettres Portugaises. Dans quelle mesure pourrait-on appliquer cette formule aux Lettres de Madame de Sévigné ? La première édition des lettres de madame de Sévigné a été publiée en 1725. Ce sont des lettres authentiques qui n'ont été publiées qu'à titre posthume. La majorité des correspondances sont entretenues avec madame de Grignan, sa fille partie habiter en province. [...]
[...] Néanmoins, de par le fait qu'écrire est un acte solitaire, la lettre est en réalité un monologue. Elle profite donc d'avantage à l'épistolier qu'à son destinataire. La lettre est à première vue un discours adressé à l'autre. Telle qu'elle nous intéresse ici, une lettre est un texte qui s'échange comme mode de correspondance. Elle implique un expéditeur, un destinataire et un message. Elles sont un dialogue de substitution car elles permettent une conversation à distance qui abolit ainsi l'absence du destinataire. [...]
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