Mots-clés : philosophie & littérature, fiche de lecture, philosophique
Notre avis :
Cette fiche de lecture récapitule en quelques pages l'ouvrage de Roy Lewis Pourquoi j'ai mangé mon père. L'analyse faite par l'auteur de la fiche de lecture permet de rendre accessibles les pistes d'études philosophiques lancées par Roy Lewis.
Centrée sur un contenu de qualité, la fiche manque seulement d'une structure qui aurait facilité la lecture, accompagnée d'une mise en page un peu plus aérée.
Les trois bonnes raisons de lire cette fiche de lecture :
- On y retrouve l'analyse de la symbolique forte voulue par Roy Lewis
- Elle est écrite avec un certain engagement qui montre le plaisir qu'a le lecteur à partager sa vision de l'œuvre
- Personnages, contexte historique : tout est passé au crible avec précision
À qui s'adresse cette fiche de lecture ?
- Aux étudiants en philosophie et/ou littérature
- Aux lecteurs intéressés par les ouvrages de Roy Lewis
- Aux personnes intéressées par les pistes de réflexion philosophique au-delà de l'œuvre.
Roy Lewis (1913-1996) a grandi à Birmingham et poursuivi ses études à Oxford avant d'intégrer la London School of Economics. De 1938 à 1946, il vit en Australie et s'intéresse à l'homme primitif, tout particulièrement à ce qu'il pourrait nous apprendre de nous-même. Après ce long séjour, il retourne en Angleterre puis est engagé comme correspondant à Washington pour le journal The Economist. Il rejoint ensuite en 1961 le Times, poste qu'il conservera jusqu'à sa retraite en 1971.
Roy Lewis est journaliste et sociologue (il est en effet l'auteur d'ouvrages socio-économiques remarquables) et n'entre dans le monde de la littérature que tardivement. Mais son entrée fut remarquée avec The Evolution Man, publié en 1960 sous le titre What we Did to Father (ce que nous avons fait à père). La traduction française choisie est finalement Pourquoi j'ai mangé mon père, titre très étrange au premier abord mais qui prend tout son sens lors de la lecture du livre (l'horreur de cet acte anthropophagique étant effacée par l'humour qui caractérise l'ouvrage). L'œuvre fut également adaptée au théâtre dans de nombreux pays (le comique du texte semble en effet intéressant à exploiter), notamment en France en 2001 par Yann Morcelle à la Maison de la culture de Loire-Atlantique.
[...] L'humour est le mot d'ordre et s'exprime par différents procédés. Tout d'abord, les personnages, s'ils vivent au temps préhistorique, utilisent un langage très élaboré, digne de l'homo sapiens sapiens du XXIème siècle. Cela implique la transposition dans cette époque préhistorique de nos pensées, de nos concepts modernes. D'autre part, les protagonistes sont omniscients (dans la tradition de l'humour anglais), les personnages racontent ce qui leur arrive en étant conscient du stade de leur évolution ainsi que les stades futurs: si jamais d'aventure nous venions à rencontrer un cheval avec trois doigts de pied, qu'on appelle hipparion, eh bien, cela voudrait dire que nous sommes à peine sortis du pliocène explique Edouard à son fils. [...]
[...] De plus, lorsque la tribu arrive sur un territoire déjà occupé, Edouard négocie tel une personnalité de l'ONU (ce qui peut apparaître comme une critique de l'Organisation des Nations Unies puisque Edouard se présente comme un être plus avancé, supérieur et fait croire à la tribu adverse qu'ils ont gagné à cet accord). Enfin, à travers la maîtrise du feu, Roy Lewis fait évidemment allusion au nucléaire. Justement, le feu comme allusion au nucléaire est un élément fondamental du livre, posant la thématique du progrès et de ses risques. Une grande question s'impose: le progrès est-il toujours bénéfique? L'invention du feu permet d'augmenter le bien-être, elle permet aux pithécanthropes de se réchauffer, d'éloigner les prédateurs, de cuisiner la viande mais l'incendie causé par le feu a failli tuer l'ensemble de la tribu. [...]
[...] En 1960, Roy Lewis écrit une situation qui apparaît aujourd'hui plus que jamais au centre des débats au niveau diplomatique: l'Iran doit-il posséder l'arme nucléaire? Cela nous ramène encore à la conversation entre l'oncle Vania et Edouard, et en chacun de nous sommeille un peu de ces deux personnages. Comme Edouard nous voudrions le bonheur de l'Humanité grâce au progrès, mais comme l'oncle Vania nos craintes sont nombreuses. Faut-il vraiment choisir entre Edouard et Vania, faut-il être dogmatique? Peut-être devrions- nous écouter ce que chacun veut dire. [...]
[...] La tribu est donc contrainte de déménager et d'abandonner la caverne, au grand dam de Mathilde, la mère. Or, le clan devra partager la plaine avec une autre tribu déjà installée, à laquelle Edouard révèle après négociations le secret du feu. Puis Edouard présente à son fils sa dernière invention, l'arc, arme redoutable aux yeux d'Ernest. La goutte d'eau qui fera déborder le vase . Les personnages sont peu nombreux et ont chacun une personnalité bien spécifique. Ernest, fils d'Edouard et de Mathilde, est ouvert d'esprit. [...]
[...] Une phrase du père, Edouard, concernant la course technologique pourrait sortir de la bouche d'un homme en pleine Guerre Froide: La nature n'est pas forcément du côté des gros bataillons. La nature est avec l'espèce qui possède sur les autres une avance technologique. Cela amène à un autre débat: l'homme doit-il partager ses découvertes? Edouard pense qu'il faut partager l'invention du feu avec les autres tribus afin de faire évoluer l'espèce. Or, son fils Ernest pense qu'il ne faut pas divulguer ce secret qui assure leur sécurité. [...]
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