On peut s'appuyer sur certains critères communs à ce qu'on appelle communément « chef d'oeuvre » dans le domaine artistique, la littérature en particulier :
- un accord du fond et de la forme, en l'occurrence, non seulement entre le texte, le style, les différents langages et la situation ou les sentiments des personnages, mais entre ces éléments et la représentation dans son ensemble (le décor, les jeux de scène, les objets, les costumes, les lumières etc.).
- bien repérer les intentions de l'auteur et apprécier les résultats obtenus dans le genre choisi par lui, en se référant précisément aux caractéristiques de ce genre, en l'occurrence créer une illusion, (en poésie susciter une émotion, dans le roman fabriquer un univers, etc.) (...)
[...] Tous les personnages incarnent des idées et supportent le thème de la mort, lui permettant d'exister théâtralement, et c'est l'un des aspects les plus originaux et les plus réussis de la pièce ; d'abord et surtout, il y a bel et bien une action dans les avancées et les reculades du roi qui parvient graduellement au terme de son calvaire ; ensuite, il y a toute l'imagination de l'auteur pour mettre en place des mouvements, des déplacements, des gestes qui s'accordent parfaitement avec cette progression. Et ce qui contribue aussi à l'illusion de réalité, c'est la vérité psychologique qui commande toutes les réactions du protagoniste, laquelle n'est pas le fruit de l'imagination, mais inspirée directement de l'expérience de l'auteur. [...]
[...] Dans un des chapitres de ses Essais, intitulé Que le goût des biens et des maux dépend en bonne partie de l'opinion que nous en avons, que Ionesco a forcément lu, l'auteur évoque un homme qui plaisante au moment où on va lui couper la tête, en signalant à son bourreau qu'il devait être délicat, car il était un peu châtouilleux du cou. Le comique complète la lucidité. La pièce tout entière exprime ou tente d'exprimer ce qui, pour l'auteur, est le comportement idéal devant la mort. D'abord, la lucidité est préférable à l'hypocrisie et au mensonge. [...]
[...] Mais, indirectement, c'est aussi un moyen de nous faire comprendre que si le roi est un homme ordinaire, -et le nom si peu royal que lui a donné l'auteur contribue à lui restituer ce caractère ordinaire, en nous rappelant la sentence de Corneille Pour grands que soient les rois, ils sont ce que nous sommes un homme ordinaire, d'une certaine façon, est aussi un roi, ou doit l'être, maître absolu de son destin, ayant pour royaume son monde intérieur, défendant jalousement les frontières de sa personnalité. [ On reconnaît les idées de Ionesco qui célèbre le courage de ceux qui vont à contre courant]. [...]
[...] Chacune des deux reines prétend aider le roi de la meilleure des façons. A priori, Marguerite est dure et intransigeante, tandis que Marie est tendre et délicate. Mais, que veut dire inhumain ? répond Marguerite à Marie, p.21. Si Marguerite est souvent ironique et sèche, c'est pour désiller les yeux du roi. [...]
[...] Le garde est une sorte de pantin sans réflexion qui scande l'évolution des événements, transformant en proclamations officielles aussi bien les ordres, les désirs, les avis du roi, des reines et du médecin que les moindres remarques des uns et des autres, sans aucun discernment, et cela jusqu'à l'absurde, prêt à déclarer haut et fort que sa majesté devient gâteuse. Chaque personnage est donc bien caractérisé, typique en son genre. Cependant il arrive que, par une miraculeuse métamorphose, ils s'harmonisent et s'expriment d'une même voix ; et vers la fin du drame, paradoxalement, Marguerite vient se joindre à un autre chœur, p Ainsi, nous assistons à de multiples interactions entre tous ces persoinnages qui , d'une manière ou d'une autre, gravitent autour de Béranger pour mettre en évidence son drame. [...]
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