Incipit, Bel-Ami, Maupassant, chapitre 1, Quand la caissière, mauvais sujet des romans populaires
Pupille de Flaubert, puis bien intégré dans le cercle des écrivains naturalistes, Boules de Suifs parait dans les Soirées de Medan, en 1880, Guy de Maupassant sait dégager sa personnalité des principes de toute école : voyons comment, ici, en 1885, dans Bel-Ami, il pratique, sans ménagement pour le lecteur, mais brutalement, à l'image même du personnage, l'entrée en scène du protagoniste Georges Duroy, destiné par l'auteur à accomplir une carrière de météore dans une société médiocre et féroce.
[...] Ainsi, le personnage qui vient de paraître, par son clinquant, sa férocité, son cynisme marque-t-il l'avènement d'un anti héros plutôt que d'un héros. III- Maupassant s'est refusé au préambule fastidieux d'un ancrage spatio- temporel qui n'aurait pas correspondu au personnage ; le dénuement économique dans lequel il est, et, d'ailleurs, son passé de militaire lui ont appris à régler ses problèmes plus simplement : il combat à présent pour survivre, et règle ses difficultés à travers des rapports de force et non des sentiments ; comme sa bourse est presque vide, il recourt au calcul et à la ruse. [...]
[...] Il joue au public un personnage qu'il n'est pas pour créer chez les autres un capital de sympathie et d'émotion que lui-même ne partage pas ; les descriptions longues du cadre seront évitées mais le portrait du protagoniste devra toujours refléter l'artifice facile sur lequel Bel-Ami à construit son travers des expressions choisies : il portait beau par nature et par pose ; regards de joli garçon qui s'étendent des coups d'épervier ; beau soldat tombé dans le civil ; mauvais sujet des romans populaires Conclusion : Maupassant, en épurant et en simplifiant le sujet adapte le style à cet être en l'animant à travers une suite de courtes scènes, de flashes qui saisissent le mauvais joueur dans ses différents tours en opposant systématiquement le point de vue externe de l'homme qui ment sur soi, et le point de vue interne qui livre à des suites de calculs mesquins. L'objectif est de montrer combien l'évolution de la société crée un type d'homme efficace et insensible qui parvient en exploitant la médiocrité d'autrui. [...]
[...] Toutes, en dépit de la négligence de leur tenue peuvent servir ! Les choix du narrateur sont en rupture, semble-t-il, avec ceux de Balzac ; à la place de l'interminable description de la pension Vauquer qui ouvre le Père Goriot , le décor parisien tient dans la subordonnée temporelle d'ouverture : en quelques mots tout est dit ; la caissières, le restaurant rendre la monnaie, la pièce de cent-sous , postulent pour le Paris commerçant, un lieu d'échange donc, mais, vu le petitesse de la somme, la ridicule traction, il s'agit d'un Paris de la populace où l'on traîne sa misère dans une simple gargote où l'on peut paraître ses êtres habillé, en négligé, voire en débrailler ; il est facile alors pour Duroy de démontrer en trois recettes de séducteurs, en trois œillades de pacotille les petites femmes de Paris, car il est encore dans basse- cour, où les besoins pressants passent par manger séduire, défier les hommes (potentiels rivaux). [...]
[...] Ce qui s'affiche cependant à travers les attitudes qu'il donne en pâture au petit peuple ne reflète pas le drame intime et mesquin qui l'occupe : le quatrième paragraphe livre l'obsession qui l'assaille intérieurement : le calcul épineux de la manière dont il va boucler la fin du mois de juin en rationnant la nourriture et la boisson ; Cela représentait deux dîners sans déjeuners ou deux déjeuners sans diners ; cette hésitation lancinante qui passe à travers des interrogatives indirectes, révèle combien son assurance de casseur d'assiettes est affectées, feinte, jouée et fragile. La vérité de Duroy, c'est qu'il est aux abois, pauvre parmi les pauvres, mais que son orgueil le pousse à jouer pour les autres et pour lui- même un personnage qu'il ne peut plus revivre. Le double jeu, l'hypocrisie, sont alors beaucoup moins de vices du caractère que des nécessités stratégiques qui lui permettent de gagner du temps et peut être faire des connaissances qui pourraient l'aider à sortir de la misère. [...]
[...] Lecture analytique : Incipit de Bel-Ami de Maupassant, chapitre Quand la caissière mauvais sujet des romans populaires. Question posée : En quoi cette ouverture permet-elle de manifester pleinement ses choix de romancier ? Introduction : Pupille de Flaubert, puis bien intégré dans le cercle des écrivains naturalistes, Boules de Suifs parait dans les Soirées de Médan, en 1880, Guy de Maupassant sait dégager sa personnalité des principes de toute école : voyons comment, ici, en 1885, dans Bel-Ami, il pratique, sans ménagement pour le lecteur, mais brutalement, à l'image même du personnage, l'entrée en scène du protagoniste Georges Duroy, destiné par l'auteur à accomplir une carrière de météore dans une société médiocre et féroce. [...]
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