Ce texte a pour sujet principal la construction du discours journalistique. Il a pour objet de montrer que ce qui importe, dans l'acte de communiquer une information, est moins le contenu que l'on cherche à véhiculer que la forme du code que l'on utilise pour le véhiculer. En somme, il semblerait que l'information ne réside pas véritablement dans le message, mais bien plutôt dans la forme du message. Les auteurs nous conduisent à cette idée de façon progressive. Ils partent de l'information dans son aspect textuel pour aboutir à une approche graphique, puis visuelle de l'information qui tend à démontrer que l'information est bien davantage véhiculée par la forme des messages que par leurs contenus. Pour cela, ils commencent par caractériser le travail des journalistes en montrant que leur travail de production de l'information consiste moins à faire la relation du réel qu'à mettre en forme des discours préexistants. Ensuite, les auteurs montrent que la mise en forme des discours qu'est la mise en page est un vecteur d'information absolument essentiel. Enfin, ils se penchent sur le problème de l'illustration, et poussent en quelque sorte leur analyse formaliste jusqu'au bout en démontrant la capacité d'une photographie à véhiculer de l'information.
[...] En outre, les dépêches connaissent un système de hiérarchisation universel Il y a les nouvelles ordinaires les urgents les bulletins et les flash Ces quatre degrés de priorité de l'information sont codifiés et traités par l'informatique dans leur ordre d'urgence. Ce tri suppose que les journalistes aient des critères précis et universels pour que les dépêches puissent être correctement traitées. On le voit, l'information n'est pas seulement la simple modification d'un discours préalablement établi comme nous le disions, elle est également une construction issue de l'aménagement et de la hiérarchisation de renseignements disparates. [...]
[...] La première chose à dire est que les agences ont des clients extrêmement variés, et que si elles veulent tous les satisfaire, elles doivent se tenir à une très grande neutralité. Par conséquent, dans la rédaction d'une dépêche, l'émetteur doit être le plus absent possible de l'information qu'il donne, et le destinataire également ne doit pas apparaître. La dépêche est donc un type de communication où les deux actants doivent être gommés, ce serait un message purement référentiel, totalement neutre. [...]
[...] Il apparaît que d'une certaine manière c'est moins le contenu du journal que sa forme qui définit sa personnalité et permet de l'identifier. L'idée de base est que a page du journal, dans sa spatialité, constitue une figure, c'est-à-dire une forme perceptible par la vue, qui est en même temps une figuration de l'information que l'on peut dire rhétorique. La mise en page n'apporte pas une plus-value à l'information, elle n'en est pas une simple mise en valeur. L'information n'existe que mise en page. Elle acquiert, du seul fait de sa coexistence avec d'autres informations sur la page, un relief particulier. [...]
[...] Cette distinction recouvre la distinction presse populaire et presse d'élite. Il suffit de pense à la différence qu'il y a entre une page du point et une page de voici. La possibilité qu'a le journal de répartir son espace entre des surfaces diverses et hiérarchisées est un des lieux importants du pouvoir d'informer, qui est avant tout pouvoir de séparer, de distinguer. Sa force étant que comme le journal est statique, son organisation spatiale, les distinctions qu'il propose semblent naturelles. Le caractère principal de l'information est d'afficher la différence. [...]
[...] Ils disent que c'est la place que l'on accorde à l'information dans le journal qui fait de cette information un événement. La distribution des surfaces, en dehors de la simple différence d'importance qu'elle permet d'accorder aux informations, peut également relever de choix idéologiques fondamentaux. Lorsqu'un journal affiche une grande dispersion des surfaces, sans symétrie ni ordre apparent, il donne l'impression de se contenter de ne faire qu'enregistrer les événements. La page, comme une sorte de sismographe, donne plus ou moins d'importance aux événements selon l'importance qu'ils ont dans le réel. [...]
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