Doré, au XIXe siècle, entreprend l'illustration du recueil pour les besoins de l'édition Hetzel, illustration composée de quarante gravures, plus le frontispice. Mais dans quelle mesure les illustrations de Doré sont-elles fidèles aux contes ? Dans une première partie, nous verrons que l'illustrateur est fidèle à ces contes et ensuite, dans une seconde partie, nous verrons qu'il s'en éloigne quelque peu (...)
[...] Doré suit même Perrault sur certains moments du contes que l'on peut juger peu importants mais que Perrault a voulu mettre en scène. Par exemple, dans Le Chat Botté, la présence de l'ogre avec les plats en surnombre peut paraitre inutile. Pourtant les deux artistes le mettent en scène. Surtout, Doré illustre les personnages que Perrault présente dans ses contes. En effet, les personnages secondaires sont très peu représentés par rapport aux personnages principaux. Dans Le Chat Botté, le maître n'apparait qu'une seule fois en arrière plan, le chat est beaucoup plus mis en avant. [...]
[...] Ainsi, une des seules illustrations du merveilleux, qui se trouve dans le conte du Chat Botté, n'est pas crédible et vise plus à ridiculiser le merveilleux plutôt qu'à le mettre en valeur. En effet, l'immense taille de l'ogre, la surcharge de la nourriture et la présence de bébés morts est de nature à rendre ridicule cette scène que Doré devait trouver superflue. Mais il n'y a pas que le merveilleux qui constitue les libertés que prend parfois l'illustrateur. En effet, il est possible pour le lecteur de remarquer la distance que prend parfois Doré vis-à-vis des Contes. [...]
[...] On peut, par exemple, s'appuyer sur l'illustration dans La Belle Au Bois Dormant, lorsque le jeune prince arrive dans la salle où tout est figé dans le temps. L'action et l'illustration sont quasiment similaires. En outre, Doré représente bien es sentiments et les sensations que Perrault a voulu faire passer au sein de ses Contes. On peut prendre pour exemple la volonté de la part de l'auteur de créer un monde spécifique au conte, notamment en instaurant une ambiance inquiétante. [...]
[...] Cependant, malgré cette minutie du détail, le travail de Doré prend quelques libertés, en ne représentant pas toujours toutes les grandes étapes du récit, ou en illustrant autre chose de ce qui est écrit par Perrault. On ne peut donc pas affirmer que le travail de Doré est la copie exacte illustrée des Contes, mais qu'il constitue une œuvre à part entière, tout en restant très fidèle à l'œuvre première. Ainsi, il est possible de penser que le rôle de l'illustrateur est beaucoup plus poussé et réfléchi que ce qu' l'on pourrait croire. [...]
[...] Effectivement, on peut remarquer que la fin des contes n'est jamais représentée : le dénouement est passé sous silence par Doré, qui jugeait autrement que Perrault à ce sujet. Ainsi, dans Le Petit Poucet, Le Petit Chaperon Rouge ou encore Les Fées, la fin n'est pas illustrée, ces passages ne sont pas pris en compte. Ensuite, on peut voir que Doré prend quelques libertés vis- à-vis des contes. Premièrement, le côté merveilleux des Contes n'est pratiquement pas représenté, alors qu'une des fonctions principales des Contes, pour Perrault, est l'amusement qui passe pour beaucoup par le merveilleux. [...]
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