L'Île des Esclaves, Scène VI, Marivaux, esclaves singeant les maîtres, satyre de l'aristocratie
Les esclaves poursuivent le jeu de l'inversion des rôles en l'absence de Trivelin (« seigneur Iphicrate » l.1, « mon Arlequin » l.3, « ma suivante » l.7). Mais alors que Trivelin avait donné un but moral au jeu, les esclaves en font un jeu de séduction dont le but est de créer un désir amoureux (« si je devenais amoureux de vous » l.14, « traitons l'amour à la grande manière » l.19).
[...] Préparation de la scène (l.15-48) : Arlequin et Cléanthis déterminent le thème de la scène par le ton (l.20-21) ; ils choisissent les accessoires, les sièges (l.23-24), les mouvements des personnages (l.32), l'espace de la scène (l.45) et les spectateurs qui seront Iphicrate et Euphrosine, qui sont essentiels. Dans ce passage, Arlequin et Cléanthis ont été auteurs et metteurs en scène. Cléanthis a une position dominante : c'est elle qui donne la plupart des indications en utilisant l'impératif (l.16-l.19) Les personnages jouent la scène (l.49-80), ils sont acteurs. Les attitudes de Cléanthis et Arlequin diffèrent : Cléanthis joue sérieusement tandis qu'Arlequin est à la fois acteur et spectateur il interrompt la scène pour rire et s'applaudir (l.58-l.61-l.80). [...]
[...] Il ne se prend pas pour un grand seigneur contrairement à Cléanthis mais il est ridiculisé par son imitation du langage aristocratique car il ne se rend pas compte de ses maladresses je m'applaudis l.61, des sièges et des fauteuils l.28) Vocabulaire de la domination nous sommes assez forts l.99) : il adopte la loi du plus fort dont il a été victime et ne manifeste aucun doute sur les sentiments d'Euphrosine à son égard. Conclusion : Cette scène marque un basculement : ce ne sont plus les esclaves mais les maîtres qui apparaissent comme les victimes gestes d'étonnement et de douleur l.47). Tandis que les esclaves se montrent ridicules et odieux dans leur volonté d'adopter les pires côtés de leur maître (la vanité, la coquetterie, la domination). Leçon sur la nature humaine : le pouvoir rend l'Homme mauvais. [...]
[...] Une rupture de ton comique est produite. II/ La satyre de l'aristocratie Le but affiché par Arlequin est de nous moquer de nos patrons (l.41- les imiter pour les tourner au ridicule Une parodie de scène galante La scène jouée reprend les étapes d'une scène de séduction : la promenade (l.49), les compliments (l.53-57) ; les protestations de la femme : agenouillement et déclaration d'amour (l.73-75) ; reprise des clichés du langage galant : jour tendre (l.51), métaphore de la flamme (l.75) et du feu ; jeu de mots galants (l.53) Comique du dialogue avec la caricature des maîtres mais aussi de la maladresse d'Arlequin qui rend ridicule le discours amoureux (Exemples : le juron palsambleu (l.56) rompt le ton tendre et soutenu de la réplique ; mes flammes (l.75) est incorrecte pour désigner l'amour) La critique des mœurs aristocratiques Critique de la fausse pudeur, de l'hypocrisie. [...]
[...] L'Île des Esclaves - Marivaux Scène VI : Les esclaves singeant les maîtres Problématique : Comment cette nouvelle mise en abîme aboutit-elle à la critique des maîtres et des esclaves ? Le détournement du jeu Un changement de thème et d'enjeu Les esclaves poursuivent le jeu de l'inversion des rôles en l'absence de Trivelin seigneur Iphicrate l.1, mon Arlequin l.3, ma suivante l.7). Mais alors que Trivelin avait donné un but moral au jeu, les esclaves en font un jeu de séduction dont le but est de créer un désir amoureux si je devenais amoureux de vous l.14, traitons l'amour à la grande manière l.19). [...]
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