Amin Maalouf, Les Identités meurtrières, oeuvre picturale, êtres humains, chrétienté, christianisme, roman, islam, Rubens, identité
L'essai d'Amin Maalouf, Les Identités meurtrières, publié une première fois en 1998 chez Grasset, a été réédité en 2001 dans la collection « Le Livre de poche ». La une de couverture reproduit l'oeuvre du peintre flamand Peter Paul Rubens (1577-1640), Caïn tuant Abel (1608-1609). Le mythe biblique du meurtre d'Abel par Caïn est célèbre : les deux frères, fils d'Adam et Eve, sont tous deux paysans, l'un, Caïn, cultivant la terre, l'autre, Abel, étant berger. Lors d'une offrande faite à Dieu, Caïn présente des produits de sa terre, Abel des agneaux et leur graisse. Dieu accepte l'offrande d'Abel et rejette celle de son frère. Caïn ne parvient pas, malgré les conseils d'Abel, à dominer sa jalousie. Il attire celui-ci dans un piège, et le tue. Ce premier meurtre, meurtre originel, est sévèrement puni par Dieu. Caïn est chassé de sa terre fertile et devient un vagabond.
[...] Né au Ier siècle en Judée, il se développe à partir du IIe siècle dans une large partie du monde occidental, à commencer par l'Empire Romain, jusqu'à devenir religion officielle dans l'Europe du Moyen-Age. Il combat durant des siècles les deux autres religions monothéistes, le judaïsme et l'islam. Islam: l'islam, fondé sur le Coran, est instauré au VIIe siècle en Arabie par le prophète Mahomet. Jusqu'aux colonisations européennes du XVIIIe et XIXe siècle, la religion musulmane des califats favorise l'essor d'une culture scientifique, philosophique et artistique d'une grande richesse. Puis, dominé par les grandes puissances occidentales, il s'étiole, tout en restant la religion d'une grande partie de la population de la planète. [...]
[...] Les valeurs qui concernent tous les hommes « priment tout »9. Mais il y a lieu de s'opposer à l'hégémonie (américaine) créatrice d'un « unanimisme bêtifiant »7. Le monde futur reste un point d'interrogation : « Allons-nous vers un monde meilleur ou vers « le meilleur des mondes »? »8 Dans « Apprivoiser la panthère », l'auteur poursuit cette réflexion. Il remarque que tout le monde, à notre époque, se sent « un peu minoritaire, et un peu exilé »9. [...]
[...] Dans Quand la modernité vient de chez l'Autre, l'auteur aborde l'histoire - conjointe ou parallèle - du christianisme et de l'islam. Car bien avant de devenir le symbole de la démocratie et des droits de l'homme, l'Occident chrétien a commis, au nom de la religion ou de l'idéologie, les pires atrocités. Durant cette période qui s'étale sur de nombreux siècles, l'islam au contraire avait développé une civilisation pacifique et raffinée. « L'islam avait établi un « protocole de tolérance » à une époque où les société chrétiennes ne toléraient rien. [...]
[...] » Un peu plus loin, il constate avec épouvante que « nous sommes déjà en sursis. ». C'est que, depuis 1998, la dégradation de la planète et de l'équilibre géopolitique s'est gravement accentuée. L'Occident et l'Islam s'affrontent dans des guerres sans issue. «Il importe peu, aujourd'hui, de savoir s'il faut blâmer l'aveuglement séculaire des sociétés arabes, ou bien l'avidité séculaire des puissances occidentales. » 11 La réconciliation rêvée par Amin Maalouf, l'avènement d'un être humain universel, singulier par ses multiples appartenances mais citoyen de la Terre, semblent impossibles. [...]
[...] »5 Dans la troisième partie, « Le temps des tribus planétaires », Amin Maalouf s'éloigne de l'analyse historique pour aborder une réflexion philosophique sur le temps présent. Il appelle de ses voeux la possibilité de « séparer le religieux de l'identitaire »6 Il estime que notre époque, qui est celle de la mondialisation, se caractérise par un besoin conjoint de spiritualité et d'universalité. Il souhaite qu'il devienne possible de « satisfaire autrement le besoin d'identité »8 : chacun, possédant ses multiples appartenances singulières, mais au sein de l'appartenance commune à l'espèce humaine, possèderait un double faisceau d'appartenances : le premier vertical, ce qui rattache une personne à ses traditions et à ses ancêtres; le second horizontal, ce qui la rattache à son époque et aux modes de vie contemporains de par le monde. [...]
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