La vertu morale est un produit de l‘habitude, elle n‘est pas innée : par exemple, la trajectoire d‘une pierre ne peut pas être rendue autre par l‘habitude, la pierre finira toujours par tomber : « Rien de ce qui existe par nature ne peut être rendu autre par l‘habitude ».
« Ce qui survient en nous par nature, nous le recevons d‘abord à l‘état de puissance, et c‘est plus tard que nous le faisons passer à l‘acte » : dans les choses qui nous viennent par nature, les sens par exemple, la puissance précède l‘acte ; dans les choses qui proviennent de l‘habitude, l‘acte au contraire précède la puissance.
[...] Celui qui n'est pas au juste milieu n'est pas répréhensible, il convient juste de ne pas être trop aux extrêmes. « Mais nous en avons dit assez pour montrer que l'état qui occupe la position moyenne est en toutes choses digne de notre approbation, mais que nous devons pencher tantôt vers l'excès, tantôt vers le défaut, puisque c'est de cette façon que nous atteindrons avec le plus de facilité le juste milieu et le bien. [...]
[...] Il est difficile de se débarrasser de l'aptitude au plaisir car elle a grandi avec nous. « Nous mesurons nos actions, tous plus ou moins, au plaisir et à la peine qu'elles nous donnent » « Il est plus difficile de combattre le plaisir que les désirs de son cœur, suivant le mot d'Héraclite ; or la vertu, comme l'art également, a toujours pour objet ce qui est plus difficile, car le bien est de plus haute qualité quand il est contrarié » Pour effectuer un acte moral, « il faut encore que l'agent lui-même soit dans une certaine disposition quand il les accomplit : en premier lieu, il doit savoir ce qu'il fait ; ensuite, choisir librement l'acte en question et le choisir en vue de cet acte lui-même ; et en troisième lieu, l'accomplir dans une disposition d'esprit ferme et inébranlable ». [...]
[...] La possession de vertu suppose un exercice antérieur, c'est en faisant les choses qu'on apprend à les faire : « c'est en construisant qu'on devient constructeur » et « c'est en pratiquant les actions justes/courageuses que l'on devient juste/courageux ». Il faut cependant noter le besoin d'un maître, sans quoi on est par nature bon ou mauvais dans un art, car les moyens qui sont à l'origine de la production sont les mêmes que ceux qui l'amène à sa destruction : exemple de la cithare, le jeu produit des bons ou des mauvais cithariens. [...]
[...] « Ainsi donc, le courage se perd également par l'excès et par le défaut, alors qu'il se conserve par la juste mesure » Ainsi, la vertu est « celle qui tend à agir de la meilleure façon au regard des plaisirs et des peines », quand le vice fait tout le contraire. Des facteurs entraînent nos choix (beau, utile, plaisant) et nos répulsions (laid, dommageable, pénible) : l'Homme vertueux pourra ne pas faillir au beau/utile/plaisant contrairement au méchant, qui faillit surtout au plaisir. [...]
[...] « L'homme courageux, par rapport au lâche apparaît téméraire, et par rapport au téméraire, lâche ( ) De là vient que ceux qui sont aux extrêmes poussent respectivement celui qui occupe le milieu vers l'autre extrême » Il existe trois dispositions, le vice par excès, le vice par défaut, et la vertu. La vertu est médiété entre deux vices, et « voilà pourquoi c'est tout un travail que d'être vertueux ». La vertu passe par l'essai : on se rapproche d'un bord, si on est dans le trop peu alors il faut tendre vers l'autre côté et on change de cap, etc. Pour savoir de quel côté on penche naturellement, on évalue le plaisir ou la peine : la sensation du plaisir implique un changement de cap. [...]
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