Hymne à la beauté, Charles Baudelaire, art du blason, charme physique féminin, esthétisation du monde
Avec Les Fleurs du Mal, dont les deux éditions successives (1857, 1861) se situent chronologiquement dans la période post-romantique, Baudelaire ouvre la voie de la modernité en poésie, car il écrit encore des poèmes à forme fixe (comme le traditionnel sonnet), s'inspire de figures mythologiques comme l'ont fait les Romantiques auxquels il s'apparente par certains de ses thèmes (l'Ailleurs « À une passante », l'exotisme [« Parfum exotique », la mélancolie les 4 « Spleen » et le titre de la 1re section du recueil : « Spleen et Idéal »]…), adopte volontiers un style baroque (« Le Masque / Statue allégorique dans le goût de la Renaissance » XX, « Le Beau est toujours bizarre »). Cependant, il prend des libertés même avec les formes fixes auxquelles il peut être très attaché (à la limite du formalisme parnassien) en multipliant les écarts métriques et, surtout, en donnant ses lettres de noblesse à la poésie en prose avec une sorte de « recueil parallèle » aux Fleurs du Mal : les Petits poèmes en prose ou Le Spleen de Paris. Par sa dédicace liminaire à Théophile Gautier (« Au poète impeccable ») et quelques poèmes (« Les Phares »), il rend hommage au Parnasse. Mais il annonce aussi les inspirations réalistes (« À une mendiante rousse »), voire, naturaliste (« Une charogne »), et symboliste (« La Beauté », L'homme y passe à travers des forêts de symboles v. 3 des « Correspondances »). Le poème paraît en octobre 1860 dans L'Artiste et est absent de la première édition des Fleurs du Mal (1857), la condamnation du recueil après sa première parution ayant rendu Baudelaire, en proie à un sentiment d'injustice, plus incisif.
[...] ( Ici, la généralisation se produit à nouveau au dernier vers du quatrain par le recours à des pronoms indéfinis. Tu marches sur des morts, Beauté, dont tu te moques ; De tes bijoux l'Horreur n'est pas le moins charmant, Et le Meurtre, parmi tes plus chères breloques, Sur ton ventre orgueilleux dans amoureusement. ( Le poème devient de plus en plus descriptif au fur et à mesure que le portrait devient précis ( hypotypose avec des détails (cm les breloques pour représenter la Beauté, non plus comme une abstraction mais comme une femme. [...]
[...] L'Idée du Beau, splendeur du Vrai selon Platon. Cette lumière, métaphore de la vérité, se retrouve à pls reprises : Sors-tu du gouffre noir ou descends-tu des astres ? Le fond de l'interrogation reste le même, mais le contraste s'enrichit d'une nuance visuelle : les astres lumineux, s'opposent aux ténèbres du gouffre noir Baudelaire explicitera par la suite ce contraste : la Beauté attire par sa lumière (elle charme, ses bijoux miroitent, elle éblouit) mais, comme Satan, fait sombrer dans le mal (la noirceur morale), l'horreur, la mort. [...]
[...] Beauté du crime (sadisme), vertige de l'horreur et de la mort (masochisme). Focalisation du regard sur le ventre de la déesse, qui est vie (il danse, il est animé, il est source d'énergie vitale) et qui est mort (sûr de sa puissance d'attraction charnelle, il nargue, entraîne, hypnotise, et tue). Tous ces thèmes se fondent dans le dernier vers, où les mots et les sons s'entrecroisent, le verbe danse, accentué en position de septième syllabe, servant de pivot au mouvement final : Sur ton ventre orgueilleux danse amoureusement. [...]
[...] Le 1er de ces vers suggère la démarche de la Beauté par harmonie imitative. Alors que les allitérations marquent le mouvement rythmique, l'assonance en mots / moques souligne le cruel contraste du sens en rapprochant les sons (paronomase : fig. de style qui consiste à rapprocher des paronymes ou mots se ressemblant à un son près), et la place du mot Beauté, dressé au milieu du vers, semble reproduire la hauteur dédaigneuse et altière de la déesse foulant ses victimes : Tu marches sur des morts, Beauté, dont tu te moques ; ( les 2ème et 3ème vers parachèvent le portrait de la Beauté en lui prêtant comme appâts ce qui, classiquement, est considéré comme laid : l'horreur, le crime. [...]
[...] LECTURE REPRISE DE LA QUESTION POSÉE PAR L'EXAMINATEUR Hymne à la Beauté est-il un poème parnassien ? Charles Baudelaire célèbre-t-il la beauté dans ce poème ? Qu'est-ce que célèbre Charles Baudelaire dans son Hymne à la Beauté ? En quoi la vision de la femme / de la Beauté chez Baudelaire est-elle moderne ? Pour l'auteur des Fleurs du Mal, la Beauté est-elle du côté du Bien ou du Mal ? À la lumière de ce poème, essayez de définir le Beau pour Baudelaire ? [...]
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