Houellebecq économiste, Chapitre 4, épilogue, Bernard Marris, L’utile et l’inutile, Qui mérite la vie éternelle
En septembre 2014, Bernard Maris, qui allait disparaître le 11 janvier suivant dans l'attentat de Charlie Hebdo, publiait chez Flammarion un essai intitulé Houellebecq économiste. Il brosse dans cet ouvrage un portrait de l'écrivain en croisant sa vision de la société, telle qu'elle apparaît dans son œuvre, avec la pensée de grands économistes des deux derniers siècles.
[...] S'y opposèrent notamment les économistes historicistes comme Marx. Keynes, de son côté, utilisait l'image du calme après la tempête. Dans le mythe libéral, la tempête n'est jamais grave, puisqu'elle ne dure pas. Mais elle a pu faire des dégâts entre-temps. Mais Marx et Keynes sont méprisés par les courants majoritaires chez les économistes. Le capitalisme peut connaître des moments de paix. Qu'on ne s'y trompe pas : ils sont provisoires. La violence est abandonnée comme mode de règlement des conflits. [...]
[...] Ce sont eux qui font circuler l'obligation de produire comme celle de consommer. Ils sont des rouages essentiels de ce système. Il existe, pour Houellebecq, un rôle dans la société qui échappe à la notion d'utilité et d'inutilité. C'est celui de l'artiste. Il est ailleurs, hors champ écrit Maris. L'artiste selon Houellebecq, contrairement aux autres hommes, est celui qui peut voir la vérité à l'extérieur de la caverne de Platon. Le parasite, lui, vit dans un monde d'illusions et d'erreurs. Pour Keynes aussi, l'artiste se situe au sommet de la vie sociale. [...]
[...] On le voit bien dans les romans de Houellebecq : la vie n'est pas drôle, elle est même assez moche. Mais elle passe. Dure. Mais courte. Les hommes avancent donc vers la culture, vers les artistes, comme une compensation face aux difficultés de la vie. Qui mérite la vie éternelle, ou John Maynard Keynes (de nouveau) Bernard Maris concède que Houellebecq, l'écrivain, ne parle pas directement, bien sûr, d'économie. Son sujet de prédilection est celui de l'irréversibilité du temps. Le temps qui passe, l'impossibilité de revenir en arrière, bref l'inévitable dégradation, voilà le sujet phare de l'auteur, comme de toute la littérature. [...]
[...] Mais Houellebecq n'est pas chrétien. Il ne pardonne pas. Les souffrants ne sont pas pour lui meilleurs que les tortionnaires. La violence est même plus grande en bas qu'en haut. Le monde n'est pas composé de victimes sociales, mais de bourreaux et de victimes. Ceux qui pour Houellebecq méritent de survivre sont ceux capables de faire preuve de bonté, un terme qu'il chérit plus que tout autre. Pour lui, la face lumineuse, c'est la compassion Ce qu'a parfaitement compris Keynes, c'est que le capitalisme promet la vie éternelle. [...]
[...] Houellebecq économiste, Chapitre 4 et épilogue - Bernard Marris Une lecture de Houellebecq économiste de Bernard Marris En septembre 2014, Bernard Maris, qui allait disparaître le 11 janvier suivant dans l'attentat de Charlie Hebdo, publiait chez Flammarion un essai intitulé Houellebecq économiste. Il brosse dans cet ouvrage un portrait de l'écrivain en croisant sa vision de la société, telle qu'elle apparaît dans son œuvre, avec la pensée de grands économistes des deux derniers siècles. L'utile et l'inutile, Marx et Fourier Pour Houellebecq comme pour Marx ou Fourier, la création de valeurs n'est pas tout. [...]
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