Cette dissertation de littérature comparée se fonde sur des exemples tirés de trois oeuvres tragiques : "Œdipe roi" de Sophocle, "L'insomniaque" de Anne-Marie Garat et "Les trois enquêtes du chevalier Dupin" d´Edgar Allan Poe.
Extrait : "Par opposition à sa réputation, le tragique ne se réduit pas à l'atrocité d'une action. Une catastrophe, tels une disparition, ou un crime peuvent être tragiques. Mais tout dépend du contexte dans lequel ils se produisent. Concernant les œuvres que nous allons étudier, soit Œdipe Roi de Sophocle, Les trois enquêtes du chevalier Dupin de Poe et l'Insomniaque d'Anne-Marie Garat, le tragique fait sens même si ce ne sont pas toutes des œuvres tragiques à l'origine. En effet, nous pouvons dégager une puissance pathétique au sein de ces œuvres dans lesquelles l'horreur a sa place. Laurent Jenny, à propos des fins de tragédie dans La Terreur et les signes, poétique de rupture, décrit un moment où « l'horreur s'épure dans sa propre formalisation, et qui rend foncièrement ambiguë toute victoire des signes sur l'insignifiable ». Ainsi lorsque l'horreur se dévoile à nous dans sa totalité, celui-ci disparaît selon Laurent Jenny. Cela crée un paradoxe dans le sens où ce que l'on connaît enfin disparaît. Cependant l'horreur disparaît-elle vraiment lorsqu'elle se dévoile enfin à nous, disparition qui tiendrait lieu d'un paradoxe concernant la victoire des signes sur l'insignifiable ? Dans un premier temps nous analyserons la place de l'horreur à la fin des œuvres étudiées. L'horreur est bel et bien présente à la fin de ces oeuvres. Ensuite nous nous demanderons dans quelles circonstances l'horreur perd sa place à la fin de ces œuvres. Enfin dans un troisième temps nous verrons en quoi cette disparition de l'horreur qui s'affirmait enfin rend paradoxale la victoire des signes sur l'insignifiable."
[...] L'horreur qui en fait partie s'achève donc obligatoirement avec elle. Cependant, cette horreur est tout de même décrite avec précision à la fin de ces trois œuvres précédemment citées. Même si l'horreur s'achève, elle reste ancrée à l'intérieur de l'œuvre fictive. Une œuvre fictive qu'elle soit romanesque, théâtrale ou encore poétique est faite pour être lue. Un auteur en l'écrivant, même s'il écrit de manière hermétique, écrit pour certaines raisons, dont la principale est celle d'être lue. Il est clair que l'approche précédente concernant la fiction que l'on oublie à cause du mensonge qu'elle nous offre, ne convient pas lorsque nous étudions l'œuvre fictive. [...]
[...] Ainsi, l'horreur dans une tragédie ou dans une œuvre tragique ne peut pas disparaître toute à la fin, car c'est justement à la fin qu'elle se révèle. Une œuvre est faite pour être lue sans qu'on l'oublie, elle doit procurer quelque chose au lecteur, de plus un thème comme celui de l'horreur est tellement fort qu'il est inoubliable. Cela nous montre que dans la narration il est impossible que l'horreur disparaisse. Cependant concernant les personnages et le lecteur, une autre approche sur la disparition de l'horreur s'offre à nous. [...]
[...] On ne connaît l'histoire des crimes dans leur totalité qu'aux fins des enquêtes. Par exemple dans la première enquête nommée double assassinat dans la rue morgue nous découvrons seulement à la fin qu'il s'agit d'un orang-outang ramené d'un voyage par un marin qui a tué madame et mademoiselle l'Espanaye. De même Fernet dans l'insomniaque a de multiples souvenirs qui le hantent. Le souvenir le plus fort arrive forcément à la fin, car tous lui sont liés, il s'agit de la disparition de sa bien-aimée Clémence. [...]
[...] Enfin dans un troisième temps nous verrons en quoi cette disparition de l'horreur qui s'affirmait enfin rend paradoxale la victoire des signes sur l'insignifiable. Dans les tragédies, tel Œdipe Roi de Sophocle, ainsi que dans les deux autres œuvres étudiées, le thème de l'horreur est omniprésent. En effet dans Œdipe Roi tout tourne autour de la mort du père d'Œdipe et de son inceste avec sa mère. De même, l'œuvre de Poe, qui est un roman policier, n'a pour sujet que des crimes à résoudre. [...]
[...] Laurent Jenny, à propos des fins de tragédie dans La Terreur et les signes, poétique de rupture, décrit un moment où l'horreur s'épure dans sa propre formalisation, et qui rend foncièrement ambiguë toute victoire des signes sur l'insignifiable Ainsi lorsque l'horreur se dévoile à nous dans sa totalité, celui-ci disparaît selon Laurent Jenny. Cela crée un paradoxe dans le sens où ce que l'on connaît enfin disparaît. Cependant l'horreur disparaît-elle vraiment lorsqu'elle se dévoile enfin à nous, disparition qui tiendrait lieu d'un paradoxe concernant la victoire des signes sur l'insignifiable ? [...]
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