Jean de La Fontaine (1621-1695) est un poète français de la période classique dont l'histoire littéraire retient essentiellement les Fables et dans une moindre mesure les Contes licencieux. On lui doit cependant des poèmes divers, des pièces de théâtre et des livrets d'opéra qui confirment son ambition de moraliste.
En 1668, il publie son premier recueil de fables sous un titre modeste : Fables choisies, mises en vers par M. de La Fontaine. Ces 124 apologues forment les six premiers livres des fables. Le succès fut immense et l'on dénombrera plus de quarante éditions du vivant de La Fontaine. En 1678 et 1679, il publie le deuxième recueil de Fables qui correspond aux livres VII et XI des éditions actuelles.
En 1683, il est élu à l'Académie française, mais Louis XIV n'acceptera cette élection qu'après celle de Boileau le 17 avril 1684).
Les Fables, l'œuvre la plus connue de La Fontaine reprend ce même art de l'allusion et de la suggestion déjà présent dans ses Contes, mais avec plus d'ampleur et de profondeur : les Fables, en effet, loin de se limiter au seul thème gaulois, considèrent toute la condition humaine et embrassent toute la création. Pourtant, rien ne semblait destiner les Fables à un tel rayonnement : c'était un genre scolaire et que beaucoup voulaient vouer à la prose. La Fontaine va élever l'apologue à la dignité des grands ouvrages et lui donner un nouveau public, celui des honnêtes gens, cultivés mais ennemis du pédantisme. Pour y parvenir, il va renouveler le genre, en « l'égayant » de deux façons : le recours au vers irréguliers et surtout l'invention d'un art du récit qui sollicite constamment l'intérêt du lecteur. La narration est à la fois rapide et étendue, entrecoupée de digressions, de commentaires en surimpression, et de tout un discours en contre-point, relié à l'apologue par un sens incomparable de la transition.
[...] La lime c'est le personnage de la raison, en opposition au serpent qui agit sans réfléchir. C'est elle que l'on agresse et pourtant elle ne s'énerve pas, choisissant de raisonner l'agresseur et de le mettre face à sa propre bêtise. Un sens caché qui affleure A la fin de son intervention, la lime évoque le temps : Je ne crains que celles du temps v13 ; celles devant être rapprochées de dents v13. Ainsi donc la lime déclare qu'elle ne craint que les conséquences que le temps pourrait avoir sur elle. [...]
[...] Il est ainsi ridiculisé par la lime qui symbolise la force et la sagesse. La question rhétorique au vers 7 Que prétends-tu faire ? rend bien compte de la bêtise du serpent : elle lui pose la question qu'il aurait dû se poser avant de passer à l'action. La lime, une moraliste On pourrait voir dans la parole de la lime comme une morale, située après l'histoire précédemment racontée. La morale serait qu'il ne faut pas s'attaquer à plus fort que soi et qu'il ne faut pas se sentir toujours supérieur aux autres. [...]
[...] De plus, il revendique à travers cette fable son indifférence puisqu'il dit que seul le temps peut juger ses œuvres. Donc les critiques peuvent fleurir, elles n'atteindront ni les ouvrages, ni lui-même. Dans un conte de 1674, Pâté d'anguille, La Fontaine répète ce refrain : Diversité, c'est ma devise. Mais quoi de plus naturel pour un auteur talentueux comme La Fontaine de devoir essuyer les critiques des jaloux ; car c'est bien de talent dont il s'agit : La Fontaine a su s'approprier un genre mineur datant de la nuit des temps (les sociétés primitives, en effet, le pratiquaient déjà, du moins sous la forme orale) ; il a su en faire un genre digne d'être apprécié par les plus grands du royaume de France. [...]
[...] On pourrait voir la lime comme la métaphore de l'œuvre de La Fontaine. Mais il apparait aussi à travers le discours du fabuliste qu'il existe de fortes similitudes entre la lime et le conteur : en effet, tous deux posent des questions rhétoriques à leurs adversaires : La lime : - Pauvre ignorant ! Et que prétends-tu faire ? v7 Le poète : - Croyez vous que vos dents impriment leurs outrages Sur tant de beaux ouvrages ? v17-18 Ce sont tous deux des adversaires redoutables qui sont trop forts pour que l'on puisse les atteindre : Vous vous tourmentez vainement v16 ( ils sont indifférents aux attaques extérieures. [...]
[...] De plus, à la suite d'Esope, La Fontaine use en permanence du procédé allégorique, sur lequel se fonde la fable : la description du monde animal n'y vaut pas pour elle-même, mais par ce qu'elle révèle du monde humain. La fable qu'il s'agira d'étudier s'intitule Le Serpent et la Lime ; il s'agit de la fable 16 du livre V située dans le premier recueil des Fables. Pour cet apologue, La Fontaine s'est inspiré de deux fables d'Esope, La Vipère et la Lime et La Belette et la Lime. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture