L' héritage est un conte extrait du recueil des Contes d'Amadou Koumba de Birago Diop. On peut affirmer que dans ce recueil, il s'agit du dernier conte dont le sujet central est en relation avec la tradition, les “mythes” africains. Ce conte est en dehors d'une temporalité précise par rapport au conte suivant, Sarzan, qui est déjà ancré dans le temps du colonialisme. Par rapport à celui-ci, le conte L' héritage a des thèmes qui lui sont propres, il sera donc intéressant, dans un premier temps, d'en faire une analyse thématique. Le conte est aussi à l'origine une expression orale et nous verrons dans quelle mesure nous rencontrons ce fait dans le texte écrit. C'est donc ce que l'on peut appeler, en quelque sorte, une analyse “linguistique” qui sera l'objet de notre deuxième partie. Et, enfin, il est indispensable d'étudier la structure du conte afin d'en comprendre le “mécanisme”, ce que nous ferons dans un troisième temps, sous la forme d'une analyse structurelle.
[...] Poésie souvent oralisée par le griot dans la culture africaine. En ce qui concerne l'oralité dans ce conte, nous décomposerons notre étude ainsi : la poésie, l'écrit décelable dans le conte, l'oralité dans L'héritage et , enfin, les rapports du conte avec les auditeurs. La poésie est présente dans ce conte par l'intermédiaire de figures de style, elle est amplifiée par les comparaisons dans les cases, blotties comme des poussins peureux les métaphores ( les souffles qui portaient la nuit s'attardaient au faîte du tamarinier les images poétiques dues à des concepts inversés ( près du foyer qui mourait, le vieux Samba s'éteignait ) ou à des antithèses ( il avait quitté la maison des vivants pour le pays des ombres le plus petit et le plus matériel opposé au plus étendu, au plus mystérieux et spirituel , ou encore, des allitérations ( flancs flasques Si tous ces effets poétiques sont liés à l'oral car ils frappent l'oreille et l'esprit des auditeurs, d'autres effets sont plus proches de l'écrit et plus difficilement perceptibles à l'oral. [...]
[...] Ainsi, on peut voir que certains effets mis en place sont en rapport direct avec les auditeurs. Le narrateur procède de plusieurs façons : tout d'abord, certains éléments ( A l'aube du huitième jour , lorsqu'ils trouvèrent , devant eux, soudain ) sont là pour signifier des temps précis du conte, soit ils renvoient à la temporalité du conte et son déroulement dans une chronologie, soit ils modulent le rythme du récit ; en tout cas, ils ont un même but : maintenir en éveil l'attention du lecteur ou/ et de l'auditeur. [...]
[...] Ceci est représenté par différents moyens : tout d'abord, les éléments évoquent un objet se référant à un style agraire, par exemple, le soleil comparé à une pastèque ; ensuite, les éléments du monde se comportent comme des humains, ils sont personnifiés l'herbe courbait encore la tête , de jeunes ruisseaux déjà réveillés se disputaient et jouaient à cache-cache , le soleil faisait son ménage , le ciel se lavait déjà le visage , l'ombre cherchait abri au pied des arbres ; ou encore, ils sont “humains” et entretiennent avec les hommes des rapports différents de don réciproque ( la terre nourricière est aussi la mère des hommes ) ou de nature semblable le foyer mourait le vieux Samba s'éteignait Et, plus souvent, les éléments, et plus particulièrement le soleil, suivent les actions et le voyage des trois frères; les étapes du voyage des frères sont marquées par la position du soleil dans le ciel l'aube le zénith le lever du soleil le coucher du soleil le crépuscule ) ; on peut remarquer qu'une seule fois le soleil leur indique la prochaine étape, or il s'agit de la pénultième étape, et, après la poursuite de la biche, c'est l'horizon qui est frangé par les cases pointues d'un village . Tout cet aspect mystérieux est renforcé par la présence de la mort. Cette mort physique est présente dans le passage de la mort de Samba. À travers la description métaphorique se laissent entrevoir les traditions africaines : l'âme va rejoindre la demeure des ancêtres guidée par les souffles. Et le début du conte insiste sur cette mort : sa dernière couche avant le sein de la terre révélant, ainsi, que les morts sont inhumés dans cette région. [...]
[...] Ce conte a une structure qui se décompose ainsi : après un changement ( la mort du père), il y a une motivation de l'action ( le mystère des outres) qui suscite un voyage ( l'éloignement avec pour ordre ; aller à la recherche de Keḿ Tanne) et c'est lorsque les personnages principaux sortent du village que l'aventure du conte commence ; lors de ce voyage, ils rencontrent divers “éléments” puis un adjuvant vient vers eux ( la biche) et, enfin, la quête est achevée, le manque est comblé, les divers éléments ont été reliés et expliqués. La trame du schéma narratif traditionnel est respecté. [...]
[...] Analyse du conte L'héritage de Birago Diop L'héritage est un conte extrait du recueil des Contes d'Amadou Koumba de Birago Diop. On peut affirmer que dans ce recueil, il s'agit du dernier conte dont le sujet central est en relation avec la tradition, les africains. Ce conte est en dehors d'une temporalité précise par rapport au conte suivant, Sarzan, qui est déjà ancré dans le temps du colonialisme. Par rapport à celui-ci, le conte L'héritage a des thèmes qui lui sont propres, il sera donc intéressant, dans un premier temps, d'en faire une analyse thématique. [...]
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