L'Herbe bleue, Béatrice Sparks, adolescence, récit, drogue, mal-être, toxicomanie, prostitution, mort
Ce court livre écrit dans une période sociale troublée retrace à la première personne les travers et la descente aux enfers d'une jeune femme liée à la découverte de la toxicomanie. C'est un texte qui sert de référence et de point d'entrée à ce sujet si particulier et si socialement présent dans les années 1970. L'anonymat de l'auteur constitue un moyen d'identification pour le lecteur et confère un certain degré de rapprochement et de confrontation au réel par rapport aux événements racontés. Il a un aspect intemporel tant la réalité du quotidien décrit peut se rapporter à des événements similaires aujourd'hui.
[...] Il l'a toujours écouté sans la juger et c'était ce dont elle avait le plus besoin. L'ultime essai pour se soigner a l'air de porter ses fruits, car elle entrevoit enfin un destin sans addiction alors qu'elle arrête d'écrire. La dernière note laissée est même pleine d'espoir, car elle a l'air d'être réhabilitée avec le but de devenir psychologue pour accompagner et aider d'autres jeunes à s'en sortir. Prête à aller vers les autres et à servir d'exemple, le dénouement est tout autre. L'auteure conclut l'ouvrage sur la perte d'Alice dans sa chambre dans des circonstances non précisées mais qui laissent grandement penser à un décès suite à une overdose. [...]
[...] L'engrenage de la drogue la condamne à partir du moment où elle y prend goût. Les cauchemars et les menaces qu'elle subit ne font qu'annoncer la catastrophe à venir. Face aux éléments qui se déchaînent contre elle, elle accepte la fatalité et sa disparition constitue presque l'ultime soulagement pour échapper à ce mauvais sort. La recherche d'identité poursuit également ce sujet avec un focus sur les adolescents et leur évolution vers la vie adulte. Ce nouveau cap effraie et amène des interrogations sur ses choix. [...]
[...] Les expériences de toute sorte sont poussées à l'extrême à tel point qu'elle semble désengagée et sortie de son propre corps. Le bonheur éphémère que cela procure est vite passé. La mort demeure aussi un fil conducteur de l'ouvrage. La disparition de ses grands-parents rappelle l'imminence de sa propre mort à Alice. La drogue revient continuellement dans sa vie malgré ses tentatives pour s'y soustraire ou pour la dénoncer. Elle la rattrape toujours et l'absence de drogue se traduit par le retour de ses craintes et par des rencontres hasardeuses et décevantes. [...]
[...] A mesure que sa dépendance s'accroît, elle intègre des cercles peu fréquentables qui vont la guider vers la décadence et la souffrance. Pour faire comme les autres et pour jouer lors d'une fête entre adolescents, la drogue entre petit à petit dans son quotidien pour se banaliser. Elle devient à son tour dépendante et fréquente d'autres toxicomanes pour consommer ensemble. C'est le début d'un cercle vicieux où Alice va commencer à sombrer entre prostitution et deal pour subvenir à son addiction et trouver de l'argent. Elle est encouragée en outre par un entourage malsain qui se sert d'elle. [...]
[...] La famille est un autre maillon essentiel du récit. Avec un père absent, une mère exigeante et des frères et s?urs à qui tout réussit, Alice a le sentiment d'être de trop et de ne pas recevoir la considération dont elle aurait besoin. Elle prend toutefois conscience de sa chance et de leur bienveillance quand elle fait la rencontre de la jeune et dés?uvrée Doris ayant connu des brimades familiales. Alice reprend régulièrement contact avec sa famille et notamment sa mère. [...]
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