Dans Histoire, le thème de la guerre se retrouve autour des trois faits historiques : la Révolution de 1917, la guerre d'Espagne et à travers la Seconde Guerre mondiale, l'auteur faisant lui-même partie de cette génération d'écrivains appartenant à la période de l'après-guerre de cette seconde guerre mondiale. Ainsi l'on retrouve dans ce roman de Claude Simon des focalisations sur certains personnages qui ont vécu la guerre. L'auteur mêle l'expérience personnelle, le vécu de ses personnages face à al guerre avec des faits historiques réels d'importance collective. Le titre même du roman est évocateur. Il est le signe d'un projet à la fois narratif et historique ; mais lorsque Simon aborde l'Histoire, il le fait particulièrement à travers la guerre et s'attache à en faire ressortir son côté violent et déshumanisant.
Que vise la représentation de la guerre dans Histoire ?
Nous verrons qu'elle ne vise pas le projet d'un roman historique mais qu'elle vise davantage un regard critique qui démystifie la guerre. Enfin nous terminerons par « la guerre des mots » qui s'opère dans Histoire où la crise historique devient aussi narrative.
[...] Pour Jean Starobinsky, il s'agit plutôt d'un chaos déterministe Dans article la journée dans Histoire il nous montre qu'il y a quand même un certain agencement des matériaux entre eux. Il y a bien tout de même une tentative de construction, d'essayer de mettre en ordre les différents faits. Un certain nombre de liens logiques sont le signe d'une tentative d'argumentation et de clarification comme l'historien doit faire un travail de tri avec ses matériaux pour les clarifier. Cependant la mise en forme de l'informe aboutit la plupart du temps à l'échec. Dans Histoire, l'écriture de la guerre est signe d'une crise à la fois historique et narrative. [...]
[...] Et l'on retrouve bien un certain malaise exprimé dans Histoire. Lorsque Jean Starobinsky parle de l'écriture simonienne, c'est pour la qualifier d'écriture du deuil et de la mélancolie Le malaise que provoquent les ravages d'une guerre, le lecteur peut aussi le retrouver dans ces différentes peintures de guerre et dans l'écriture simonienne elle- même emblématique du côté violent, brutal de la guerre. Lorsque Claude Simon aborde la thématique de la guerre dans Histoire c'est pour mieux la démystifier, pour la peindre dans toute sa violence, son dérèglement, son chaos. [...]
[...] Son langage devient le signe de la dissolution mais aussi de la violence. Celle-ci se voit notamment dans les ruptures de syntaxe et à travers une quasi-absence de ponctuation qui déroute le lecteur. La figure propre au souvenir est celle de l'anacoluthe, signe d'une rupture temporelle. Le côté brutal souligné dans l'expression cette chose sale, brutale renvoyant à la guerre pourrait aussi s'appliquer au langage simonien qui use des figures de rupture et associe le vocabulaire bas, sale à un vocabulaire parfois savant. [...]
[...] Ce monde est le monde des personnages dans Histoire mais aussi de l'écriture simonienne adoptée dans ce roman et en général. Chez Simon tout est guerre : guerre entre les personnages, guerre présente à travers trois grands faits historiques d'importance collective et guerre des mots qui cherchent à obtenir leur autonomie, à se réduire à de simples matériaux. L'écriture de la guerre et de destins liés à celle-ci, devient l'écriture de l'échec, du deuil comme on peut la retrouver chez Beckett ou Duras. [...]
[...] Le personnage qui participe à la guerre est dans Histoire évidé. L'épigraphe dans l'Herbe résume bien ceci : Personne ne fait l'histoire, on ne la voit pas, pas plus qu'on ne voit l'herbe pousser Pour décrire la guerre, Claude Simon ne le fait pas avec une focalisation zéro, externe mais il peint sa propre vision du monde et de la guerre sous un angle subjectif. Plus que raconter, retracer des faits historiques, ici Simon démystifie la guerre et par là même l'Histoire. [...]
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