Le Guépard, de Guiseppe Tomasi Di Lampedusa est un roman qui regorge de thèmes : l'eau, les animaux, les lettres… Ces thèmes, à priori anodins, évoquent en fait des faits beaucoup plus lourds en conséquences pour le roman. C'est le cas notamment du thème de la nourriture, thème central du roman, qui sera longuement décrit lors des nombreux dîners qui égrènent l'œuvre. Dès lors, devant la prédominance de ce thème, il convient de déterminer la place qu'occupe ce thème dans le roman. Pour ce faire, nous verrons d'abord en quoi la nourriture est un thème central dans le roman puis nous verrons que la nourriture n'est fait un reflet de la société sicilienne.
[...] La nourriture symbolise également cette lutte que la noblesse effectue pour assurer la pérennité de son ordre ; en effet que dire de la description de la gelée au rhum, présentée comme une forteresse menaçante, avec sa forme de grande tour soutenue par des bastions et des talus et qui est détruite à coup de canon et des blocs arrachés ? Cette description est bel et bien un signe de la lutte que l'aristocratie mène pour sa survie, même si, il faut en convenir, cette interprétation est extrapolée. Mais parlons également du gratin babélien ne fait-il pas référence à la tour de Babel, et donc n'est-il pas une représentation de la chute de l'aristocratie ? [...]
[...] Pourtant, il serait fâcheux de ne pas s'intéresser au thème de la nourriture, qui a une importance non des moindres. Tout d'abord ce thème revient à plusieurs reprises dans le roman : dans la première partie, au cours d'un dîner réunissant les membres de la famille Salina (hormis Giovanni, l'un des fils du prince partis à Londres), puis plus tard au cours d'un déjeuner. Ensuite, ce thème revient d'abord lors du retour du Père Pironne dans son village natal, puis lors de la réception organisée par le prince à son arrivée à Donnafugata, et qui voit le choc des titans qu'incarne la rencontre de Don Fabrizio et Don Calogero, deux représentants de conceptions siciliennes antagonistes. [...]
[...] Mais si le Guépard peut être considéré comme un roman de la fin, il peut être également considéré comme un roman du renouveau, un roman dont la fin serait de décrire la naissance d'une Sicile nouvelle. Etant donné que la société sicilienne ne fonctionne plus, le seul moyen pour la préserver est de la changer. Tancredi l'aura lui-même compris, Si nous voulons que tout demeure en l'état, il faut que tout change Le prince lui-même ne s'oppose à ce nouvel ordre des choses, il sait que son ordre est condamné, pour que la Sicile puisse renaître de ses cendres, il faut balayer l'ancien ordre, qui tombe en désuétude et qui ne s'accorde plus avec le monde tel qu'il est devenu. [...]
[...] La nourriture est décrite avec soin et attention, il n'est pas question pour le narrateur de passer sur la nourriture comme si ce n'était qu'un simple détail. Elle est présente en abondance, et les plats sont aussi divers que raffinés ; ainsi on trouvera des macaronis en forme de tour qualifiés de gratins babéliens des pyramides de langoustes des tables à thé des beignets dauphines des profiteroles et bien plus encore. L'abondance de la nourriture dans le roman offre à ce thème une place centrale, d'autant plus qu'elles reflètent en réalité la complexité de la société sicilienne. [...]
[...] Le Guépard de Lampedusa est un roman dépeignant la chute d'un ordre social. Ecrit par un auteur en état de prostration complète après le débarquement des Piémontais en Sicile, le roman suit en parallèle le destin d'une famille aristocratique, dominée par Le Guépard, Fabrizio, et d'une société soumise à des bouleversements qui vont changer le destin de tout un peuple. Mais peut-on vraiment dire que le Guépard est un roman de fin ? N'est-ce pas au contraire un roman du renouveau ? [...]
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