La Fontaine, "Fables", "Les Grenouilles qui demandent un Roi", III, 4 : commentaire
Télécharger
Lire un extrait
Lecture
Résumé
Sommaire
Extraits
sur 3
Résumé du document
En 1668, La Fontaine publie ses fables au dauphin alors âgé de 7 ans. Elles visent à donner sous une forme ludique et allégorique un enseignement moral. Certaines fables de La Fontaine abordent les problèmes entre le peuple et le gouvernement. Dans la 4ème fable du livre III, on revient sur le sujet pour déplorer la versatilité des peuples qui sont toujours mécontent du pouvoir et qui risquent en le changeant à trouver pire (...)
Sommaire
Introduction
I) La nature
A. Le cadre B. Les animaux
II) Fantaisie, psychologie et art du récit
A. Fantaisie B. Psychologie C. Art du récit
III) La morale
A. Une leçon pour les peuples B. Jupiter
Conclusion
Fable
Les grenouilles se lassant De l'état démocratique, Par leurs clameurs firent tant Que Jupin les soumit au pouvoir monarchique. Il leur tomba du ciel un roi tout pacifique : Ce roi fit toutefois un tel bruit en tombant, Que la gent marécageuse, Gent fort sotte et fort peureuse, S'allas cacher sous les eaux, Dans les joncs, dans les roseaux, Dans les trous du marécage, Sans oser de longtemps regarder au visage Celui qu'elles croyaient être un géant nouveau. Or c'était un soliveau, De qui la gravité fit peur à la première Qui, de 1e voir s'aventurant, Osa bien quitter sa tanière. Elle approcha, mais en tremblant ; Une autre la suivit, une autre en fit autant : Il en vint une fourmilière ; Et leur troupe à la fin se rendit familière Jusqu'à sauter sur l'épaule du roi. Le bon sire le souffre, et se tient toujours coi. Jupin en a bientôt la cervelle rompue : "Donnez-nous, dit ce peuple, un roi qui se remue." Le monarque des dieux leur envoie une grue, Qui les croque, qui les tue, Qui les gobe à son plaisir ; Et grenouilles de se plaindre, Et Jupin de leur dire : "Eh quoi ? votre désir A ses lois croit-il nous astreindre ? Vous avez dû premièrement Garder votre gouvernement ; Mais, ne l'ayant pas fait, il vous devait suffire Que votre premier roi fût débonnaire et doux : De celui-ci contentez-vous, De peur d'en rencontrer un pire."
Jean de La Fontaine, Fable IV, Livre III.
Introduction
I) La nature
A. Le cadre B. Les animaux
II) Fantaisie, psychologie et art du récit
A. Fantaisie B. Psychologie C. Art du récit
III) La morale
A. Une leçon pour les peuples B. Jupiter
Conclusion
Fable
Les grenouilles se lassant De l'état démocratique, Par leurs clameurs firent tant Que Jupin les soumit au pouvoir monarchique. Il leur tomba du ciel un roi tout pacifique : Ce roi fit toutefois un tel bruit en tombant, Que la gent marécageuse, Gent fort sotte et fort peureuse, S'allas cacher sous les eaux, Dans les joncs, dans les roseaux, Dans les trous du marécage, Sans oser de longtemps regarder au visage Celui qu'elles croyaient être un géant nouveau. Or c'était un soliveau, De qui la gravité fit peur à la première Qui, de 1e voir s'aventurant, Osa bien quitter sa tanière. Elle approcha, mais en tremblant ; Une autre la suivit, une autre en fit autant : Il en vint une fourmilière ; Et leur troupe à la fin se rendit familière Jusqu'à sauter sur l'épaule du roi. Le bon sire le souffre, et se tient toujours coi. Jupin en a bientôt la cervelle rompue : "Donnez-nous, dit ce peuple, un roi qui se remue." Le monarque des dieux leur envoie une grue, Qui les croque, qui les tue, Qui les gobe à son plaisir ; Et grenouilles de se plaindre, Et Jupin de leur dire : "Eh quoi ? votre désir A ses lois croit-il nous astreindre ? Vous avez dû premièrement Garder votre gouvernement ; Mais, ne l'ayant pas fait, il vous devait suffire Que votre premier roi fût débonnaire et doux : De celui-ci contentez-vous, De peur d'en rencontrer un pire."
Jean de La Fontaine, Fable IV, Livre III.
Accédez gratuitement au plan de ce document en vous connectant.
Extraits
[...] - Croassements ( représentation psychologique et politique puisqu'elles demandent un roi. - Le burlesque apparait en la personne du soliveau. - Jupin est caractérisé par l'expression familière cervelle rompue v.24 - Vocabulaire peu approprié qui rapproche les grenouilles des mammifères tanière v.17, fourmilière v.20). - Elles sont impressionnées par la grosseur du roi : elles ne se fient qu'aux apparences fort sotte v.7). Psychologie - Elles vivent en groupe et agissent de la même façon : gent troupe fourmilière peuple ( animaux organisés en nation. [...]
[...] - Fils de Saturne et de Rhéa, époux de Junon. - Armes : éclair et tonnerre. - Souvent utilisé pour montrer les défauts des créatures. - Ici, il souligne le rôle du peuple qui se donne un gouvernement par la force ou par l'évolution de l'histoire. Conclusion : - Charme de La Fontaine : observation de la nature, fantaisie, récit bien construit, variété des procédés de style et leçon valable pour tous. - Il veut réformer les défauts des hommes et ceux des peuples. [...]
[...] L'apologue imité d'Esope qui l'avait inventé pour calmer les Athéniens lassés d'un tyran, se distingue par une évocation particulièrement réussie de la nature par la fantaisie, la psychologie et l'art du récit. La morale révèle une conception du pouvoir assez conservatrice fréquente chez La Fontaine. Par quels éléments, le fabuliste va-t-il montrer les problèmes de la société ? La nature Le cadre - Présenté de façon suggestive des vers 9 à 11. - Cadre totalement empli d'eau. Les animaux - Personnages principaux : Les grenouilles désignées par gent marécageuse v.7. Ne sont pas décrits mais peints en action. [...]
[...] - Grenouilles = véritables moutons de panurge. Art du récit - Sottise des grenouilles orchestrée en trois épisodes : Démocratie : v.1 et 2. Monarchie modérée : v.3 à 25. Monarchie tyrannique : v.26 à 29. - Accélération du récit avec la cruauté de la grue. - 3 appels adressés au créateur : v et 29. - Mais il n'intervient qu'au v ( Effet de surprise. III/ La morale Une leçon pour les peuples - Insistance sur les dangers de la versatilité et sur le manque de réflexion en politique. [...]