Julien Green, un des écrivains contemporains les plus tourmentés, a toujours mis en avant son statut de "romancier catholique". Les thèmes existentiels et religieux touchent particulièrement l'auteur. Il affirme : "Tout ce qui ne se rapporte pas à Dieu d'une manière ou d'une autre m'ennuie à mourir".
Dès l'enfance, Julien Green découvre la séduction de la chair tout en étant violemment contré par son éducation protestante. A l'âge de 16 ans, suite à une vision de sa mère décédée deux ans plus tôt, il décide d'abjurer la religion protestante et il se convertit au catholicisme (...)
[...] ( ) Ce sont les plaisirs qui font perdre la foi. La volupté. Elle finit par faire taire la conscience. Oh ! je sais, on peut se figurer qu'on a encore la foi, on peut se persuader n'importe quoi, mais on n'a plus la vraie foi, la foi de Dieu, celle que Dieu vous a donnée En prononçant ces mots, Mr Knight expose le tourment que Wilfred n'osait pas s'avouer. Conversation avec Max (p.161) Max confie à Wilfred qu'il croit avoir perdu son salut. [...]
[...] Appliqué à Wilfred, le mot de mort n'avait aucun sens. Il vivait, il vivait ! ( ) Malgré ses paupières closes, il semblait nous observer de loin, comme d'une région de lumière Comme Knight le décrit à Angus dans la voiture qui les mène au cimetière, Wilfred semblait heureux et apaisé comme s'il avait trouvé une réponse à ses questions. En choisissant cette fin, Green nous montre une approche positive sur la question du salut de l'homme, en suggérant que le héros a été finalement sauvé. [...]
[...] C'est pour cette raison que le personnage greenien reste attaché à la pratique profonde et sincère de sa foi. Wilfred respecte scrupuleusement les dogmes de la religion : confession, prière, messe, Remarquons que Wilfred prénom d'origine germanique, signifie désir de paix En effet, durant tout le roman, le héros de Green apparaît comme un être angoissé, tiraillé entre deux tentations : celle du viveur qui ne peut se passer de femmes, et celle du croyant, chapelet en poche, qui s'abîme dans le remords Wilfred et Phoebé, un couple interdit Ne vous y trompez pas: ni les impudiques, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les infâmes, ni les voleurs, ni les cupides, ni les ravisseurs, n'hériteront le royaume de Dieu. [...]
[...] Pour Julien Green, la sexualité est toujours vécue dans l'angoisse, la fièvre et le remords. [Le péché de la chair: plus on en a eu, plus on le voudrait, cependant qu'on se sent malheureux, rassasié et insatiable en même temps. (Umberto Eco) Il est important de remarquer que Phoebé est différente de toutes les autres femmes que Wilfred a connues auparavant : elle représente l'amour et la tendresse, et non pas uniquement la débauche sexuelle. L'œuvre de Green tente d'être le miroir de l'âme humaine pour qui le dernier mot reste l'amour Extraits où le thème est abordé Dialogue avec le domestique noir dans la maison d'Horace (p.34-35)[1] Lors d'une discussion avec Wilfred, le domestique noir laisse entendre que l'oncle Horace a perdu son salut par la vie de débauche qu'il a menée. [...]
[...] Green affirme : Nous ne pouvons nous passer de la foi. Sans elle, rien n'a de sens Toute la religiosité de l'auteur transparaît à travers cette phrase. Green a choisi un vers de Victor Hugo pour résumer son roman : Chaque homme dans sa nuit s'en va vers sa lumière L'optimisme exprimé dans le second hémistiche de cette citation suppose que chaque homme serait finalement sauvé. Cependant, le roman entier laisse une grande place au mystère du salut de l'homme. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture