Une guerre d'un autre type : comment les hommes ont fait face aux guerres modernes, quelles ont été les conséquences politiques de leur réaction, tel est le sujet de ce livre. Les guerres modernes ont obligé, pour la 1ère fois, de nombreux individus à affronter une mort massive et organisée. L'histoire de ce face-à-face qui, à plusieurs reprises, a déchiré notre siècle, est cruciale si l'on veut comprendre les attitudes envers la vie au sens large (incluant la guerre ou les massacres cautionnés par les Etats) et ses effets sont déterminants : ils ont pénétré et déterminé de nombreux aspects de la vie publique et marqué une nouvelle étape dans l'histoire des nationalismes.
L'expérience et la transcendance de la guerre et de la mort ont-elles conduit à ce que l'on pourrait appeler la domestication de la guerre moderne, à son acceptation en tant qu'élément naturel de la vie politique et sociale ?
Le mythe de la guerre a-t-il provoqué un phénomène d'indifférence pour la vie individuelle qui se perpétuerait de nos jours sous la forme d'une violence de masse plus terrible encore ? (...)
[...] La peur de la mort n'était pas étrangère à cette évolution. La 2nde WW laissa en effet, dans les mémoires, de terribles visions apocalyptiques. Cette peur n'avait pas été absente de 1er après-guerre puisque l'enthousiasme des journées d'août 1914 ne s'était pas reproduit en 1939, mais le désir de transcender la mort avait persisté. Après 1945, les partis de droite et les associations d'anciens combattants n'étaient plus assez représentatifs pour redonner de la vigueur aux divers moyens de sublimer la mort. [...]
[...] Le mythe de la guerre a-t-il provoqué un phénomène d'indifférence pour la vie individuelle qui se perpétuerait de nos jours sous la forme d'une violence de masse plus terrible encore ? Première partie : Les fondations Chapitre I : Les engagés volontaires S'engager représentait pour beaucoup d'hommes un acte de désaveu vis- à-vis d'une société de plus en plus impersonnelle, complexe et contraignante. Certes, la simple envie d'aventures, voire de pillages, ne doit pas être négligée, ni les motifs plus matériels comme l'espoir du butin, mais le mythe de la guerre se construisit surtout sur l'aspiration à la camaraderie, à une vie pleine de sens et sur le désir d'une régénération individuelle et nationale. [...]
[...] Ainsi, le mémorial des victimes de la guerre du Viêt-nam n'est pas seulement un hommage rendu à ses morts ; arrachant à la défaite subie toute connotation victorieuse, il exprime, provisoirement peut-être, la mort même du mythe de la guerre. [...]
[...] Certains jeunes accueillirent avec enthousiasme la vitesse, la simultanéité de l'expérience spatiale et en tirèrent parti. Dans leur Manifeste de 1909, les futuristes italiens (un group d'artistes et d'écrivains) firent de la vitesse l'étalon de toute chose, le but et le principe de la vie, de la beauté. Le futurisme exaltait une virilité militante qui glorifiait l'agressivité et la guerre, qui préférait à "l'immobilisme de la pensée" la violence du mouvement parce qu'il révèle l'acuité et l'énergie des conflits humains. [...]
[...] Le désir de s'identifier à la nature quand elle est saccagée (cette idéalisation des arbres, au moment même où l'homme les massacre) a une longue histoire : pendant toute l'industrialisation de l'Europe, le respect de la nature a accompagné sa destruction. Le Mouvement de la jeunesse allemande recherchait des valeurs fortes pour l'individu et la nation en dehors de, et contre la société bourgeoise industrielle ; il voulait unir l'homme, la nature et la patrie sous le concept d' authenticité Les passages les plus lyriques sur la nature, écrits pendant la guerre, témoignent de cet esprit. [...]
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