De prime abord, "La grande Beune", œuvre la plus narrative de Michon, s'inscrit dans cette tradition aristotélicienne, quantitativement dominante de nos jours encore, dans cet art diégétique ou mimétique : la représentation. L'histoire est simple : le narrateur, jeune professeur de vingt ans nommé en 1961 à Castelnau, va rencontrer deux femmes, Hélène, l'aubergiste, et Yvonne, la buraliste. Yvonne "la callipyge" cristallisera immédiatement son désir. Le livre est l'histoire de ce désir.
[...] Castiglione Agnès, L'espace crypté dans La Grande Beune de Pierre Michon dans Pierre Masson (dir.), L'envers du décor : duplicité du paysage littéraire, Nantes, Éditions Pleins Feux (Horizons comparatistes) p.191-206. Michon Pierre, Le roi vient quand il veut, Propos sur la littérature, Paris, Albin Michel Richard Jean-Pierre, Chemins de Michon, Verdier, Paris p.21. Jorge Sumprun remarquait à propos de Rimbaud le fils, les mots habituels, nos mots de tous les jours juste un peu plus ajustés, moins paresseusement s'ordonnançaient dans ce texte de façon singulière : originale. [...]
[...] On voit sourdre ici, cette volonté que cultive Michon d'échapper à cette forme fatiguée le roman. Pour cela il concentre sa prose dans de petits opus, des blocs de prose comme il aime à les appeler. On constate que le trouble annoncé par la mort symbolique de Dieu à la fin du XIXe siècle[13], habite encore les écrivains un siècle après, malgré le passage du surréalisme, de la poésie moderne, des avant-gardes, du nouveau roman, de l'OuLiPo, etc. C'est que cette mort symbolique offre à l'auteur une souveraineté absolue, la déconstruction[14] du roman devient alors inéluctable, le début du XXe siècle verra la crise du genre.[15] Qu'est- ce que l'écriture ? [...]
[...] Le littérateur joue avec les mots, travaille la langue, sa mise en espace. C'est une écriture où le savoir, l'érudition, sont au service de la prose. Une littérature qui n'est pas à comprendre seulement, mais à écouter, à sentir. La littérature est ici une activité intransitive, le texte se suffit à lui-même. Comme le remarque l'anthropologue Philippe Descola : d'autres observateurs font de la curiosité distante un usage plus spectaculaire en la fécondant par des talents qui nous font défaut : mal à l'aise dans les grandes plaines de l'imaginaire, il nous faut bien passer par cette obéissance servile au réel dont sont affranchis les poètes et les romanciers. [...]
[...] Les réponses sont toutes floues, seule la littérature, elle-même, portée par des écrivains qui ouvrent sans cesse son procès, peut y répondre avec précision. Michon est de ceux-là. Bibliographie Nitsch Wolfram, Une écriture caverneuse. Médiologie et anthropologie dans La Grande Beune de Pierre Michon dans Ivan Farron et Karl Kürtös (dir.), Pierre Michon entre pinacothèque et bibliothèque. Actes de la journée d'études organisée à l'Université de Zurich le 31 janvier 2002, New York / Berne, Peter Lang (Variations, vol.4) p.141-157. Blanckeman Bruno, Pierre Michon : une poétique de l'incarnation dans Agnès Castiglione (dir.), Pierre Michon, l'écriture absolue. [...]
[...] La Grande Beune de Pierre Michon : littérature et anthropologie - brèves réflexions sur les notions de temps et d'espace Dès qu'une forme est vue, il faut qu'elle ressemble à quelque chose : l'humanité semble condamnée à l'Analogie, c'est-à-dire en fin de compte à la Nature. De prime abord, La Grande Beune[2], œuvre la plus narrative de Michon, s'inscrit dans cette tradition aristotélicienne, quantitativement dominante de nos jours encore, dans cet art diégétique ou mimétique : la représentation. L'histoire est simple; le narrateur, jeune professeur de vingt ans nommé en 1961 à Castelnau, va rencontrer deux femmes, Hélène, l'aubergiste, et Yvonne, la buraliste. [...]
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