La Grande Beune appartient à ces œuvres, qu'il est vain de vouloir résumer. Quelle est l'histoire du Bateau ivre de Rimbaud ? Un bateau abandonné de son équipage redescend un fleuve en Amérique. Quelle est l'histoire de La Grande Beune ? Dans les années soixante, un jeune instituteur (qui est ici le narrateur) se trouve envoyé pour sa première affectation à Castelnau, un village au fond de la Dordogne, où il tombe « amoureux » de la buraliste. Cet amour en restera au stade de l'inavoué, le narrateur ayant déjà une relation avec une étudiante de son âge. L'instituteur reste ainsi prostré au fil du récit, dans une attitude d'observateur de la région et de ses habitants.
[...] Par le travail que Pierre Michon apporte à son écriture il se l'approprie. Il traverse toutes les influences de Flaubert d'abord, de Proust ensuite et de Céline enfin, pour finalement écrire avec sa propre plume. L'éclosion de phrases courtes dans un rythme qui reste généralement lent et l'alternance entre vocabulaire recherché et vocabulaire appartenant au langage parlé, révèlent ces influences. III La double déchirure Déchirure littéraire d'abord, car Pierre Michon tente de se placer dans une modernité littéraire sans vouloir complètement renoncer à la duplicité romanesque. [...]
[...] C'est dans cette perspective que la dernière phrase de l'œuvre fait sens. Et enfin nous dormions tous, la Beune continuait De plus les descriptions sont comme déshumanisées, les êtres eux-mêmes sont décrits sans humanités. Dans un monde impersonnel, les sentiments s'effacent pour que l'absurde s'impose. La rencontre entre l'instituteur et la buraliste participe de ce mouvement de déshumanisation des êtres. Le mot amour n'apparaît pas, dans ce coup de foudre. De là à penser que Pierre Michon nous emmène à la rencontre d'une humanité figée dans une sauvagerie primitive, il n'y a qu'un pas, que l'on franchit aisément tant l'œuvre de Pierre Michon est bien menée et maîtrisée. [...]
[...] Quelle est l'histoire de La Grande Beune ? Dans les années soixante, un jeune instituteur (qui est ici le narrateur) se trouve envoyé pour sa première affectation à Castelnau, un village au fond de la Dordogne, où il tombe amoureux de la buraliste. Cet amour en restera au stade de l'inavoué, le narrateur ayant déjà une relation avec une étudiante de son âge. L'instituteur reste ainsi prostré au fil du récit, dans une attitude d'observateur de la région et de ses habitants. [...]
[...] Et c'est ici sans doute que Pierre Michon est au sommet de son art, car le monde qu'il peint est unique dans l'histoire des lettres. C'est un monde teinté d'antiquité, qui serait comme une époque moderne regrettant le monde ancien. Le choix de Castelnau et de la Dordogne prend tout son sens, puisque c'est la région des découvertes préhistoriques. Du fait de l'absence d'intrigue, le temps semble arrêté tout au long du roman. En fait c'est la Beune (le fleuve qui traverse Castelnau et qui donne son titre au roman) qui symbolise l'avancée du temps dans ce roman. L'univers reste inchangé bien qu'en mouvement. [...]
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