L'auteur divise son texte en cinq grandes parties, que nous regrouperons en deux axes thématiques afin de mener à bien cette fiche de lecture. Nous traiterons donc d'une part de la notion d' "ethnie" et de ses dérivés (cette partie comprendra les pages 29 à 35), puis nous analyserons dans une seconde partie l'ensemble des concepts autour du terme de "nation" (pages 36 à 39). Le plan suit le texte de façon linéaire, texte que nous expliquerons ainsi au fil des idées, notions et concepts développés par Jean-François Gossiaux (...)
[...] La dernière question que l'auteur se pose dans son texte est celle du rapport entre nationalité et nation, nationalité et nationalisme : Nationalisme : selon Gellner, il se crée lors du passage de la société agraire à la société industrielle, passage qui conduit à l'atomisation de la société en même temps qu'à l'émergence nécessaire d'une culture et d'un accès à une culture universels. Le nationalisme est donc la dynamique de transformation d'une société, et le phénomène de constitution d'une culture valorisée (la Haute-Culture commune, sur fond politique. Ethnonationalisme : nationalisme fondé sur l'identité ethnique, ou encore la nationalité. Attention toutefois car tout nationalisme n'est pas fondé sur un sentiment d'appartenance ethnique, et l'auteur donne comme exemple le cas de la partition de l'Amérique espagnole. [...]
[...] Critique : insuffisance du schéma de Gellner pour expliquer les nationalismes de la fin du XXe siècle. Individualisme : pour C. Mocnik, l'individualisme (c'est-à-dire l'affirmation de la valeur de l'individu) est structurellement lié au nationalisme, mais dans son sens démocratique, et non plus (comme pour Gellner) dans un sens capitaliste. En d'autres termes, il repose sur ce que Mocnik nomme l'atomisation des préférences et leur ré-agrégation constante c'est-àdire sur leurs variations perpétuelles Institution de type zéro : appellation de Lévi-Strauss afin de définir une nation fondée sur un système d'individualisme démocratique ; une telle institution n'a de signification que par ce qu'elle permet de créer, et joue ainsi comme un rôle de façade, symbolique. [...]
[...] Critique de Gossiaux : reproche de l'individualisme méthodologique de Barth, qui consiste à ne prêter attention dans le cadre d'une étude qu'aux marqueurs que les enquêtés eux-mêmes considèrent significatifs. Le relativisme qui en découle, et l'idée selon laquelle l'identité ethnique relève d'un choix, font l'impasse selon Gossiaux sur la force de l'ascription. La dimension symbolique de l'ethnie introduite par Barth conduit ainsi à un parallèle avec la parenté (puisque toutes deux s'avèrent un code culturel des relations sociales et à l'élaboration d'un modèle structural à partir de la linguistique qui correspond à l'idée selon laquelle l'ethnicité se définit d'abord comme relation : Relation d'ethnicité : relation d'altérité d'après laquelle un individu n'appartient logiquement qu'à un seul groupe, et qui se définit par l'interdit matrimonial Structure ethnique : entité simple reposant sur l'interdit matrimonial, c'est-à-dire sur l'ensemble de règles et d'interdictions qui définissent l'échange social lié au mariage, échange permettant l'avènement d'une descendance, ou en d'autres termes, permettant de [créer] du même - la filiation- à partir d'une relation d'altérité L'ethnicité s'inscrit ainsi dans le temps, puisque liée à la pérennité, et elle présente une grande souplesse dans l'implication et la structuration sociale, puisque chacun/chaque société peut l'invoquer de manière plus ou moins forte dans ses rapports sociaux. [...]
[...] Nation, nationalité, nationalisme Nationalité : projection sur le plan politique de la structure ethnique c'est-à-dire qu'une nationalité se constitue lorsqu'il y a volonté d'expression collective d'un groupe ethnique. Terme centrale en politique, il est apparu au XIXème siècle en parallèle avec l'individualisation de la société et le développement des pratiques de dénombrement qui en a découlé. Entropie sociale : dynamique de recomposition permanente de la société liée selon Gellner à l'industrialisme, qui vit apparaître l'administration de la société par l'Etat et entraîna le développement de la statistique sociale qui consiste à classer et dénombrer, et ainsi, à définir une population. [...]
[...] Il utilise tout au long du texte de nombreux exemples, principalement puisés dans les Balkans, afin d'illustrer ces propos et parvient ainsi à leur donner de la crédibilité scientifique. De fait, le texte de Jean-François Gossiaux m'est parfois apparu comme un inventaire des courants de pensée sur la question, mais il m'a permis d'entrevoir, avec peut-être plus de clarté, l'évolution des termes de nationalité et ethnie de leur apparition jusqu'à nos jours. Je pense par conséquent qu'il aide davantage à comprendre le sens et l'usage que ces mots et leurs dérivés revêtent aujourd'hui. [...]
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