Le livre s'ouvre en focalisation externe : on décrit un garçon blond, dont nous ne connaissons pas le nom, vraisemblablement éreinté par sa traversée de la jungle environnante. Un indice sur son identité : il est habillé comme un collégien et sa tenue n'est pas adaptée aux fortes chaleurs. Il est suivi par un garçon grassouillet, qui se prend dans les lianes. Leur dialogue nous éclaire sur la situation : ces garçons sont des rescapés du crash de leur avion et ils ne savent pas s'il y a d'autres survivants, question qui angoisse tout particulièrement le garçon grassouillet et asthmatique. Seul le blond, Ralph, semble faire preuve d'initiatives.
Des descriptions de l'environnement entrecoupent les actions des personnages et permettent de reproduire un espace tropical, verdâtre, composé de "poissons scintillants", d'un "plateau de granit rose", d'une "lagune" et ses "végétations tropicales" etc. Ralph se déshabille, visiblement heureux d'être sur cette île. Le gros garçon, encore attaché à ses habitudes d'avant, le supplie de ne pas l'affubler du même surnom qu'en classe, "Piggy". Les deux enfants aperçoivent une conque et Piggy s'empresse de conter une anecdote que Ralph n'écoute pas, bien décidé à la récupérer pour souffler dedans et, ainsi, appeler les autres survivants. Après quelques essais infructueux, le coquillage émet un son profond et un enfant de six ans, Johnny, ne tarde pas à les rejoindre. Comme si les enfants s'organisaient à nouveau, Piggy accueille les nouveaux arrivants et Ralph, trop heureux de sa responsabilité, continue de héler à travers la forêt (...)
[...] Comme le mâle dominant de la meute, Jack est fier d'avoir fourni la viande, qui lui confère un aval sur les autres enfants. Quittant leur rôle de chasseurs, les enfants reproduisent de manière théâtrale l'assaut du cochon. V . Monstre marin 106) Seul avec lui-même, Ralph réalise enfin qu'il n'aime pas cette vie isolée. Pour mieux accentuer sa tristesse, le narrateur décrit un paysage désertique et obscur. Ralph sait qu'il n'a pas l'étoffe d'un chef mais Piggy, avec son apparence ridicule, ne serait pas respecté. [...]
[...] Caché dans la végétation, à quelques mètres de la Forteresse, il aperçoit les sentinelles qui ont pris la relève : Erik et Sam. Ralph est définitivement seul mais grimpe tout de même la roche, pour parler aux jumeaux, avec pour seule arme le piquet sur lequel était plantée la tête de cochon. Les jumeaux lui apprennent que, le jour suivant, sera lancée une battue, pour le trouver. Par réponses détournées, ils semblent d'ailleurs dire que Ralph, maintenant assimilé au cochon que l'on chasse, risque d'être dévoré une fois attrapé Roger a aiguisé un bâton aux deux bouts p 269). [...]
[...] Eux-aussi prétendent ne pas avoir participé à la festivité, rendus mal à l'aise par son dénouement tragique. Le langage dans cette partie est intéressant car il est lancinant, sans pour autant revêtir le même sens psalmodique que les A mort la bête ! Qu'on l'égorge ! Qu'on la saigne ! Qu'on l'achève ! Les jumeaux, Piggy et Ralph, ont tous assisté à la danse meurtrière mais en répétant à voix haute qu'ils sont partis avant l'issue fatale parvient presque à les en convaincre. [...]
[...] Jack, cependant, est un chef de tribu passionné. Il aime se faire traiter avec tous les égards (comme un roi, presque) ; son courroux est terrible (les punitions sont visiblement arbitraires) ; il veut montrer qu'il est indispensable aux autres enfants (le festin organisé sur le plateau représentant pour lui une victoire, puisque Ralph est obligé de venir quémander de la nourriture) ; il ne décide pas de s'affranchir des règles, mais d'en créer de nouvelles, auxquelles doivent se soumettre les autres (l'offrande au monstre) ; le vol représente pour lui une lutte naturelle entre le dominant et la proie (il chaparde d'abord le feu, puis les lunettes). [...]
[...] Le narrateur insiste sur la communion de ceux qui forment la ronde, ne formant plus qu'une seule entité alors qu'ils dansent. La focalisation interne permet de montrer que la danse fait perdre toute attache au réel : Simon rentre, rampant, au milieu du cercle, pour annoncer qu'ils n'ont pas à craindre le monstre et pourtant, le narrateur fait de Simon ce même monstre : le monstre entra dans la ronde en chancelant p 215. Le cercle lui-même devient vivant : se referma comme une gueule grinçante et hurlante ; étreinte du cercle ; grappe humaine ; lave vivante ; se mit à frapper, à mordre, à déchirer Cette fin de chapitre se fait extrêmement saccadée, montrant ainsi l'excitation des enfants, qui leur fait perdre tout discernement. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture