"La Gloire de mon père", Marcel Pagnol (1957) - l'instituteur sous la IIIe République

Résumé du document

Marcel Pagnol décrit le genre d'enseignement délivré par les écoles primaires du temps de son père. Laïque et faisant la guerre à l'Alcool, le programme d'étude ambitionnait de faire des fils du peuple des instructeurs du peuple. Il retrace ensuite le parcours périlleux d'un maître d'autrefois et met l'accent sur la foi totale que l'instituteur avait dans sa mission et l'esprit d'abnégation dont il témoignait.

Le père de l'auteur a fait ses études à l'école normale d'Aix-en-Provence et en est sorti instituteur public. A cette époque, les programmes de ces écoles prônaient la laïcité et visaient essentiellement la formation d'un instituteur du peuple. Ayant été élevé par un père instituteur, l'auteur qui a « connu beaucoup de ces maîtres d'autrefois » rapporte leur parcours et souligne la foi totale qu'ils avaient dans leur métier.

Extraits

[...] Le programme de ces écoles ne se bornait pas seulement à fustiger l'Église, il s'en prenait aussi à la royauté. Les rois étaient de ce fait traités de tyrans libidineux [qui] ne s'occupaient que de leurs concubines quand ils ne jouaient pas au bilboquet La critique de leur actualité Les programmes des écoles normales s'intéressaient aussi aux grands problèmes de leur temps, l'alcool en l'occurrence. La période de l'étude de Joseph Pagnol a coïncidé avec la parution de l'Assommoir. Le renvoi à cette référence montre l'influence des courants naturalistes sur la vie sociale de l'époque. [...]

[...] Une promotion sociale Les écoles normales visaient la formation d'instituteurs du peuple. C'est ce que les instituteurs pouvaient comprendre à merveille, car ils étaient presque tous fils de paysans ou d'ouvriers Cette origine modeste des recrutés les incitait à dévorer la science comme une nourriture précieuse dont leurs aïeux avaient été privés. Habitués au travail acharné, leur programme d'étude bien qu'assez chargé leur paraissait plus supportable que le travail abattu par leur parent. Parce qu'ils détenaient le savoir, les jeunes normaliens étaient parfois sollicités par leur entourage, alors ils répondaient, les anciens écoutaient, gravement, en hochant la tête Le parcours d'un instituteur carriériste Leur brevet supérieur en poche, les normaliens étaient affectés aux quatre coins du département pour inculquer le savoir qu'ils ont reçu. [...]

[...] Avec une abnégation totale, ils méprisaient l'argent et le luxe III- Une stratégie de mise à distance Le profil des Normaliens ne semble pas être sans défaut. L'auteur ne le présente pas comme modèle et semble même le mettre à distance pour mieux le juger. Le détournement du modèle Au nom des valeurs laïques, les Normaliens renient l'Église et la critiquent. Or, ils vivaient eux-mêmes comme des saints, et leur morale était aussi inflexible que celle des premiers puritains Ils substituent la hiérarchie administrative à la hiérarchie ecclésiastique. Cette parodie crée un effet comique : M. l'Inspecteur d'Académie était leur évêque, M. [...]

[...] Se référant à l'exemple le plus sanglant de l'histoire de la papauté, l'auteur l'érige facticement en modèle : la Papauté était dignement représentée par les Deux Borgia L'histoire des deux Borgia n'ayant rien de digne, le lecteur ne peut comprendre que le contraire. Le même procédé est utilisé pour parler des révolutionnaires : ces anges laïques Les anges en question ont perpétré vingt mille assassinats suivis de vol s'étaient entre-guillotinés eux-mêmes Conclusion Conçus comme étant un dépassement des valeurs ecclésiastiques, les programmes laïques ne sont pas irréprochables. Ils représentent eux-mêmes quelques défaillances qui permettent à l'auteur de souligner leurs limites. [...]

[...] "La Gloire de mon père", Marcel Pagnol (1957) - l'instituteur sous la IIIe République Intrigue : Pagnol décrit le genre d'enseignement délivré par les écoles primaires du temps de son père. Laïque et faisant la guerre à l'Alcool, le programme d'étude ambitionnait de faire des fils du peuple des instructeurs du peuple. Il retrace ensuite le parcours périlleux d'un maître d'autrefois et met l'accent sur la foi totale que l'instituteur avait dans sa mission et l'esprit d'abnégation dont il témoignait. [...]