Gilles est écrit en parallèle de la montée en puissance de la pensée politique de Drieu. On serait même tenté de dire pendant le moment clé du destin de l'auteur : lors de sa conversion aux idées facistes-socialistes et, de son adhésion au PPF . D'ailleurs en fin de roman l'affirmation de la primauté du fascisme sur la démocratie est claire . Cependant, on ne peut résumer cette oeuvre à un roman historico-politique. En réalité c'est peut-être l'oeuvre la plus complexe et ambivalente du jeune écrivain, sans doute aussi la plus sincère car Gilles est très proche de Drieu. De plus, on ne peut nier les qualités littéraires qui se dégagent de l'écriture de Drieu (...)
[...] Ce roman a été écrit par Drieu pour accéder à la notoriété de grand écrivain, un peu à l'image de Céline et son voyage au bout de la nuit publié en 1932. C'est pour cela que Drieu quitte la nouvelle pour le roman. Seule l'importance du roman est apte à véritablement lancer sa carrière d'écrivain. C'est également un roman d'éducation dans le sens ou Gilles, qui se confond avec Drieu, chemine d'expériences en expériences et se forme au contact de la vie. [...]
[...] On comprend mieux que dans de tels esprits tourmentés le fascisme, l'antisémitisme se soit facilement glissé. Cependant, peut-on dire que Drieu est atteint son objectif ? L'ouvrage est-il à la mesure de l'espoir de reconnaissance de l'écrivain ? Le fait même de faire des fiches de lectures sur celui-ci montre bien qu'une part du pari a été gagnée. Malheureusement, à titre personnel, je trouve que la plume s'est engourdie dans la politique et le bas-fond de certaines perversités. J'aurais aimé voir pareil écrivain dans une période rayonnante et légère. [...]
[...] En réalité ce n'est que pour expliquer, justifier l'engagement final contenu dans l'épilogue : engagement pour le fascisme. Le fascisme qui évite enfin à Gilles (et Drieu) ces errances perpétuelles et adultères. Concrètement, le roman est découpé en trois parties et un épilogue. Durant les deux premières Gilles ère. D'abord à Paris, loin des combats, en permission, bientôt prolongé par une blessure et un mariage d'intérêt avec Myriam puis sur un coup de tête près du front aux bras de la belle Alice. [...]
[...] A priori le cadre semble calme et confortable. Pourtant sa vie n'est pas aussi simple et facile que ne le laisse penser sa situation. Elle souffre silencieusement du désamour de son père qui ne la considère que comme simple chaire de sa mère qu'il n'a par ailleurs jamais vraiment aimée. Son père rumine sans cesse la mort de ses deux fils au combat et oublie sa fille. Ainsi au fils des pages, on s'aperçoit de la grande solitude qui entoure Myriam. [...]
[...] Ainsi, à partir de cette époque Drieu fait le choix de l'antisémitisme et de l'anti- républicanisme. C'est donc d'une manière logique qu'il approuvera la collaboration du gouvernement de Vichy avec l'Allemagne Nazi pendant l'Occupation. En 1943 il s'éloigne enfin quelque peu de ces illusions fascistes en se concentrant sur l'étude des religions orientales. A la libération cependant, malgré ce revirement tardif, le poids de son passé collaborationniste le pousse à l'exil. Drieu refuse cette condition, tout comme les cachettes proposées par ces amis, comme Malraux, et se donne finalement la mort le 15 mars 1945. [...]
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