Gérard de Nerval, poète français de la première moitié du XIXe siècle, était un écrivain français d'inspiration romantique dont l'œuvre « surnaturaliste » est une exploration poétique des frontières incertaines du rêve et du réel. En 1828, il s'illustra par une traduction du Faust de Goethe qui lui valut les félicitations de l'auteur lui-même. Mais Gérard de Nerval est aussi connu pour ses nombreux poèmes. S'exprimant à propos de ceux-ci, il déclara : « mes sonnets perdraient de leur charme à être expliqués. »
[...] Car un enfant aime ce qui est mystérieux, cela l'attire, et donne tout son charme à l'œuvre à ses yeux. En effet, le charme d'un poème peut être de différentes natures, selon son lecteur. Expliquer un poème, c'est aussi risquer de le surinterpréter. On peut, en recherchant trop de sens, en perdre, passer à côté de l'émotion qui s'en dégage naturellement. Rimbaud, à propos de ses poèmes, a dit un jour : j'ai voulu dire ce que ça dit, littéralement et dans tous les sens. [...]
[...] En effet quand un poème ne demande pas ce travail d'explication, s'il s'éclaire dès la première lecture, alors il risque de paraître vide, et sans charme. Mais ce cheminement ne relève pas seulement de l'explication. L'interprétation y joue un rôle majeur, et on peut même se demander si elle n'est pas plus importante que l'explication elle-même. Expliquer un poème peut s'avérer risqué, voire dangereux, car c'est lui imposer un sens, avec la possibilité de le dénaturer et d'en perdre la nature première, son essence. [...]
[...] En somme, lorsque Gérard de Nerval dit que [ses] sonnets perdraient de leur charme à être expliqués il affirme que l'explication peut dénaturer un texte et peut aussi, en quelque sorte, laisser s'échapper la magie de l'art poétique. Mais comme nous l'avons démontré précédemment, cela n'exclut en rien l'interprétation, que l'on pourrait qualifier d'essentielle et qui, elle, redonne tout son charme au texte en créant un lien fort avec le lecteur. Il semble en effet difficile de lire un poème sans l'interpréter, car c'est de cette manière que le poème vit. [...]
[...] Une interprétation est libre et n'engage pas l'auteur du poème, tandis qu'une explication veut mettre en avant les intentions de cet auteur. Car l'explication désire retrouver le sens que l'auteur aurait donné au poème, tandis que l'interprétation crée son propre sens. Léo Ferré, auteur, compositeur et interprète français souvent qualifié de poète de par ses textes, a écrit que rien n'existe en poésie que ce qu'on veut bien y apporter C'est l'interprétation du lecteur qui fait vivre le poème. Il se nourrit en quelque sorte des nombreux sens qui lui sont donnés. [...]
[...] Celui que je leur donne ne s'ajuste qu'à moi, et n'est opposable à personne. C'est une erreur contraire à la nature de la poésie, et qui lui serait même mortelle, que de prétendre qu'à tout poème correspond un sens véritable, unique, et conforme ou identique à quelque pensée de l'auteur. La cohérence du poème naît donc de son interprétation, c'est le retour de la lecture sur elle- même. Cela permet au lecteur de saisir la réflexion interne du texte. La pluralité des possibilités d'interprétation, c'est aussi et surtout cela qui fait le charme de la poésie. [...]
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