Gérard GENETTE est né en 1930. En 1951, il intègre l'Ecole Normale Supérieure dans laquelle il poursuit ses études jusqu'en 1955 ; puis agrégé de lettres il commence à enseigner en hypokhâgne au Mans et devient assistant de littérature française à la Sorbonne. De 1967 à 1994, il travaille à Paris comme maître de conférences puis prend le poste de directeur à l'Ecole des Hautes Etudes. A partir de 1971, il intervient comme visiting profesor à l'Université de New York. En parallèle à cette carrière, il fonde la revue Poétique, aux éditions Seuils, centrée sur la diffusion de la pensée critique contemporaine.
Sa première publication, Figures, chez Seuil en 1966 est la première pierre d'un édifice, qui vient donner sens à un paysage de notions pas toujours évidentes à cerner et surtout à discerner. Ce sont les notions appartenant aux domaines de la narration, l'étude des genres, les questions d'esthétique générale qui bénéficient de cette clarification.
Figures II est publié en 1969 et la recherche s'oriente vers l'étude de vastes problématiques : la critique, la rhétorique, l'espace, les frontières du récit, la vraisemblance, et l'exploration « prélittéraire des ressources et des contraintes propres à la langue ».
[...] Définissons tout d'abord la vraisemblance, elle est en effet différente de la vérité, ce qui est vraisemblable n'est donc pas toujours ce qui est : La vérité ne fait les choses que comme elles sont, et la vraisemblance les fait comme elles doivent être La vraisemblance est donc liée à la bienséance, ou ce qui doit être, ce qui est conforme à l'opinion du public. L'opinion publique est elle-même composée de maximes donnant les règles de conduite à suivre, une œuvre littéraire est donc soumise à ces règles pour définir sa valeur, règles variant selon l'époque, le pays, etc. Une pièce respectant les règles, les mœurs, serait donc meilleure qu'une autre ne le faisant pas. L'originalité, ou l'extravagance d'une action n'est donc pas concevable dans une bonne œuvre. [...]
[...] D'un récit baroque Exemple de Moyse sauvé de Saint-Amant repris d'un court passage de la Bible. Il existe trois façons d'étendre un roman : l'amplification par développement, par insertion et par intervention. L'amplification par développement : peut se faire par l'ajout de détails, ou de descriptions particulièrement précises (point fort de Saint-Amant). L'apparition de dangers, incidents inventés par le poète à pour but de créer une tension dramatique, permettant de dynamiser le récit, à l'origine dépourvu de tout suspense. De plus, le développement des personnages et leur caractérisation permettent de motiver leur apparition. [...]
[...] La métalepse (métonymie étendue à plusieurs mots) est également très utilisée comme figure d'intervention dans le récit. Ces différents modes d'amplifications montrent donc qu'il est possible de faire d'un passage court, un autre texte, plus riche et très détaillé. Ces nombreuses caractéristiques de l'ajout et de l'amplification peuvent être qualifiées de baroques étant un carrefour, une étoile, et une place publique ( ) son propre est de n'avoir rien en propre et de pousser à leur extrême les caractères qui sont de tous les lieux et de tous les temps Ce chapitre s'appuyant majoritairement sur un seul exemple permet de comprendre et d'acquérir certains outils d'analyse de la réécriture, nous expliquant la différence des trois sortes d'amplifications. [...]
[...] Or, afin de pouvoir créer l'enchaînement des actions dans un récit, certains actes sont nécessaires (aveu de Mme de Clèves), et l'auteur les justifie avec une maxime. La maxime a alors ici une fonction de justification, et un acte invraisemblable est alors à l'origine de l'intrigue. L'analyse de G Genette est particulièrement intéressante car elle permet d'analyser différemment les passages clés d'une œuvre, se posant ainsi la question de la motivation de l'action le récit, joue-t-elle un rôle primordial dans le récit le récit est-il justifié et selon quel système de valeur en vigueur ? Et le récit est-il vraisemblable ou extravagant et pourquoi ? [...]
[...] Ainsi, l'amplification par développement n'est pas une addition inerte et sans fonction structurale. Ici, tout au contraire, c'est (elle) qui apporte au récit la structuration qui lui manquait L'amplification par insertion : consiste en l'ajout d'un ou plusieurs récits seconds à l'intérieur du récit premier. Il peut être homodiégétique (concerne les mêmes personnages) ou hétérodiégétique (des personnages différents). Ces récits dans le récit sont considérés comme métadiégétique (car les personnages sont soumis au récit comme le lecteur). Les insertions constituent l'amplification la plus massive du récit et peuvent avoir des fonctions différentes. [...]
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