JULIA SANVOISIN
Grande brune aux yeux violets, Parisienne pleine d'allant, antiquaire et deux fois divorcée. Sanvoisin est le nom de son second mari. Elle tient un stand au Village Suisse. Elle trimballe toujours sur elle des liasses et des liasses de billets de 500. Elle est la maîtresse de Francis Hémon mais celui-ci cherche un moyen de mettre fin à leur liaison. (...)
[...] Il se forme comme une file d'attente. Ils l'étreignent à tour de rôle. Il est le plus grand. Ils l'aiment. Ils célèbrent son retour. Madame aussi a sa cour. Hémon constate qu'elle aussi est une habituée. Elle commande des huîtres et des oursins. C'est elle qui invite. Hémon boit de l'eau de Vichy et elle du Sancerre. Hémon demande qu'on les laisse. Colette lui demande alors comment va sa mère et s'il a pris de ses nouvelles. Pas encore est sa réponse. [...]
[...] Hémon : Prédicant attendait Stern à Roissy. Des violettes à la main, l'homme fort de la cardiologie française attendait dans un de ces amples imperméables verts à épaulettes que tant de films de guerre US ont fait rimer avec bravoure, intrépidité, virilité. Mais sur lui, pauvre bonhomme, c'était raté. ( ) Les deux autres avec des violettes aussi. Circonstance aggravante, jeunes. Plus jeunes qu'Hémon, cinq ou six ans de moins. Et pire : déjà célèbres. Soulagé tout revigoré, remis à flot, remis à neuf : guéri Hémon donna aussitôt une grande fête au Pré Catelan avec toute la presse, les radios, les télévisions, et que de fois au cours de cette soirée ne vint-il pas glisser à l'oreille de Stern, dans un style peut-être un peu plat, mais le regard en disait long, des moralités telles que : A nous deux maintenant ! [...]
[...] Ses voisins l'accusaient de se prétendre chef à la mairie alors qu'il était tout en bas de l'échelle, moins payé qu'un éboueur. Le neveu de Colette Stern lui demande ce qu'elle lit qui la passionne à ce point. Isherwood. Tu connais ? Pas du tout. Ils regardent un moment venter sur les Parcs. Faute de gens, arrivent deux chiens. Ils se croisent sans un bonjour. Hémon se plaint d'avoir vécu d'aussi piètres premières années et se félicite de s'en être sorti tout seul. Il est riche et célèbre. [...]
[...] LA MORT D'UNE MÈRE La mère de Francis Hémon a le même âge que Colette Stern. Elle est mourante. Hémon adore sa mère et fait tout pour atténuer ses souffrances et ensoleiller ses derniers jours. Il l'a installée dans un mouroir de luxe où elle jouit d'une grande chambre bien éclairée donnant sur un jardin. Il lui rend visite régulièrement et lui téléphone tous les deux jours. La mort survient et Hémon est submergé par la douleur. Il laisse les souvenirs remonter et revoit sa mère jeune et belle. [...]
[...] Colette Stern n'a rien contre. Il promet de se freiner. XIV Hémon se fait précéder par énormément de roses, quitte à passer pour bien bourgeois. Au cinquième, une Portugaise lui ouvre. L'entrée confirme cossu quoique sans le côté raide. Et voilà la maîtresse des lieux, tout en noir. Tous ses invités ne sont pas partis. Il lui en reste un. Il la redécouvre plus jeune que dans son récent souvenir. Elle a de longues jambes et une voix avec un beau timbre, ample et souple. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture