Le 10éme chapitre qui nous intéresse se situe dans le deuxième acte du roman dans lequel le lecteur suite à la mort de Mathilde, assiste au déclin de Félicité, repoussée par son fils et vaincue par le fantôme de sa belle fille. La revanche posthume de Mathilde prépare la lente agonie de Félicité, qui accablée, essayera de reconquérir l'amour perdu de son fils. Il convient de faire un bref rappel des éléments qui ponctuent les chapitres précédents.
Dans le 7ème chapitre Fernand se détache de plus en plus de sa mère, qui semble alors décontenancée ; dans le huitième, Félicité le surprend, l'épie en train de dormir dans la chambre mortuaire et ressent la tristesse de son fils. Enfin, dans le 9ème c'est le point de vue de Fernand qui est proposé lorsqu'il se trouve dans la chambre de sa défunte épouse. Le couple mère/fils se disloque et ce chapitre nous propose la mort de ce couple dans une explication assez violente qui sera étudiée tout à l'heure dans la deuxième partie du chapitre. Notre passage se situe avant la dispute et les explications, il faut dès lors s'interroger sur la manière dont il met en place ce moment clef du roman.
[...] Le narrateur rapporte au discours direct des promesses au futur qui contrebalancent l'ancien comportement de Félicité et qui de cette manière casse l'image que le lecteur a eu d'elle depuis le début du roman, elle semble accablée, elle se fait soumise et elle est prête à toutes les humiliations pour reconquérir son fils. Mais, ces promesses annoncent aussi l'inéluctabilité de la séparation. La mère tyrannique, égoïste, criminelle paraît atteindre le renoncement et elle semble se soumettre aux comportements d'une mère nourricière qui recherche la communication, l'échange avec son enfant, comme nous allons l'étudier dans un deuxième temps. [...]
[...] Le changement de Félicité s'annonce avec l'expression pour la première fois Le narrateur emploie la technique behavioriste qui consiste à ne peindre que les comportements. Il met en parallèle l'attitude possessive, tyrannique de Félicité avec le comportement des mères en général celui qu'elle découvre et qu'elle tente d'adopter. Il y a superposition des comportements de Félicité et de sa façon d'envisager Fernand avant sa défaite contre Mathilde et celle du moment de l'énonciation avec la prise de conscience d'un amour maternel moins exclusif et moins égoïste grâce à la négation je cite ne songea pas à lui comme à son bien qu'une autre a ravi et qu'il faut reconquérir avec violence Désormais, Félicité n'envisage plus son fils comme une propriété dont elle dispose et pour laquelle elle doit sans cesse se battre. [...]
[...] donne l'idée d'une révélation. Ensuite, le système hypothétique si le pouvoir lui en avait été donnée, du rivage des morts elle eût rappelé Mathilde. avec la métaphore du rivage des morts affirme la profonde transformation qui s'opère en elle dans l'espoir de retrouver une unité, le couple qu'elle formait avec Fernand. Elle est prête à ressusciter sa plus grande ennemie pour que son fils retrouve sa joie de vivre; cependant elle pourrait le vouloir également pour le ramener à elle. [...]
[...] Puis, le narrateur emploie un présent gnomique afin de rappeler l'attitude des mères en général, la conduite qu'elles doivent normalement adopter envers leurs enfants c'est-à-dire le véritable amour maternel je cite qui n'exige rien en échange de ce qu'il donne Le lecteur voyage et connaît la pensée intérieure de Félicité grâce à l'entrée dans sa conscience avec la périphrase dans cette vieille femme muette Cette périphrase la désigne comme affaiblit confirmé par l'expression et se forçant à manger elle a perdu l'appétit, mais de surcroît elle a perdu son pouvoir qui résidait dans la parole car elle est muette Elle se révèle être elle aussi en deuil mais en deuil de son fils. Le lecteur peut aussi ressentir la violence de ses sentiments je cite se déchaînait une émeute» Sa défaite est confirmée, elle accepte d'être destituée de Fernand, de la domination qu'elle exerçait sur lui et qui la transcendait, je cite où la passion vaincue consentait enfin à l'abandon de ses privilèges sacrés Elle s'inquiète sérieusement pour son fils, elle veut faire passer le bonheur de Fernand avant le sien, elle est moins égoïste. L'exclamation qu'il soit heureux d'abord ! [...]
[...] Elle ne fait que soupçonner cet autre amour maternel. En effet, le personnage reste ambigu et le texte fait sentir ses excès et la folie d'amour qui l'anime. Ce début de chapitre, est important dans l'économie du roman parce qu'il prépare la dispute et la séparation mélodramatique du couple mère/fils. [...]
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